Si le Stade français s’est imposé grâce à une dernière pénalité de Louis Carbonel dans les arrêts de jeu, il le doit au travail colossal de ses avants en mêlée fermée.
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. L’adage est bien connu, le Stade français peut le certifier. La piteuse saison dernière, par-delà le chaos régnant au sein du staff technique, s’explique en partie par les blessures conjuguées lors de la première journée des trois piliers, parmi les plus performants du Top 14 : Paul Alo-Emile, Giorgi Melikidze et Sergo Abramishvili. Tous ont été absents de trop longues semaines pour que la mêlée, véritable socle du jeu parisien, réédite la saison précédente ayant conduit le club en demi-finale du Top 14.
Or, en ce début d’exercice, les deux premiers sont revenus au meilleur de leur forme, le dernier est toujours à l’infirmerie. Et la donne a changé. Avant la rencontre de samedi face au Stade rochelais, l’édifice stadiste avait déjà donné du fil à retordre à chacun de ses adversaires. Allez donc demander au Bordelais Jefferson Poirot et aux Catalans Kieran Brookes et Bruce Devaux ce qu’ils en pensent. Ces trois-là ont écopé d’un carton jaune pour fautes répétées en mêlée fermée. La raison ? Le pack parisien est redevenu une machine à broyer. Et c’est bien ce secteur de jeu qui a permis au Stade français d’engranger sa quatrième victoire en six journées. Même si les avants stadistes ont été sanctionnés à quatre reprises, ils ont récolté six pénalités en leur faveur, dont la dernière juste avant le gong et alors que La Rochelle venait tout juste de passer en tête au tableau d’affichage (23-24). « C’est vraiment grâce à eux que nous avons gagné », a commenté Louis Carbonel, auteur d’un sang froid à toute épreuve à l’instant de matérialiser la domination de ses avants en inscrivant la pénalité de la gagne (26-24). « À Paris, il y a une culture de la mêlée, a souligné Paul Alo-Emile. Le travail commence à payer. Et puis, c’est bien d’avoir des nouveaux joueurs comme Thierry (Païva, N.D.L.R.) qui s’imprègnent de cette culture. Je suis aussi très fier de voir un mec comme Giorgi Melikidze qui progresse très fort. On est sur le bon chemin. »
Melikidze, justement parlons-en. Blessé de long mois, puis en proie à des problèmes familiaux, l’international géorgien a réalisé une performance titanesque, mettant au supplice l’international français Reda Wardi. À date, la mêlée parisienne est celle qui fait plier le plus souvent ses adversaires. Déjà 25 pénalités récoltées en seulement six journées, sans compter les sept coups francs obtenus.
L’arrivée de Perry Freshwater dans le staff n’est pas non plus étrangère à ce renouveau. Durant l’intersaison, le manager Paul Gustard avait d’ailleurs souligné qu’après le départ de David Zirakashvili, en soutien à l’éviction de Karim Ghezal, le club était resté de long mois sans un entraîneur spécifique de la mêlée. Tout en insistant sur le préjudice subi. Quand on vous dit qu’un seul être vous manque…

