Nancy. Rebecca Manzoni : « J’ai beau vivre à Paris, je resterai à jamais une provinciale »

Sep 6, 2025 | Paris

La «voix» de l’émission radio Le Masque et la Plume, c’est elle désormais depuis janvier 2024 : la Lorraine Rebecca Manzoni, née à Villerupt, enregistre pour la première fois son émission à Nancy lors du Livre sur la place. Une rencontre avec le public de lecteurs et un retour aux sources lorraines, pour celle qui fut «the voice» d’Eclectik, Pop & co, Tubes & Co et maintenant Totemic, chaque vendredi, en plus du Masque et la Plume.


Propos recueillis par Pascal Salciarini –

Hier à 20:00
| mis à jour aujourd’hui à 06:33
– Temps de lecture :



Lire dans l’application


 | 


Rebecca Manzoni, productrice du Masque et la Plume sur France Inter, est à Nancy pour l’enregistrement de l’émission.  Photo Christophe Abramowitz
Rebecca Manzoni, productrice du Masque et la Plume sur France Inter, est à Nancy pour l’enregistrement de l’émission. Photo Christophe Abramowitz


A lire aussi

Le Masque et la Plume de Rebecca

Vous êtes née à Villerupt, avec vos parents vous avez habité Longwy quand vous étiez enfant. Qu’est-ce signifie pour vous ce retour en Lorraine, à Nancy ?

Rebecca Manzoni, productrice radio : « C’est une joie. Je ne suis pas venue à Nancy depuis presque quarante ans peut-être. On n’y allait pas souvent quand j’étais gamine, seulement pour de grandes occasions. Y présenter Le Masque et la Plume, c’est important pour moi, important aussi pour France Inter et son rapport à ce salon littéraire si pertinent et rassembleur. Mais cela compte aussi pour tout ce qui me lie à la Lorraine, à mes racines. Les chroniqueurs m’ont parlé de l’écrin incroyable qu’est l’Opéra national de Lorraine et j’ai hâte. Pour tout dire, je pense qu’il y a du sens à ce que le service public, avec une émission unique en son genre, par son objet – le cinéma, le théâtre, la littérature – soit présent à Nancy, au cœur d’une manifestation culturelle nationale gratuite, ouverte à tous. Et j’ai un peu pesé auprès de la direction de la station et des partenaires, pour le retour à Nancy.»

Et la Lorraine, le Pays-Haut meurthe-et-mosellan ?

«Qu’on soit clair, je vis à Paris depuis longtemps, mais je reste une provinciale. Mes racines sont en Lorraine, je reste une petite-fille d’immigré italien, une fille de l’Est qui a fait allemand première langue. À Villerupt, nous avions des amis qui habitaient une petite maison dans un quartier où elles étaient toutes semblables, avec un petit jardin derrière. J’étais très jeune. Cette histoire familiale issue de la culture ouvrière a façonné notre sensibilité à certains sujets et à une certaine idée du service public, au droit à la culture de qualité pour tous.»

Comment travaillez-vous pour Le Masque et la Plume depuis que vous avez repris l’émission après Jérôme Garcin ?

«Je travaille avec Ilinca Negulesco, chargée de programme. Elle assure la documentation et les sons de Totemic et coprogramme avec moi Le Masque et la Plume. On partage nos coups de cœur, y compris en matière de spectacle. Pour chaque programme, nous nous imposons un livre de littérature étrangère et un livre de primo romancier, ou de jeune auteur ou écrivaine. Le Masque, c’est 10 romans par mois, 12 films, cela a des conséquences sur la vie de famille.»

Comment parvenez-vous à mener depuis un peu plus d’un an et avec succès, Le Masque et la Plume et le reportage sur le terrain avec Totemic, une échappée hors studio avec un ou une artiste ?

