Le tribunal des affaires économiques de Paris a prononcé la liquidation de la Maison des écrivains et de la littérature, jeudi 26 juin 2025. C’est la chronique d’une fermeture annoncée pour cette association dans sa quarantième année, dont les subventions ont été réduites peu à peu.
« Nous le savions depuis février : s’il n’y avait pas de soutien, nous ne pourrions pas aller au-delà de juin », explique la directrice de la MEL, Sylvie Gouttebaron. Dans un courrier adressé aux écrivains adhérents, celle-ci insiste : « Nous avons tenu à honorer nos engagements jusqu’au bout : plus d’une centaine d’auteurs ont été rémunérés ces derniers mois pour les actions menées, toutes les rencontres programmées ont eu lieu. Ce ne fut pas tous les jours facile… »
Le budget de l’association dépendait en grande partie des subventions du ministère de la culture, via le Centre national du livre (CNL). Mais celles-ci diminuaient comme peau de chagrin, le ministère préférant s’appuyer sur les acteurs territoriaux : de 700 000 € en 2015, le montant des aides est passé à 350 000 € en 2024 pour finir à 200 000 € cette année. Ces réductions à répétition n’étaient, selon la direction, qu’une manière d’enterrer la maison et d’abandonner ses activités : « Ce sont quelque 30 000 élèves et leurs enseignants qui seront privés des rencontres organisées avec les 300 écrivains. »
Fondée en 1986 sous l’impulsion de Jack Lang, la MEL était installée dans l’hôtel particulier des frères Goncourt, dans le 16e arrondissement de Paris. « Pour les auteurs, c’était leur maison, explique Sylvie Gouttebaron. Ils pouvaient y trouver une aide, des conseils. » L’essentiel de l’activité de l’association d’éducation à la littérature et de promotion du livre était la mise en œuvre d’interventions d’auteurs dans les établissements scolaires. Les adhérents pouvaient aussi accéder aux fichiers qui recensent les bourses d’écriture et les résidences d’écrivains.
En février 2025, la MEL avait lancé une pétition, qui a mobilisé plus d’une centaine d’auteurs. Informés, les écrivains proches de la maison veulent encore y croire. « Il y a un principe de réalité », souligne toutefois la directrice, sans exclure de relancer dans quelques mois une nouvelle association, pourvu qu’elle puisse trouver un financement stable.
Les sept salariés encore présents sont, de fait, licenciés économiques et le liquidateur n’a plus qu’à vendre aux enchères des étagères et près de 2 000 livres… À la MEL, on souhaite encore sauver les quelque 700 enregistrements des rencontres « sur cassettes audio, depuis le temps », qui constituent un fonds d’archives précieux. Ainsi pourra-t-on garder une trace immatérielle de la Maison des écrivains.