Ardèche : « une soirée festive pour marquer le coup » malgré l’annulation du Crussol Festival

Juil 4, 2025 | Drôme

Pas de Crussol Festival cette année. L’événement fondé en 2017 par ZAZ fait une pause et réfléchit à la suite avec des contraintes financières et environnementales. Mais une soirée de concerts est tout de même prévue samedi 5 juillet au théâtre de verdure au pied du château de Saint-Péray.

Les organisateurs du Crussol Festival l’ont annoncé dès le mois de décembre : il n’y a pas d’édition 2025, reportée à 2026, pour des raisons financières et environnementales. Ils ont lancé une grande consultation auprès du public pour savoir de quel festival il a envie à l’avenir. En attendant, une soirée unique de concerts est organisée samedi 5 juillet au théâtre de verdure à Saint-Péray. Au programme : Karpatt, Les fils de Teuhpu, Keziah Ma. L’entrée est libre, chacun donne la contribution qu’il veut. Olivier Malinaud, le directeur du Crussol Festival, nous en dit plus.

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ICI Drôme Ardèche – Pourquoi donc vous faites cette soirée unique de concerts samedi soir ?

Olivier Malinaud – Pour marquer le coup. On a lancé un processus où on travaille avec toutes les parties prenantes du festival. Il nous semblait impensable de ne pas être là cette année. Et donc, une soirée festive pour marquer le coup et bien préparer ce qui se dessine à l’avenir.

Marquer le coup et montrer que vous êtes toujours là et que le Crussol Festival n’est pas enterré ?

Bien sûr, il n’est pas question de ça.

Trois concerts au programme donc samedi, Karpatt, Les Fils de Teuhpu, Keziah Ma. L’entrée est libre, chacun donne la contribution qu’il veut. Est-ce que vous avez des réservations d’ores et déjà ?

Oui, il y a des réservations. Il y a des gens qui ont fait des dons. On est super content, on est surpris. Donc oui, c’est entrée gratuite, et pourtant, on invite, dans cette logique de participation, de réfléchir ensemble à ce que c’est qu’un festival citoyen, à faire des dons, et il y en a, donc c’est génial, oui.

Est-ce vers ça que vous voulez tendre pour les éditions suivantes ? C’est-à-dire des artistes moins connus, mais pour le coup moins chers à programmer. Est-ce qu’avoir Louane, BigFlo et Oli, Tiken Jah Fakoly, c’est devenu injouable ?

C’est pas ça la question. Nous on est partisans du tout : on veut à la fois des artistes qui font vibrer les foules, un impact environnemental maîtrisé, un respect des règles sociales, sociétales, et donc ce tout, ça a un prix, il faut qu’on travaille ensemble, et donc là il faut faire des arbitrages. Aujourd’hui, on a décidé, plutôt que de faire les arbitrages nous-mêmes, de les faire avec les festivaliers, avec le territoire, avec les partenaires pour voir ce qu’on veut porter ensemble, tous. Donc est-ce qu’il y aura Louane, Gims ou autres l’année prochaine ? Ou est-ce qu’on sera sur des artistes plus locaux ? Ça c’est vous qui le direz.

Mais vous parliez de raisons financières pour expliquer pourquoi cette année le festival n’aura pas lieu. On sait que le coût des concerts, ce que demandent les artistes aujourd’hui, a fortement augmenté. Ce n’est pas en supprimant les grosses têtes d’affiches que vous voulez remédier à ces contraintes-là ?

En fait, c’est un tout. Donc bien sûr que le plateau artistique et les frais du plateau artistique qui ne cessent d’augmenter d’année en année, ça joue. Maintenant, la question c’est vraiment qu’est-ce qu’on choisit ? Si on veut rester sur un site magique qui est classé Natura 2000, qui est difficilement accessible, avoir des producteurs locaux sur le festival, des prestataires locaux, des partenaires qui s’engagent à nos côtés et maintenir des prix des billets raisonnables, il faut faire des choix. On voit qu’aujourd’hui, ça coince.

Le prix des billets était de 25 euros, c’est ça, pour les éditions précédentes ?

Voilà, les prix d’entrée, c’est 25 euros, et puis nous, on plafonnait pour vraiment la dernière minute à 44 euros, donc ça reste des prix qui sont corrects par rapport à des prix de festivals alentours.

Et là, vous voulez rester dans ces gammes de prix-là, vous ne voulez pas faire plus cher, effectivement ?

En tout cas, on veut que la culture reste accessible à tous, et aujourd’hui, je crois que ce qui est en train de se passer cette année autour des festivals le montre. Il y a des arbitrages qui se font aussi au niveau de la France. On a des collectivités ailleurs dans le territoire qui se sont désengagées de la culture. Et donc ces questions, elles se posent à nous. Si demain on veut des offres culturelles de qualité, comment on fait ? On ne va plus pouvoir compter seulement sur les pouvoirs publics.

Et vous parliez aussi de la contrainte d’opérer dans un site Natura 2000. Ça veut dire que vous ne pouvez pas augmenter la jauge de spectateurs ? On est aujourd’hui à  5.000 spectateurs, jauge maximale par soir. Cette jauge-là, vous ne pouvez pas l’augmenter pour vous y retrouver financièrement ?

Non, le site est configuré de telle manière, et comme vous le disiez avec des espèces protégées, qui fait qu’à 5.000 personnes, on est vraiment au taquet. Pour autant, ce qui est génial là-haut, c’est qu’on arrive justement à garder cet esprit familial, de proximité, parce qu’à 5.000, on est quand même nombreux, mais on n’est pas non plus écrasés les uns sur les autres, et on est au milieu de la nature, donc c’est vraiment un moyen aussi d’amener les gens à prendre conscience de notre environnement, de là où on vit, et des interactions qu’on peut avoir avec ces petites fleurs ou ces petites bêtes.

Et donc, vous avez lancé une consultation auprès de tout le monde, du grand public. Tout le monde peut répondre sur Internet, dire quel festival on veut à Crussol. On est sûr qu’il y aura une édition 2026 ?

Mais bien sûr, sinon on ne serait pas là.

Et est-ce que Zaz, qui a fondé le festival avec vous en 2017, vous soutient toujours ?

Bien sûr, Zaz est toujours là, mais tout le monde le sait, pour ceux qui regardent l’actualité, elle relance un nouvel album qui arrivera à la rentrée, elle est en tournée cet été, donc elle ne sera pas là samedi soir. Mais oui, elle est toujours sur le projet, elle suit ça très près, bien sûr.