Saint-Pée-sur-Nivelle à la Une : de Gantxiki aux frères Lucu, l’amour mêlé de la pelote et du rugby

Juin 27, 2025 | Saint-Pée/Biarritz

Saint-Pée-sur-Nivelle, terre de sport, cultive un grand amour mêlé pour la pelote et le rugby. La première passion est née et s’entretient autour d’une fierté historique. Selon la légende locale, en 1857, un ingénieux adolescent de 13 ans nommé Jean Dithurbide saisit un panier de pommes, l’accroche à son poignet et tente d’envoyer la pelote contre le mur du grand trinquet intérieur de la ferme Donamartia, à Amotz.

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À l’occasion de la série « Ma commune à la Une » dédiée à Saint-Pée-sur-Nivelle, la rédaction de « Sud Ouest » met en lumière des personnalités de la société civile qui participent, chacun à leur manière, à la vie quotidienne locale. Les voici

Les prémices d’un nouveau gant allongé, en osier, qui allait rapidement venir concurrencer le simple gant de cuir, à la fois plus petit et plus coûteux, réservé à l’époque à une élite. Une pièce de châtaignier, armée de lattes, tressée d’osier et équipée d’un gant en peau de vachette ou de mouton qui allait s’imposer partout, jusqu’aux États-Unis.

Une lettre de 1926

La belle histoire, sportive et patrimoniale, est racontée dans l’écomusée qui voisine le fronton du bourg, dédié à l’histoire de la pelote et à l’invention de la xistera (ou chistera) par cet adolescent surnommé Gantxiki (ou Gantchiki, ). Jalousé et parfois même contesté, l’acte fondateur est attesté dès l’entrée par un article publié en 1926 dans la revue « Gure Herria ». Ganich Halsouet, petit-fils de Jean Dithurbide, témoigne de cette évolution historique en évoquant « une espèce de gant avec une poche » que sont grand-père avait eu l’idée de renforcer « avec des baguettes de bois ».

Les gardiens de l’éco-musée remontent aux origines en décrivent avec plus de précision le xistera comme « un panier ou une corbeille en osier ovale aux deux extrémités pointues qui servait à recueillir les haricots, les cerises, les pommes, etc. ». La suite est quelque peu romancée. « Du jour au lendemain, n’importe qui pouvait se fabriquer un gant avec des matériaux récoltés dans les haies, au bord des chemins », entend-on depuis le salon reconstitué de la ferme Donamartia, visité par près de 3 000 personnes en 2024.

La fierté de l’invention de la chistera par Gantxiki est mise en valeur dans un petit musée. 2 938 personnes l’ont visité en 2024.
La fierté de l’invention de la chistera par Gantxiki est mise en valeur dans un petit musée. 2 938 personnes l’ont visité en 2024.
Emilie Drouinaud/ « SO »
Les anciennes gloires de la pelote s’affichent sur les murs de l’éco-musée, dans le prolongement de l’office de tourisme, le long du fronton du bourg.
Les anciennes gloires de la pelote s’affichent sur les murs de l’éco-musée, dans le prolongement de l’office de tourisme, le long du fronton du bourg.
Emilie Drouinaud/ « SO »

Le succès de ce gant qui allait permettre de taper plus fort, plus loin et plus haut fut d’autant plus retentissant qu’il coïncida avec l’introduction d’un noyau de caoutchouc dans les pelotes. Il serait en revanche trompeur de limiter le champ de cette évolution majeure à la seule trouvaille de Gantxiki. Un large et vibrant hommage convient en effet d’être rendu à tous les grands pelotaris et fabricants de l’époque qui participèrent à cette révolution. Dont bien sûr la famille Lacarra, fabricants historiques de gants et chistera à Ascain.

L’héritage de Gantxiki, contemporain de trois grands pelotaris dont les noms sont inscrits sur le fronton du bourg (Chabatene Chipy, Santiago Lassaga et Téophile Bonnet), se prolonge aujourd’hui dans une arène qui porte son nom. La pelote senpertar, d’abord pratiquée au sein des associations Senpertarrak puis Hemak Hor, fut la première à être créée au sein du Spuc Omnisports. C’était en 1976, en même temps que le rugby. Près d’un demi-siècle plus tard, elle reste l’une de ses grandes fiertés. « Je ne sais pas si les éducateurs rappellent cette histoire à nos jeunes mais, s’ils ne le font pas, il faudra qu’on pense à le leur suggérer », répond à la volée le président de la section.

Quatre boucliers depuis 1984

Sébastien Lazcano dresse le tableau d’une discipline qui continue d’attirer, « chez les garçons comme chez les filles ». Il regrette en revanche de devoir limiter le nombre de spécialités enseignées, et donc de licenciés, faute d’infrastructures suffisantes et adaptées. Le compteur est depuis plusieurs années bloqué à environ 250 licenciés, en main nue, joko garbi et pala gommes pleine et creuse. « La section vit bien mais il nous faudrait au moins un mur à gauche ou un fronton place libre supplémentaire », glisse-t-il en formulant l’espoir de pouvoir relancer a minima le xare, « qui a été longtemps pratiqué ici ».

La section vit bien mais il nous faudrait au moins un mur à gauche ou un fronton place libre supplémentaire

Côté rugby, tout ou presque a été raconté dans ces colonnes. Notamment l’immense joie et fierté de compter parmi les anciens joueurs du Spuc et natifs du village les Internationaux du XV de France que sont Charles Ollivon et Maxime Lucu. Le président de la section, Mikel Guerendiain, fit lui aussi vibrer les supporteurs vert et noir. D’abord dans sa jeunesse, lorsqu’alors qu’il faisait des ravages comme deuxième ligne à Nafarroa l’enfant du village fut sélectionné dans le XV d’Arménie. Un improbable concours de circonstances qui sera raconté dans le détail dans le prochain numéro du magazine « Raffut ».

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Les derniers grands frissons partagés au stade du château remontent à 2024. Cette année-là, le club remporte le titre de champion de France de Régionale 2. Avec dans ses rangs Ximun Lucu, le frère de Maxime. C’était le quatrième titre de champion de France dans l’histoire du club (après 1984, 1992 et 2014). Trois autres boucliers avaient été levés au terme de cette folle saison, par l’équipe réserve et chez les jeunes.