Grève du 18 septembre à Bordeaux : une manifestation pacifique et massive avant la dispersion forcée

Sep 20, 2025 | Bordeaux

Par

Charlotte Lesprit

Publié le

18 sept. 2025 à 19h51

Après le 10 septembre, à l’appel du mouvement « Bloquons tout » et de l’intersyndicale, les Bordelais sont descendus nombreux dans les rues ce jeudi 18 septembre. Selon les premières estimations de la préfecture, ils étaient 8 800. L’intersyndicale, de son côté, avance le chiffre de 35 000 manifestants. Le cortège, parti de la place de la Bourse peu après 14 heures, a fait une boucle qui a duré toute l’après-midi.

En marge du cortège, les forces de l'ordre se tenaient prêtes en cas de débordements.
En marge du cortège, les forces de l’ordre se tenaient prêtes en cas de débordements. (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)

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« On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous, on est là », peut-on entendre du côté de la CFDT Nouvelle-Aquitaine. Les Bordelais ont scandé à tue-tête de nombreux slogans qui ne devraient pas plaire au gouvernement et à son nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, ce jeudi 18 septembre. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Virez Lecornu » ou encore « Qui sème la colère, récolte la tempête ». Du côté de Force Ouvrière, un classique résonne : « La Sécu est à nous, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder. » Dans la ligne de mire des manifestants : les coupes budgétaires, la réforme des retraites ou encore l’assurance chômage, au cœur des revendications.

Les manifestants place de la Comédie à Bordeaux.
Les manifestants place de la Comédie à Bordeaux. (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)

Lycées bloqués le matin

Les lycéens non plus n’ont pas manqué le rendez-vous. Ils ont même été les premiers à entamer le mouvement, notamment au lycée François-Mauriac, à Stalingrad, où des élèves se sont mobilisés dès 7 h 30 pour bloquer leur établissement. Il en était de même au lycée Victor-Louis à Talence.

« Un ras-le-bol général »

L’après-midi, parmi les manifestants, Michel, retraité depuis presque vingt ans et habitant Carignan-de-Bordeaux, est venu manifester avec son épouse et un peu de ses sept petits enfants dont il arbore fièrement les noms sur son t-shirt noir intitulé « La Bande à papy ». « J’ai exercé huit métiers dans ma vie. Le dernier en date : la direction d’une SARL familiale, structurée en deux branches — taxis et auto-école —, avec cinq actionnaires », précise-t-il. Pourquoi est-il là aujourd’hui ? « Pour eux, clame-t-il. Je ne suis pas fier de ce qu’on leur laisse économiquement, politiquement et écologiquement. »

Michel va  bientôt entamer sa vingtième année de retraite en avril 2026.
Michel va bientôt entamer sa vingtième année de retraite en avril 2026. (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)

Hervé aussi est venu pour la jeunesse. Professeur d’arts plastiques contractuel, il tient dans ses mains un exemplaire du livre « Le Grand Détournement », une enquête de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre sur les aides publiques. « 270 milliards d’euros donnés à des entreprises sans le moindre audit ! s’insurge-t-il. Et ensuite, on nous demande à nous de faire des efforts, alors que des jeunes font la queue sur 400 mètres pour pouvoir manger. »

Pour lui, la grève du 18 septembre incarne « un ras-le-bol général ». Et il insiste : « Aujourd’hui, il n’y a pas que des gens de gauche dans la rue. J’ai même rencontré une dame de 75 ans qui se dit gaulliste. »

Hervé avec sa pancarte
Hervé avec sa pancarte « Le Grand Détournement ». (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)

Selon la préfecture, 8 800 personnes ont manifesté à Bordeaux. Le mouvement s’est déroulé « sans incident majeur et a respecté l’itinéraire annoncé », a-t-elle fait savoir. « À l’issue de la journée nationale d’action intersyndicale de ce jour, le taux de participation à la grève pour la fonction publique État est mesuré en Gironde à hauteur de 9,07 % et la fonction publique territoriale est de 10,96 % (non définitif) », a-t-elle précisé.

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8800 personnes étaient dans les rues selon la préfecture.
8800 personnes étaient dans les rues selon la préfecture. (©actu Bordeaux / Charlotte Lesprit)

Quelques interpellations en marge du cortège

Toujours selon la préfecture, en marge du cortège, un groupe d’une quinzaine de perturbateurs, de type « black blocs », a cherché à détruire les vitres de la façade d’une banque. Un véhicule de police a été tagué. Quatre personnes ont été interpellées pour le véhicule ou pour participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations. Trois de ces interpellations ont eu lieu avant la dislocation du cortège place de la Bourse et une après.

Un appel à une manifestation sauvage a été lancé. Un groupe de 300 individus, hostile envers les forces de l’ordre, s’est dirigé vers les secteurs Saint-Michel, Capucins et Victoire. Ces derniers ont essuyé quelques jets de projectile et ont été dispersés par l’usage de gaz lacrymogène.

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