Ce vendredi, l’Opéra de Bordeaux a décidé de sortir de ses murs pour la 4e année, en diffusant son concert de rentrée sur onze écrans répartis dans plusieurs quartiers de la ville. Un évènement suivi en son et en images par des centaines de spectateurs, pour qui ce milieu semble parfois éloigné.
Vous les avez peut-être entendues, ces notes de musique classique qui ont envahi les rues de Bordeaux ce vendredi soir. Pour son concert de rentrée, l’Opéra de Bordeaux a décidé de sortir de ses murs, en diffusant l’opéra joué dans son auditorium sur onze écrans répartis dans plusieurs quartiers de la ville : aux Halles de Bacalan, à la Salle des fêtes de Bordeaux Grand Parc ou place Nansouty notamment. L’hypercentre a même eu le droit a des projections plutôt proches : place du Parlement, place Saint Projet, promenade Sainte Catherine ou encore Place du Palais.
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Sur des caisses de vin transformées en sièges éphémères pour l’occasion, toutes les places de ces différentes salles de concert à ciel ouvert étaient prises. Et pas forcément par un public des plus connaisseurs, mais curieux.
« On n’y va pas, à l’opéra. On n’a pas le budget »
C’est avec un paquet de chips dans les mains, bien calé sur un banc de la place Saint-Projet, que Christophe a ressenti les émotions des premières notes : « La joie, la tristesse, l’amour aussi. Pourtant je ne suis pas un connaisseur. » Même s’il n’est pas habitué, ses yeux restent rivés sur les musiciens qui animent l’écran, parfois accompagnés d’un violon, de cuivres ou d’autre instruments. « Si le concert n’était joué que dans un endroit clos comme l’opéra, sans qu’on puisse le voir ici en ville, je n’y serais jamais allé. »
Car pour beaucoup, l’opéra renvoie toujours l’image d’un monde pas vraiment accessible, ne serait-ce que financièrement. Josette et Marie-Jeanne, deux retraitées, ont réussi à trouver avec peine une place assise parmi les plus de 200 spectateurs rassemblés du côté de la place du Parlement. « C’est super, qu’au moins on puisse attraper quelques notes, puisqu’on ne va pas y aller, à l’opéra. Avant on pouvait, à l’époque. Mais maintenant on n’a plus le budget, avec nos petites retraites. »
« C’est aux institutions de se délocaliser pour venir jusqu’aux gens »
Cet évènement, organisé pour la 4e année, reste donc un bon moyen de s’ouvrir à d’autres publics que les habitués reconnait Salomé, qui travaille à l’Opéra de Bordeaux. « Effectivement, aller à l’opéra ça peut coûter cher, et le plus souvent ce sont des initiés qui y vont. Je pense que maintenant, c’est aux institutions de se délocaliser pour venir jusqu’aux gens leur montrer ce qu’est la musique classique. Et ce n’est pas aussi ringard, coincé et élitiste qu’on ne le croit !« .
Un avis vers lequel pourraient basculer des jeunes comme Arthur et Eve, à peine 17 ans : « Moi c’est pas mon style, je n’aime pas trop d’habitude mais on se laisse facilement porter par l’ambiance, surtout en plein air, ça devient plaisant. » Il faut aussi reconnaître qu’écouter un concert de musique classique en ville, c’est quand même une ambiance plus décontractée que sur les traditionnels sièges de l’auditorium, reconnaît Simon, qui mange un kebab assis sur une marche d’escalier. « C’est vrai que ça semble opposé, d’écouter cet opéra en baskets et avec un kebab dans les mains, mais c’est justement aussi ce contraste qui est sympa« . D’ailleurs, grand amateur de musique, lui est venu ici exprès pour fêter ses 41 ans avec avec son fils de 9 ans, d’une manière originale. « J’ai aussi envie de lui transmettre d’autres manières d’écouter de la musique que celle à laquelle il s’est habituée ».
Un concert à ciel ouvert qui a attiré des centaines de curieux ou des passionnés à Bordeaux, également retransmis pour les publics plus éloignés, dans certains CHU ou maisons de retraite.