C’est un bonus non négligeable pour l’économie locale. Lancé par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de l’Hérault, Cœur de ville en lumières a vu le jour en 2014 avec un objectif clair : booster l’activité dans le centre-ville et y ramener des chalands. Dix ans plus tard, le pari semble gagné. En 2024, plus de 430 000 visiteurs ont arpenté les rues de l’Écusson durant les trois soirées de projection, générant jusqu’à 30 % de hausse du chiffre d’affaires pour les bars, restaurants et commerces. “Dans un contexte où les centres-villes affrontent le e-commerce et la baisse du pouvoir d’achat, cet événement agit comme un véritable accélérateur d’attractivité locale”, se félicite André Deljarry, président de la CCI de l’Hérault.
Si l’émerveillement visuel reste au centre du dispositif (un parcours gratuit dans le centre-ville pour admirer desprojections vidéo-mapping sur des bâtiments emblématiques, entre 18 h 30 et 22 h 30 durant trois jours), Cœur de ville en lumières demeure avant tout un outil de revitalisation du centre-ville. Selon la CCI, 55 % des visiteurs profitent de leur venue pour consommer dans les commerces, et les hôtels affichent des taux de remplissage exceptionnels pour la saison. “Nous attirons près d’un demi-million de personnes dans la métropole grâce à cet événement. C’est un coup de projecteur unique pour nos restaurateurs et commerçants”, insiste André Deljarry, rappelant que “chaque édition lance aussi la saison des achats de Noël”. Les restaurateurs montpelliérains surfent même sur l’événement en créant des menus “Cœur de ville en lumières”, preuve, selon lui, que l’économie locale s’approprie désormais pleinement le festival.
“Culture et économie peuvent avancer main dans la main. Cœur de ville en lumières en est la preuve”, poursuit le maire-président de Montpellier, Michaël Delafosse. Désormais organisé par la Ville de Montpellier, l’événement mobilise un budget conséquent – 600 000 € – soutenu par une quinzaine de mécènes et partenaires. “C’est un investissement stratégique, estime M. Delafosse. Cœur de ville en lumières valorise notre patrimoine, dynamise le commerce, attire des milliers de visiteurs et met en avant la créativité montpelliéraine.” En effet, outre l’impact touristique et économique, l’événement constitue une vitrine des industries culturelles et créatives (ICC), un secteur qui compte aujourd’hui plus de 6 000 emplois sur le territoire, contre 3 000 il y a six ans.
Pour cette édition anniversaire, le fil conducteur est simple : “Montpellier”, déclinée selon ses multiples visages – la culturelle, la sportive, la verte, la ville à hauteur d’enfant, l’innovante et la mobile. Un choix qui semble loin d’être anodin : il reflète les grandes priorités du mandat municipal en cours. Ainsi, les 22 scénographies réparties sur 13 sites emblématiques (musée Fabre, Arc de Triomphe, église Saint-Roch, cathédrale Saint-Pierre, l’Opéra-Comédie, l’aqueduc des Arceaux, etc.) évoquent les thèmes chers à la politique menée par Michaël Delafosse.
Au premier plan, les mobilités douces et les transports avec Trajectoires sur la façade de l’Opéra-Comédie, retraçant l’histoire du tramway et des déplacements urbains, et La ville à hauteur d’enfant, notamment explorée dans Vers l’infini et l’Agora, Les Souvenirs de Charlie (Arc de Triomphe) ou encore Structure flottantes (places Notre-Dame-des-Tables et de la Canourgue), où l’imaginaire des plus jeunes guide le regard.
La nature et l’eau est aussi une thématique – au cœur de Mémoires d’O (Objectif 3D) et Howl – Harmonie des 4 temps (ACFA multimédia) – ainsi que le patrimoine et la modernité, avec Morph[Ose], où l’église Saint-Roch se métamorphose en différentes architectures emblématiques de la ville de Montpellier sous la houlette créative d’ID Scènes.
Cette édition 2025 réunit plus de 200 étudiants issus de 8 écoles montpelliéraines (Brassart, Objectif 3D, ARTFX, Esma, e-artsup, ACFA Multimédia, Studio M et Ynov Campus), épaulés par cinq collectifs artistiques professionnels. En parallèle, la “Gaming Zone” du Théâtre de l’Agora revient pour une deuxième année : un espace interactif où le public pourra tester des jeux vidéo grandeur nature projetés sur les façades, conçus par les étudiants eux-mêmes. “Cœur de ville en lumières, c’est aussi une école à ciel ouvert, une vitrine du savoir-faire local”, résume Valérie Chaillou, responsable des ICC à la Métropole. Et il reste, et c’est important de le souligner en ces temps de restrictions budgétaires, un événement populaire et 100% gratuit.