Charente-Maritime : un été à frelons… et à piqûres

Sep 10, 2025 | Royan

Le bourdonnement se sera révélé intensif cet été. « Depuis son repérage en 2007 en Charente-Maritime, cette période estivale est véritablement celle où la Fredon 17 (fédération agréée au titre d’organisme à vocation sanitaire) a reçu le plus grand nombre de sollicitations pour des demandes d’interventions d’enlèvement de nids de frelons asiatiques à pattes jaunes (vespa velutina) », rapporte la structure couvrant, au travers de ses 20 groupements, la Charente-Maritime, du nord au sud. « Sur les seuls mois de juillet et d’août, on a dépassé les 200 interventions. C’est énorme. On devait être à peine à 120 interventions l’année dernière sur la même période », complète le directeur Laurent Lay.

Une situation largement constatée. « On a jamais travaillé autant au mois d’août », confirme-t-on au sein de la société Chasseur de frelons installée à Aytré, dans l’agglomération rochelaise.

Les frelons installent des nids dans les arbres, les haies, les bâtiments, les systèmes d’aération, etc.
Les frelons installent des nids dans les arbres, les haies, les bâtiments, les systèmes d’aération, etc.
Laurent Theillet/SO

Conditions propices

Les conditions météorologiques des derniers mois ont favorisé le développement des colonies. D’abord avec un printemps profitable à l’entomofaune. Puis à une sécheresse estivale qui a multiplié les va-et-vient entre les points d’eau et les nids afin de les rafraîchir, et qui a également déshabillé précocement certaines essences, comme le peuplier – ce qui fait d’ailleurs relativiser un professionnel installé en Saintonge. « On est en avance : ce que l’on fait aujourd’hui, on l’aurait fait en octobre. »

Le fait est qu’il y a à faire. « Avec les épisodes pluvieux de ces derniers jours, le phénomène s’est amplifié avec la chute des feuilles qui laissent désormais apparaître dans les haies ou sur les arbres, à la vue de chacun, d’impressionnantes structures dont certaines mesurent 60 à 70 cm de diamètre et peuvent contenir entre 4 000 et 7 000 ouvrières », poursuit Fredon 17 dont le téléphone ne cesse de sonner : « Mairies, agents municipaux, exploitants agricoles sont parfois pris de panique et de stress face à l’effervescence et la forte activité des ouvrières sur le périmètre d’un nid. »

« Les rares mairies du département qui ont mis des pièges sélectifs [au printemps], afin de capturer les reines fondatrices en sortie d’hibernation, constatent un très net recul de la présence de nids »

Eric Mandon sait mieux que personne la virulence dont peuvent faire preuve les « pattes jaunes ». Il s’est attelé au nettoyage d’un terrain en friche cet été et c’est en attrapant une caisse retournée qu’il s’est soudainement fait attaquer. « Le temps de réagir, j’en avais plein les cheveux », partage-t-il. Piqué à la tête et aux bras, il a très vite été conduit à la pharmacie. Les médicaments ont permis d’atténuer la douleur quelques heures après. « J’étais loin d’imaginer qu’un nid pouvait se trouver au sol. Je les imaginais en hauteur. Mais non, ils s’installent partout. »

Un quadragénaire du Pays royannais a connu pire mésaventure. Le week-end du 15 août, il s’est fait piquer en sortant de la piscine, en fin de journée. « Je ne suis pas allergique à la base. » Sauf que très rapidement, s’en sont suivis démangeaisons, boutons, lèvre supérieure qui gonfle… « Ça m’a pris à la gorge. » Conduit aux urgences, il y a passé toute la nuit. Trois semaines après, son épiderme porte toujours la marque de la piqûre. « Il ne faut vraiment pas perdre de temps lorsque l’on se fait piquer », insiste-t-il.

Piéger au printemps

Fredon 17 en appelle ainsi à la plus grande prudence et s’applique à décourager les plus téméraires (ou les plus inconscients) à tenter de régler le problème par leurs propres moyens. D’une part à cause du risque pour soi-même, sachant que les dards peuvent passer au travers des combinaisons d’apiculteur : « Il m’est même arrivé que des frelons projettent le venin au travers de la grille du masque, m’atteignant à l’œil », se souvient un professionnel qui, depuis ce jour, complète sa panoplie avec une paire de lunettes. D’autre part à cause du risque sur la biodiversité : une intervention mal menée peut engendrer des nids secondaires aux impacts néfastes.

Le groupement compte prendre son bâton de pèlerin pour faire valoir la nécessité de procéder à des piégeages au printemps : « Les rares mairies du département qui ont mis des pièges sélectifs en place à partir du 25 janvier et jusqu’au 30 avril, afin de capturer les reines fondatrices en sortie d’hibernation, constatent un très net recul de la présence de nids par rapport à 2024, de l’ordre de 25 %. »

En revanche, les piégeages d’été ne sont d’aucune utilité, capturant trop peu de frelons pour avoir un réel impact et se révélant insuffisamment sélectifs, privant la flore de précieux pollinisateurs : coccinelles, cétoines, clairons, papillons ou encore syrphes.