Questionner le dynamisme économique et commercial de Saint-Pée-sur-Nivelle amène à un état des lieux contrasté. D’un côté une économie du tourisme qui a fait la richesse du territoire à compter des années 1930 et qui, même si les modes changent, continue de bien prospérer. De l’autre une réalité économique et une vitalité commerciale bousculées par les changements de manières de consommer et par les redoutables concurrences des grandes stations littorales et de la voisine Dancharia.
Une certaine difficulté est unanimement constatée depuis de nombreuses années sur la vitalité du petit commerce au niveau du bourg. Une illustration d’actualité est trouvée juste en face de la mairie, avec un local autrefois occupé par un magasin de prêt-à-porter qui ne trouve pas de repreneur. Alors que les anciens se souviennent d’un temps béni où l’on y trouvait pas moins de trois épiceries, deux bouchers et deux boulangeries (dans les années 1980, NDLR), les habitants du centre bourg déplorent également l’absence de primeur.
Le pintxo pote, récemment relancé, a par ailleurs tendance à s’essouffler. Et le marché du samedi matin reste convivial mais il n’attire malheureusement pas les foules…

Émilie Drouinaud/ « SO »
Le boulanger Beñat Darrigues, anciennement à la tête d’une association de commerçants qui ne fonctionne pas, le déplore. L’artisan arrivé à Saint-Pée en 1977 évoque un gros essoufflement après la fermeture des tables d’Arrocena et Etchegarray, « des institutions qui marchaient du feu de dieu ». Celui qui a eu la belle idée il y a sept ans de lancer avec son ami poissonnier l’idée de la Fête de l’agneau, « justement pour dynamiser le bourg », dit-il, témoigne plus globalement d’une « difficulté à fédérer ».
« Je parle souvent de Saint-Pée la timide, ou la discrète, parce que je trouve que, par rapport à d’autres villages comme Espelette ou Sare, on n’a pas su avancer ensemble pour construire une vraie identité collective. Mais il y a quand même un peu de vie qui se recrée autour du marché le samedi matin et finalement une belle activité », relève-t-il.
On n’a pas su avancer ensemble pour construire une vraie identité collective
Camille Fourt et Mikel Guerendiain, à la tête respectivement d’Egiazki et Kinka, sur la zone d’activité Lizardia 2, ont tendance à regretter eux aussi le manque d’animations du bourg. Ils notent toutefois « une évolution globalement positive ». « Ça pourrait être plus dynamique, c’est sûr, mais il ne faut pas oublier qu’il y a vingt ans il n’y avait rien ou presque au bourg », observe le premier. Le second s’arrête sur la respiration qui a été offerte lors de la création de la déviation et du sens unique. « C’est beaucoup plus agréable qu’avant et cela donne d’autant plus envie de garder une vie dans ce cœur de village. C’est important », plaide Mikel Guerendiain.

Émilie Drouinaud/ « SO »
À l’image du dynamisme des nombreuses entreprises établies sur les zones d’activité régies par la Communauté d’agglomération Pays basque, désormais au complet, l’hypermarché fonctionne à plein régime et la gastronomie tient toujours une place importante sur ce très large territoire tourisitique. Un total de 15 restaurants sont recensés, dont la célèbre Auberge basque du chef étoilé Cédric Béchade, en place depuis dix-huit ans. Le cuisinier loue « un beau dynamisme ». « Mais il manque sans doute un petit quelque chose pour rayonner encore plus », observe-t-il à la manière de Beñat Darrigues
Bien qu’entrée en concurrence avec les locations des biens entre particuliers, l’hôtellerie n’est pas en reste. Le plein air se taille la part du lion, avec sept campings représentant plus de 1 600 équivalents lits. Sont également recensés 6 chambres d’hôtes (15 couchages) et six hôtels (445 lits). L’entière réhabilitation de l’hôtel Mendionde, rouvert tout récemment en catégorie 3 étoiles supérieures, fait notamment parler d’elle de manière positive. Tout comme l’ouverture à suivre d’un nouvel établissement haut de gamme juste derrière la Poste, par l’enfant du village Laura Bonnet.
Ici on est à la croisée de tout. C’était un inconvénient il y a vingt ans. C’est aujourd’hui un avantage
« La plus grande chance de Saint-Pée-sur-Nivelle c’est qu’elle est située au carrefour du Pays basque », reprend Mikel Guerendiain. « On ne dirait pas mais ici nous rayonnons d’Hasparren à Hendaye », témoigne le fils et petit-fils de commerçants du village. « Ici on est à la croisée de tout. C’était un inconvénient il y a vingt ans. C’est aujourd’hui un avantage », sert à sa manière l’étoilé Cédric Béchade.