Le Louvre, le Grand Palais, Versailles : la culture largement mobilisée ce 18 septembre à Paris

Sep 20, 2025 | Paris

La journée de grève du 18 septembre appelée par l’intersyndicale a été massivement suivie en Île-de-France : transports paralysés, fonction publique massivement en grève, des dizaines de lycées bloqués et plus de 245 000 manifestants rien qu’à Paris, selon la CGT. Une réponse à la hauteur de la crise politique et austéritaire à l’origine du mouvement « Bloquons tout », qui s’organise par la base dans le cadre d’assemblées générales locales et sectorielles depuis le mois d’août, notamment dans la culture.

Face à la casse du service public, à l’austérité qui touche notamment les institutions culturelles et à la militarisation, la colère contre la figure présidentielle et les méthodes anti-démocratiques de la Vème République sont palpables. Ce jeudi encore, les travailleurs de la culture étaient donc en grève et dans la rue.

Du Grand Palais à la Gare du Nord : la culture mobilisée

Dès le matin du 18 septembre, une assemblée générale suivie d’un rassemblement se tenaient au Grand Palais, réunissant des grévistes du Grand Palais-RMN, de Pompidou, de la BnF, de l’Institut National d’Histoire de l’Art, du Louvre, de Versailles et du Palais de la Découverte. Le choix du lieu n’était pas anodin : la semaine précédente, les grévistes du Grand Palais dénonçaient le recours par leur direction à des contractuels embauchés sur la plateforme de sous-traitance Marianne International pour les remplacer. La présence de délégations venues d’autres établissements culturels pour apporter leur soutien a permis d’empêcher que ces pratiques ne se reproduisent.

D’autres institutions du secteur étaient également mobilisées, comme l’Opéra Bastille, où les techniciens étaient massivement en grève, entraînant l’annulation de la répétition générale prévue le soir. Rencontrés lors de la manifestation, plusieurs employés du Centre National de la Danse étaient également en grève contre l’austérité. « Nous, dans le service public, on sent très fort les coupes budgétaires. L’argent qui est retiré à la culture ou à la santé est directement injecté dans l’armement, et on est là pour dire qu’on n’en veut pas » explique l’une d’entre eux.

Dans la matinée, des délégations de travailleurs de la culture se sont rendues sur des piquets de grève : contre la casse des services publics, en soutien aux travailleurs de la santé à l’hôpital Tenon, puis à l’AG interprofessionnelle de la Gare du Nord aux côtés des cheminots, des hospitaliers, de lycées, du pink block, etc., afin d’élaborer un plan de bataille indépendant des directions syndicales, avant de converger vers la manifestation.

Dans la manifestation, la culture vent debout contre l’austérité

Dans le cortège, le secteur culturel était présent en nombre : un cortège très important de Cultures en Lutte de plus de 3000 personnes selon ses organisateurs, suivi de différents cortèges des différentes institutions en grève avec les agents de la BnF, conférenciers de Paris Musées, des étudiants des écoles d’art et de cinéma, etc. Parmi eux, les travailleurs d’Alto Onsite. Ces sous-traitants du Louvre, de Notre Dame, de l’Opéra Garnier ou encore du Mont Saint-Michel, spécialisés dans la mise à disposition d’audioguides, sont en grève reconductible depuis le 10 septembre pour dénoncer leurs conditions de travail et leurs salaires trop faibles. Pour les soutenir, des étudiants et travailleurs de la culture ont fait circuler leur caisse de grève pendant la manifestation : 600 euros ont ainsi pu être récoltés pour soutenir leur mobilisation.

Aussi, en tête de la manifestation, se trouvait le cortège impulsé par l’AG de Gare du Nord appelant à la grève générale. Ce dernier a réuni des cheminots, des travailleurs de la RATP, de la santé, des raffineries, des étudiants, mais également des travailleurs de la culture, qui appelaient tous ensemble à une mobilisation d’ampleur qui dépasse les directions syndicales.

Transformer la colère en grève générale

Cette nouvelle journée de mobilisation doit ouvrir de nouvelles perspectives de luttes pour le secteur de la culture : renforcer l’unité entre les travailleurs pour faire face aux attaques qui touchent l’ensemble des services publics et amplifier le mouvement autour de revendications sociales et politiques comme la démission de Macron et le soutien au peuple palestinien.

Au-delà du secteur de la culture, pour poursuivre la bataille, il faudra massifier la mobilisation, renforcer l’auto-organisation et la coordination entre les différents secteurs. C’est dans cette perspective que l’AG de Gare du Nord a appelé à un nouveau rendez-vous, le mardi 23 septembre, pour construire une grève générale politique en indépendance des directions syndicales, capable d’imposer son propre calendrier.