ALBI. La saison 2025-2026 de la SNA-Tarn : vivante, libre, engagée

Juin 20, 2025 | Albi

Entre temps forts incontournables, projets dédiés à la jeunesse, et partenariats engagés, cette saison célèbre le collectif, la joie et la diversité des expressions artistiques. De la musique à la danse, du théâtre au cirque, elle invite le public à vivre pleinement chaque instant, dans un dialogue constant entre tradition et modernité.

Une saison sous le signe du collectif, du mouvement et d’un goût contagieux pour la création : à l’aube de sa 3e année de direction, Nathalie Besançon affirme l’élan de la Scène nationale d’Albi-Tarn. 83 spectacles, 186 représentations, dont 47 à destination du jeune public, et, comme un fil tendu dans le paysage tarnais, 8 spectacles en tournée avec « Au fil du Tarn », soit 71 dates de plus. Cette vitalité repose sur un ancrage fort : celui d’un soutien constant, à la fois municipal, départemental, régional et national. Et sur une conviction artistique : offrir un espace aux écritures contemporaines, aux langages pluriels, aux artistes d’aujourd’hui.

Le cœur battant de cette maison se donne à lire dans la présence accrue de spectacles coproduits ou créés avec la Scène nationale : 16 cette année. Parmi les artistes fidèlement accompagnés, trois figures traversent la saison avec force : Caroline Melon, Camille Duvelleroy et Eve Risser. Chacune à sa manière, elles arpentent les territoires artistiques et sociaux, creusent leur sillon et inventent des formes à hauteur d’humain.

Avec Caroline Melon, c’est la chanson populaire qui devient terrain d’enquête sensible : sa prochaine création, attendue pour 2026-2027, se prépare déjà en lien étroit avec les équipes. Camille Duvelleroy, elle, interroge les langages numériques comme lieux d’expression et d’imaginaire : son projet « Les Burgers sanglants », une fiction interactive diffusée sur Arte, YouTube et Twitch, sera projeté à la salle Arcé le 31 octobre. Un événement à vivre en direct, dans une salle transformée en plateforme d’interaction collective.

Une saison tournée vers le collectif

La pianiste et compositrice Eve Risser, quant à elle, est une artiste associée au long cours. Cette saison, grâce à un soutien du ministère de la Culture et de la SACEM, elle développe plusieurs volets d’un parcours ambitieux : une création dans le cadre de Riverrun, un concert avec l’orchestre La Sourde en novembre, un autre avec l’Ensemble Ensemble pour l’Albi Jazz Festival. Et un geste inédit, à la croisée de la transmission et de l’engagement : la constitution d’un orchestre éphémère 100 % féminin, « Young Girls in the Band » avec de jeunes instrumentistes âgées de 8 à 18 ans, réunies au printemps pour une colo musicale autour de Carla Bley. Le fruit de ce travail sera présenté début mai.

Au fil de la saison, d’autres noms familiers réapparaissent, comme des compagnons de route : le metteur en scène Baptiste Amann, le chorégraphe Emmanuel Eggermont, les artistes de Baro d’evel, l’autrice Claudine Galea. Ils sont ce que Nathalie Besançon appelle des « fils rouges » : présents à la fois sur scène et dans d’autres formats, stages, rencontres, projections, ils tissent un lien avec les publics, ouvrent des espaces de pensée et de pratique.

 

Cheminer ensemble, de spectacle en spectacle

 

Parmi les temps forts qui scandent l’année, À la belle étoile ouvre ouvre la saison. Dédié à l’enfance et à la famille, ce temps fort s’épanouit à l’air libre, en plein cœur d’Albi, avec des spectacles pensés pour tous les âges, à découvrir en extérieur dans une ambiance conviviale. C’est un moment précieux dans la saison : une façon de dire que l’art peut surgir partout, même là où on ne l’attend pas. Bivouac, lui, s’adresse aux jeunes, au sens large. Aux adolescents, aux jeunes adultes, à cette génération en mouvement dont les préoccupations irriguent de plus en plus les scènes contemporaines. Conçu en lien étroit avec les équipes éducatives et sociales, ce temps fort mêle spectacles, ateliers, rencontres, parfois même des créations participatives. Il donne à voir un théâtre à vif, ancré dans l’aujourd’hui, qui parle du monde tel qu’il est ressenti à 16, 18 ou 20 ans. Et il le fait sans condescendance, avec la volonté d’ouvrir, de dialoguer, de transmettre.

Le festival Tons Voisins, enfin, viendra clore la saison en juin avec, en 2026, une édition anniversaire pour ses vingt ans. Porté par Denis Pascal, ce festival de musique de chambre invente chaque année un chemin singulier dans le répertoire, entre fidélité et audace. Il s’inscrit dans une démarche exigeante, mais jamais élitiste, en faisant dialoguer les œuvres du passé avec les sensibilités d’aujourd’hui. Là encore, la transmission est au cœur. Le territoire est partie prenante, et la musique s’y déploie avec chaleur.

