Rachida Dati candidate aux législatives? La ministre de la culture au centre de toutes les intrigues à Paris

Juil 18, 2025 | Paris

La ministre de la Culture envisage de se présenter en octobre à une élection législative partielle à Paris, face à Michel Barnier, alors que depuis des mois elle est censée incarner la candidature d’union de la droite et centre pour les municipales de 2026.

C’est le feuilleton politique de l’été : Rachida Dati va-t-elle se présenter… à une élection législative partielle en octobre prochain ? Alors que la ministre de la Culture prépare le terrain d’une nouvelle candidature aux élections municipales à Paris en mars 2026, c’est une autre élection qui fait parler d’elle. La législative partielle qui sera organisée en octobre dans la 2e circonscription de Paris, suite à l’invalidation le 11 juillet dernier par le Conseil constitutionnel de l’élection de Jean Laussucq, un proche de Rachida Dati.

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La maire du 7e arrondissement, qui attend le bon moment pour lancer officiellement sa campagne municipale, pourrait donc aller à la rencontre des électeurs parisiens bien plus tôt que prévu. « Je crois savoir qu’elle a très envie d’y aller » confie à ICI Paris Ile-de-France un soutien de l’élue parisienne.

Coup de pression ou réelle candidature ?

Reste qu’à ce stade, il s’agit d’une simple hypothèse. Cette potentielle candidature pourrait tout aussi bien être un simple « coup de pression amical » à destination de l’ancien Premier ministre Michel Barnier qui s’est déclaré candidat sans demander son avis à la maire du 7e arrondissement, où se situe en partie la 2e circonscription. La ministre étant réputée pour son énergie débordante quand il s’agit de défendre ses intérêts et les querelles au sein de la droite parisienne monnaie courante, cette option n’est pas à écarter.

Lors des dernières municipales en 2020, Rachida Dati avait fait campagne avec un soutien particulièrement distant de son parti, Les Républicains. Son score, 33,8% au deuxième tour, avait finalement mis tout le monde d’accord et permis à Rachida Dati d’incarner à elle seule l’opposition à Anne Hidalgo. Pour l’heure, elle n’est toujours pas officiellement candidate pour 2026. « Pour se faire élire, il faut savoir créer le désir« , commente malicieusement le coprésident de son groupe politique au conseil de Paris, David Alphand.

Car depuis la dernière élection municipale, la droite parisienne s’est fissurée, avec trois groupes politiques distincts au Conseil de Paris. Geoffroy Boulard, maire LR du 17e arrondissement, ne siège pas dans celui de Rachida Dati. Avec Agnes Evren, présidente de la fédération LR de Paris et le centriste Pierre-Yves Bournazel, il a fondé le groupe Union capitale. Le 10 juillet dernier, il a proposé la tenue d’une primaire au sein des LR pour décider de la ou du candidat qui représentera la droite. Il y a au moins un autre candidat déclaré au sein des Républicains, l’ancien maire du 16e arrondissement, l’avocat Francis Szpiner.

La proposition est fermement rejetée dans le camp Dati. « Nous avons aujourd’hui une élue qui se démarque très nettement de tous les autres. Rachida Dati est très en avance dans les sondages. A gauche, aucun candidat socialiste ne se démarquait vraiment, ils ont donc organisé une primaire. À droite, c’est très différent. Rachida Dati est trois coudées en avant donc on n’a pas besoin de primaire. Ça nous simplifie grandement le travail« , analyse son bras droit au Conseil de Paris, David Alphand.

Rudolphe Granier, autre fidèle de Rachid Dati, s’étonne lui du manque de soutien reçu par cette proposition : « Agnès Evren, Geoffroy Boulard et Pierre-Yves Bournazel font parti du même groupe au sein du conseil de Partis. Je constate pourtant qu’ils ne sont pas d’accord entre eux à propos de cette primaire. Si ce qui les rassemble, c »est de l’anti-datisme, je constate que ce qui ne les rassemble pas, ce sont des idées. Je suis très étonné qu’il y ait autant de discussions stériles au sein de ce groupe. Je propose à Pierre-Yves Bournazel d’en sortir puisqu’ils ne sont pas d’accord ». L’élu du 18e arrondissement estime de toute façon que le match est plié de longue date : « nous avons une personne qui est très préparée et qui a l’énergie de rassembler. Il va falloir se demander si la droite veut vraiment gagner Paris » .

Une candidature commune de la droite dans l’impasse

Autre caillou dans l’escarpin de l’élue LR, ses relations avec les macronnistes. « Tous les clignotants sont au vert« , commente pourtant David Alphand. Une réunion publique a eu lieu au début de l’été dans le 16e arrondissement avec Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe. Sauf que tous les élus Renaissance ne sont pas forcément emballés par une candidature commune derrière celle qui est devenu ministre d’Emmanuel Macron à la surprise générale.

« On a quelques difficultés en interne sur Dati, c’est clair« , explique par exemple le député Renaissance de Paris Sylvain Maillard. L’un des chefs de file des macronistes dans la capitale annonce qu’une décision n’est pas pour tout de suite. Il faudra patienter jusqu’à fin septembre et pour le moment, trois scénarios sont sur la table : « la candidature Dati, une candidature sous notre nom ou le soutien à Pierre-Yves Bournazel ». Ce fidèle soutien d’Edouard Philippe est, en effet, une nouvelle fois candidat.

Franck Riester a été nommé par Gabriel Attal, le chef du parti, pour travailler à la construction d’une liste élargie et discuter avec la droite et le centre. Une candidature LR sur la législative partielle de la 2e circonscription pourrait tendre les discussions, les macronistes considérant celle-ci comme leur appartenant. Jean Laussucq avait été officiellement investi par Renaissance après la dissolution de 2024. Le feuilleton de l’été va donc se poursuivre à la rentrée, observé d’un œil amusé par la gauche parisienne comme l’atteste ce message posté par le candidat socialiste Emmanuel Grégoire sur X. On y voit un émoji « popcorn », signifiant qu’il se délecte du spectacle qu’offre la droite parisienne, alors même que son parti avant lui aussi en ordre dispersé.