Montpellier brûlant ce jeudi : les manifestants répondent massivement à l’appel du 18

Sep 19, 2025 | Montpellier

Par

Gil Martin

Publié le

18 sept. 2025 à 17h16

Après le succès du mouvement Bloquons Tout du 10 septembre dernier, où 8 000 à 10 000 personnes ont battu le pavé dans les rues de Montpellier, la manifestation de ce jeudi 18 septembre a tenu toutes ses promesses. Sous la houlette de l’intersyndicale nationale, qui s’est reformée pour la première fois depuis 2023 et la mobilisation contre la réforme des retraites, plus de 15 000 personnes ont cette fois arpenté les rues montpelliéraines.

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Une rampe de lancement ?

Si les syndicats annoncent 20 000 participants à Montpellier, 4 000 à Béziers et 1 500 à Sète contre 10 000, 2 500 et 1 200 pour les autorités, l’essentiel est ailleurs : dans le succès populaire de ce rassemblement massif qui confirme l’hostilité croissante des citoyens envers Emmanuel Macron et son(ses) gouvernement(s).

Et s’il est encore trop tôt pour se projeter dans l’avenir, la question s’impose : face au ras-le-bol général des politiques d’austérité et des largesses accordées aux plus riches et aux grands groupes, ces deux manifestations passeront-elles à la postérité comme la rampe de lancement d’une plus importante mobilisation encore ?

« S’il ne le fait pas, alors oui, moi je suis prêt à la grève générale »

Dans le cortège montpelliérain, ils sont très nombreux à appeler à la grève générale, à exprimer leur colère ou leur détresse, assurant qu’ils ne renonceront pas à aller plus loin : « La situation est catastrophique. Tout le monde galère, tous ceux qui travaillent n’y arrivent plus ou de moins en moins, et pendant ce temps, on discute pour savoir s’il faut faire payer un tout petit peu plus les riches à coup de 2% », se désole Francis, la cinquantaine et une chasuble de la FSU sur les épaules.

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« Il faut surtout commencer par mieux gérer l’argent public et respecter les citoyens », poursuit-il. « Nous avons le droit à la parole, bon dieu ! Et aujourd’hui, la rue s’exprime. Le plus important, pour changer les choses, c’est que Macron s’en aille. Maintenant. S’il ne le fait pas, alors oui, moi je suis prêt à la grève générale ».

Partager les richesses

Célia, 33 ans, mère de deux enfants, travaille dans un laboratoire près de Montpellier. Elle n’est pas une habituée des manifestations et confesse ne pas trop connaître les syndicats : « J’ai participé à Bloquons Tout et j’ai choisi de revenir aujourd’hui, comme d’autres copains. On a commencé quelque chose, il n’est pas question de renoncer. Chez moi, les salaires sont bloqués depuis le Covid quasiment alors que le groupe est largement bénéficiaire. Tout a augmenté, l’énergie, l’alimentation, tout, mais pas mon salaire. J’ai perdu plus de 200 € par mois de pouvoir d’achat et c’est devenu vraiment difficile. Et dans tout ça, on nous explique qu’il n’y aura pas d’augmentation cette année encore. Il faut changer de mentalité en France : les salariés ont le droit de partager la richesse qu’ils contribuent à créer dans les entreprises par leur travail ».   

« Macron s’accroche comme un parasite »

Les jeunes, encore très présents ce jeudi, se montrent particulièrement virulents envers un gouvernement et un président qu’ils détestent, mais ils sont aussi très nombreux à rejeter « le système actuel. « C’est quoi, ce truc ? Les gens votent mais on ne tient pas compte du résultat, et un président qui n’a plus aucune légitimité reste en place ? », fulmine Romain. Ce jeune animateur qui œuvre dans un groupe du secteur social tranche : « Il faut des changements profonds mais pas que des personnes : il faut rétablir une vraie démocratie dans ce pays et permettre aux citoyens de participer aux décisions… Quand le pays ne t’accorde plus sa confiance, tu t’en vas, c’est la moindre des choses. D’autres l’ont fait mais Macron s’accroche comme un parasite ».

Plus de 15 000 manifestants

Ce jeudi 18 septembre, 15 000 personnes au moins ont défilé dans les rues de Montpellier
Ce jeudi 18 septembre, 15 000 personnes au moins ont défilé dans les rues de Montpellier (©Gil Martin/Métropolitain)

Ce jeudi, la foule partie de la place Albert 1er avance dans la bonne humeur vers la Comédie qu’elle rejoindra en 45 minutes à peine. Une sorte de manif-flash, condensée mais puissante, dont on pourra apprécier depuis le pont du Peyrou la longueur et la densité. Vers 11h30, alors que le flot de manifestants passe sous l’ouvrage, les premiers chiffres circulent : au moins 10 000 manifestants, puis 12 000 alors que le flux ne faiblit pas. Entre les chiffres de la préfecture et ceux des syndicats, on peut assurer qu’au final, plus de 15 000 personnes ont bien manifesté dans les rues surchauffées de Montpellier.

CRS, identitaires : des frictions dans l’après-midi

En début d’après-midi, plusieurs évènements sont venus animer la place de la Comédie et, plus largement, le centre-ville montpelliérain. Alors que la manifestation s’était passée sans heurts, un groupe d’une vingtaine de jeunes hommes tous de noir vêtus ont remonté l’Esplanade à 13h30, drapeau bleu-blanc-rouge flottant, narguant les manifestants. Ce groupe, visiblement rattaché à l’extrême-droite et aux mouvances identitaires, a traversé la Comédie serré de près par plusieurs centaines de manifestants. Ils se sont postés au pied de la fontaine des 3 Grâces pour un face à face très tendu avec la foule. Finalement, les CRS évacueront ce groupe pour éviter une brutale confrontation et essuieront des chants hostiles, notamment des « ACAB ».
Plus tard, vers 14h, les CRS donneront la charge sur les manifestants du côté du Pont de Lattes avant que des bombes lacrymogènes n’explosent entre la place de la Comédie et l’esplanade Charles de Gaule vers 14h30. Peu après 15h, le calme général était revenu sur la ville où l’on ne constate que peu de débordements. Les impressionnants Centaures, les nouveaux véhicules d’intervention des forces de l’ordre placés sur la Comédie comme des cerbères menaçants, n’ont pas eu à intervenir.

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