«Ce n’est pas évident mais tellement riche aussi et complémentaire. On ne dit pas la même chose, c’est une autre ambiance, un autre ton. Moi qui viens de la musique, je ne m’attendais pas à ce qu’on me propose de succéder à Jérôme Garcin. Depuis, nous avons gagné des auditeurs, et j’ai été très bien accueillie par le public et la tribune critique, qui a été renouvelée. Le Masque et la Plume-émission du soir, rediffusée le dimanche matin, a vu sa sa temporalité évoluer. Nous sommes à 1,7 millions d’auditeurs par mois, plus un million de téléchargements mensuels. Cette liberté critique, cette érudition, ce sens du débat, ce sont des arguments forts pour lutter contre l’algorithme culturel. L’idée est de proposer une programmation, de nourrir l’esprit critique, il y a presque un enjeu politique, sociétal.»

Et la musique dans tout cela, est-ce qu’elle a toujours autant de place dans votre vie ? Qu’écoutez-vous en ce moment ?

«J’écoute More , le nouvel album de Pulp, le retour de la “ brit pop ” quarante ans après les débuts avec Jarvis Cocker, mais aussi le dernier album, Essex Honey, de Blood Orange, le rap anglais de Little Simz qui sera au Zénith à Paris le 30 septembre. J’aime beaucoup aussi l’Américaine Sharon Van Etten ou la jeune Britannique Lola Young.»

Et y-a-t-il un livre sur votre table de chevet, qui doit crouler sous les romans et essais ?

« Il y en a tellement… Je suis en ce moment dans Au grand jamais de Yacouta Alikavazovic, paru chez Gallimard, qui avait eu le prix du Livre Inter en 2017. Un livre foisonnant et intime en même temps. Un vrai coup de cœur.»

Le Masque et la Plume, par Rebecca Manzoni à l’Opéra national de Lorraine, vendredi 12 septembre de 20 h 30 à 21 h 30 place Stanislas, entrée sur réservation, billetterie gratuite en ligne et à l’Opéra depuis le 2 septembre, 13 h. Maximum deux billets par personne.

Soixante-dix ans de spectacles, de littérature et de cinéma à la radio

On est en 1955. À cette époque, les auditeurs ont le choix entre du sport sur RTL, Europe N° 1, Monte-Carlo. Et sur la Radio télévision française (RTF) : une pièce enregistrée sur le Programme national, du sport sur le Poste parisien et un concert de musique de chambre sur Paris Inter. Il existe aussi, sous l’autorité de l’État, une flopée de postes locaux. Paris IV, qui n‘émet guère au-delà de ce qui n’est pas encore le périphérique, est un de ceux-là. Quelques heures par semaine et le dimanche après-midi, Paris IV accueille le programme du Club d’Essai, le « Laboratoire » de la RTF. Or ce dimanche 13 novembre 1955, le Club d’Essai a justement un nouveau-né à présenter : Le Masque et la Plume, « magazine public des lettres et du théâtre » produit et animé par Michel Polac et François-Régis Bastide.

Le Masque en quelques dates :

1947: Michel Polac, alors âgé de 17 ans, pousse la porte du Club d’Essai. « J‘étais encore lycéen à Janson-de-Sailly», raconte Michel Polac. «J’animais, avec des camarades, un journal lycéen fait de bric et de broc, Entre Nous, que nous diffusions dans tous les lycées de Paris. »

1951: Michel Polac propose à Jean Tardieu, Entrée des auteurs, une émission dont la vocation est de repérer les nouveaux talents de la scène. L‘émission a lieu en studio, mais Michel Polac va la faire évoluer : « J’avais le sentiment qu’il fallait sortir du studio, faire une vraie émission culturelle en public. J’ai réussi à convaincre Tardieu. »

Janvier 1955: Jean Tardieu réunit Michel Polac et François-Régis Bastide : « Vous êtes complémentaires. Alors bricolez donc un truc ensemble. » L’initiative de Tardieu ne réjouit ni l’un ni l’autre. « Polac et moi, c‘était un peu le mariage de la carpe et du lapin », reconnaîtra Bastide bien des années plus tard. Mais l’affaire était lancée.

Articles les plus lusCulture – Loisirs


1


Territoire de Belfort.La ludothèque fermée, un millier de jeux de société à vendre à Meroux-Moval !



2


Meurthe-et-Moselle.Journées du patrimoine : une première pour la caserne de la CRS 39, implantée …



3


Haute-Saône.Rallye historique avec des personnages costumés : relevez le défi en équipe dans …