«Elle est toujours là ? » C’est un simple coup d’œil par-dessus son épaule, pendant qu’il répondait aux questions des médias après la qualification en finale de l’UBB aux dépens de Toulon, qui a déclenché cette interrogation de Maxime Lucu. On l’a vite rassuré. Oui, cette chaussette aux couleurs de Saint-Pée-sur-Nivelle, le club de son cœur, était bien là. Comme toujours. Solidement nouée à son sac. Depuis un an, elle l’accompagne presque partout. « Avant, je la mettais dans mon casier. Maintenant, je la glisse dans mon sac, dévoile Maxime Lucu. Quand je viens au stade, le club et mon frère sont un peu avec moi. Quand je rentre aux vestiaires, je peux regarder cette chaussette. »

D. K.-G.
On peut voir beaucoup de symboles derrière ce petit bout de tissu. « Le Pays basque est vert et il a toujours les pieds sur terre », liste ainsi Mikel Guerendiain, co-président du club de Saint-Pée-sur-Nivelle et, accessoirement, son cousin. Ok. Mais ce petit porte-bonheur ne témoigne pas que de cela. Il raconte aussi comment Maxime Lucu est passé en un an d’un joueur en échec à un homme à qui tout (ou presque) réussit.
Vainqueur du Tournoi avec les Bleus, capitaine d’une UBB ayant remporté son premier titre avec la Champions Cup, finaliste du Top 14 pour la deuxième fois consécutive… On peut affirmer sans attendre de savoir s’il soulèvera le Brennus qu’il a fait sienne cette année 2025. Une histoire qui n’était pas écrite d’avance aux prémices du printemps 2024.
Retour aux sources
Flash-back. Titulaire en l’absence d’Antoine Dupont au sein d’une équipe de France en reconstruction, Maxime Lucu vit des moments compliqués dans le Six-Nations 2024. Plus encore qu’il n’y paraît… « Au soir du premier match face à l’Irlande (défaite 38-17), il m’avait écrit qu’il n’était pas bien. Or, c’est un truc qu’il ne faisait jamais. J’avais trouvé ça bizarre, témoigne son frangin Ximun Lucu. Et ça avait continué pendant le reste du Tournoi : il y avait notamment eu quelques sifflets lorsqu’il était rentré contre l’Angleterre, à Lyon, lors du dernier match. Dans la tête, ça a été dur. Il ne méritait pas ça. » Maxime Lucu était dans le « dur ».
« Cette chaussette marque le début d’une période où tout lui réussit »
Pour faire face dans ces cas-là, Ximun a une théorie : « Quand on est un peu moins bien, le côté retour aux sources fait toujours du bien. » La formule peut sembler convenue. Mais il faut croire que sa magie opère toujours. Car c’est probablement à Saint-Pée, là où tout a commencé, que celui qui est devenu l’incarnation du leadership à l’UBB a trouvé les leviers pour amorcer son rebond. Un mouvement initié dans le sillage de son frère, Ximun, revenu au SPUC où il disputait une ultime saison.
« Max était déjà venu nous voir jouer une ou deux fois, se remémore l’aîné. Il est venu aussi lors de notre 8e de finale de championnat de France de Régionale 2 face à Tartas disputé à Saint-Paul-lès-Dax. Il m’avait fait la surprise : je ne savais pas qu’il était là pendant l’échauffement. Quand on est rentré aux vestiaires avant le coup d’envoi, il était là. C’était chouette pour moi. Les jeunes étaient super heureux de le voir nous encourager. »

Jean-Marc Lestage
« Il s’est pris au jeu »
Si cette visite a fait du bien aux Senpertars, elle en a fait autant à Maxime. « Lors des phases finales, il y avait toutes les générations allant de mon père au plus jeune : on s’est retrouvé avec tout le village, relate Ximun. Ce sont des bons moments. Quand Max venait, il me disait qu’il avait envie de jouer ! Il me criait dessus depuis le bord de la rambarde, c’était marrant : il s’est pris au jeu. » Et c’est ce jour-là, à Saint-Paul-lès-Dax où il était accompagné par Cyril Cazeaux en « local de l’étape », que la fameuse chaussette lui a été offerte.
En échec durant le Tournoi, héros malheureux lors de l’élimination de l’UBB en quart de finale de Champions Cup face aux Harlequins, Maxime Lucu a vécu à travers l’épopée de Saint-Pée ce qu’il n’arrivait pas à obtenir jusque-là à Bordeaux : l’euphorie d’une phase finale conclue par un titre de champion de France de Régionale 2 le 23 juin 2024.
Une date dont le demi de mêlée de l’UBB a célébré l’anniversaire, lundi, en posant sur la pelouse du Ceva Campus à Bègles avec un maillot du SPUC. Un club dans lequel son père avait joué avant lui, dans lequel ses cousins évoluent aujourd’hui, et avec lequel ses oncles Jean-Léon et Jean-Louis Borthaire ont été champions de France de 1re série en 1992.

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Accaparé par ses propres phases finales avec l’UBB, Maxime Lucu n’a pas pu suivre l’intégralité de l’épopée de l’équipe de son frère. « On avait disputé notre demi-finale au Matmut face au Stade Français pendant qu’eux avaient joué la leur pas loin de Bordeaux (à Saint-Médard-en-Jalles, NDLR) », sourit le demi de mêlée international. Mais depuis ce jour-là, cette chaussette semble le guider observe Mikel Guerendiain : « Elle marque le début d’une période où tout lui réussit. » Reste à savoir si sa magie opérera aussi au Stade de France.
Calendrier
Les Fêtes de Saint-Pée. Il y aura de l’effervescence ce week-end à Saint-Pée-sur-Nivelle. Parce que Maxime Lucu disputera une seconde finale de Top 14 consécutive. Mais aussi parce que les fêtes du village se dérouleront au même moment. « Il y a toujours eu des matchs importants lors des fêtes », observe Ximun Lucu : « Je me souviens d’un jour où, le samedi matin lors de la tournée au Japon, Saint-Pée était plein parce que Max et Charles (Ollivon) étaient titulaires pour la première fois ensemble. Ça met du piment aux fêtes. »