« Ils se sont rencontrés au bal des pompiers et sont aujourd’hui mariés avec deux enfants », sourit Vincent, pompier rochelais. L’histoire date d’il y a huit ans : un collègue à lui, la meilleure amie de sa compagne, une piste de danse et l’éternité. Ce genre d’idylle, c’est la petite musique de fond qui entretient la légende : « et si, ce soir, ça m’arrivait aussi ? » Marine, 26 ans, y croit. « Les bals de pompiers, c’est une vraie passion. J’ai fait le tour de la France, je suis même allée à celui de La Réunion. J’adore l’ambiance mais oui, je viens aussi pour le show. Je pense que c’est possible d’y trouver l’amour. »
Derrière cette quête d’amour, il reste la tradition : ces bals servent avant tout à financer l’amicale des sapeurs-pompiers. À La Rochelle, l’événement n’en est qu’à la deuxième édition de son histoire, ce qui ne l’empêche pas de séduire et de rassembler plus de 3 000 personnes chaque année. « C’est le seul moment où on peut vraiment faire la fête avec la population », résume Alexandre, l’un des organisateurs.
Un bal familial
« Trouver l’amour au bal des pompiers, c’est un mythe. C’est plus pour s’amuser le temps d’une soirée », tranche Jérémy*, qui a passé douze années en tant que pompier en région parisienne. Il nuance aussitôt : « À Paris, c’est une autre énergie. Ils sont jeunes, sportifs, souvent célibataires. Ici, la moyenne d’âge, c’est 35 ans, et la plupart sont en couple. Le bal de La Rochelle est beaucoup plus familial. »
En témoignent les familles poussant leurs landaus entre l’espace de danse et la buvette, les seniors qui s’attardent aux tables de pique-nique et les jeunes qui se prennent en photos. Rochelais ou non, l’esprit est à la fête en cette fin juillet. Anaïs, elle, a fait l’aller-retour depuis la capitale pour cette édition. « À Paris, ça flirte plus, c’est clair. Ici, on est moins dans le jeu de séduction. L’an dernier, j’ai adoré l’ambiance. On se croirait presque à un festival. Et le thème féria, c’est une bonne idée ! »

Jean-Christophe Sounalet/SO
Dans les allées, ça circule, ça discute, les jeunes échangent leurs contacts – les temps ont changé et Instagram a remplacé les numéros de téléphone griffonnés à la va-vite sur un ticket de caisse. De quoi faire naître, demain, une histoire d’amour ? Peut-être. Mais qui peut jurer que ces notifications se transformeront en alliances au doigt ?
Le « show », attraction phare… et casse-tête en coulisses
On parle du show des pompiers comme d’un moment mythique. Pourtant, « c’est compliqué de trouver des volontaires pour y participer », glisse Sébastien, pompier depuis 24 ans. « On n’est pas des danseurs pros. Il faut de la préparation, du temps, et tout le monde n’a pas envie de monter sur scène. » L’an passé, certaines spectatrices ont confié leur « déception » à la sortie après avoir vu le show. « Oui, on a entendu ça », admet Jérémy*. « Mais l’esprit, c’est la convivialité, pas le strip-tease. »

Jean-Christophe Sounalet/SO
Faire la fête et divertir le public le temps d’une soirée oui, déraper non. « On a mis à disposition des éthylotests et un service de taxis », précisent les organisateurs. La fête n’efface pas la responsabilité. Et l’amour ? Il rôde, parfois. Le plus souvent, il se contente de nourrir une part d’espoir et d’imaginaire. Et c’est peut-être très bien ainsi : un mythe inoffensif, qui ne fait de mal à personne et continue de remplir la piste.
* Prénom modifié