La programmation dans son ensemble se distingue par sa richesse de formes. Le cirque (Petit Travers, Cie XY, Baro d’evel), la musique orchestrale (Orchestre du Capitole, Fire ! Orchestra), la danse (Marco da Silva Ferreira, Mal Pelo) et bien sûr le théâtre s’y croisent, avec une vitalité assumée. Ce sont souvent des équipes nombreuses, des collectifs en scène, porteurs d’une énergie qui fait écho à ce que nous traversons : une époque où «  on a besoin de se donner de la force collectivement  ».

Ce besoin se ressent dans l’attention portée aux esthétiques hybrides, aux passerelles entre disciplines et aux imaginaires pluriels. On y rencontre des œuvres enracinées dans le folklore caribéen, basque, anglo-saxon, ou encore soufi. Des artistes venus de La Réunion, d’Afrique de l’Ouest ou de Catalogne s’invitent dans cette mosaïque, dessinant une géographie du sensible à l’échelle du monde.

 

Un grand bal pour ouvrir la danse

 

Mais la joie, aussi, est un fil rouge. Non pas une joie naïve, mais une joie comme un choix, comme une réponse. «  Il y a des artistes qui cherchent à faire œuvre d’espérance  » note Nathalie Besançon. Parfois, ce sont de grandes tribus sur scène. Parfois, des duos plus intimes. Dans tous les cas, il s’agit d’ouvrir des fenêtres, d’éclairer ce que nous pouvons encore célébrer, ensemble.

Et cette année encore, tout commence par Sextant. Mais différemment. Exit l’ouverture circassienne, place à un manifeste joyeux et collectif. Le 27 septembre, le parvis du Grand Théâtre se transforme en piste de danse : la compagnie La Piste à Dansoire ouvre le bal, littéralement. Trois heures de musique live, de danses, de rires et de fête : un bal populaire, mais revisité, orchestré par des danseurs et musiciens aguerris qui savent, mieux que personne, inviter les corps à se délier. Ce bal-là n’a rien de classique, il est vivant, généreux, ouvert, et gratuit. On danse, on pique-nique, on partage, et la nuit se prolonge dans le hall du théâtre, en dedans-dehors joyeusement fluide, avec le DJ Djan Low Selektah, et ses mix aux accents du monde. Une manière d’ouvrir la saison dans un élan de convivialité, et de rappeler que ce lieu est d’abord un espace à habiter ensemble.

La carte SNA offre un accès à prix réduit à plusieurs spectacles toute l’année, avec la possibilité d’en ajouter à tout moment. En venant 45 minutes avant l’ouverture des portes, tentez votre chance début du spectacle, est souvent méconnu, alors qu’il permet de profiter de places même sur des spectacles complets. Le tarif dernière minute à 10 € pour les moins de 30 ans. Si les spectateurs arrivent 45 minutes avant le début de la représentation, des places sont toujours disponibles, même lorsque les spectacles affichent complet plusieurs semaines à l’avance. Tentez votre chance !

Les temps forts du début de saison

Dès début octobre, le Théâtre du Centaure accueille « Entre chiens et loups », une création spectaculaire où quatre chevaux noirs partagent la scène avec danseurs et acrobates. Les artistes Manolo et Camille explorent une fusion animale-humaine en quête d’équilibre et de puissance, accompagnés par la pianiste Agathe Di Piro et le chanteur-compositeur Walid Ben Selim. Deux représentations, les 2 et 3 octobre, à ne pas manquer.

Walid Ben Selim poursuit ensuite sa tournée musicale « Here and Now » à travers le Tarn, du 7 au 16 octobre. Ce concert, qui mêle rap, punk, rock, jazz et poésie arabe, fait dialoguer les langages et les cultures, notamment autour des poètes soufis et contemporains tels que Mahmoud Darwish, porté par la complicité musicale de la harpiste Marie-Marguerite Canot.

En octobre, un spectacle s’inscrit dans une ambiance joyeuse et familiale. Après le succès de Buster l’an dernier à Cap Découverte, Mathieu Bauer revient avec une nouvelle création destinée au jeune public. Il s’agit d’une adaptation du même film de Buster Keaton, accompagnée de la musique entraînante qui l’avait marquée, mais cette fois revisitée avec une dramaturgie inédite qui explore avec humour l’art et le génie burlesque de Keaton.

Novembre verra la venue de « Marianne Martin », une création en solo de Jeanne Maignan qui clôturera un parcours partagé avec des comédiens amateurs. Drôle et percutant, ce spectacle interroge avec humour les valeurs républicaines et l’engagement citoyen, s’inscrivant dans l’esprit d’un théâtre ancré dans le monde contemporain.

Début décembre, la soirée Hall Campus mettra à l’honneur “Petit Travers”, une création jonglée contemporaine mêlant dix jongleurs et un quatuor de musique de chambre. Cette proposition festive et gratuite, pensée pour les étudiants, conjugue musique classique, langage visuel et prise de parole engagée, incarnant la diversité et l’ouverture qui traversent la saison.

Parmi les rendez-vous majeurs, la présence exceptionnelle de l‘Orchestre du Capitole de Toulouse souligne l’ancrage de la Scène nationale dans un dialogue entre excellence et innovation. Sous la direction de son chef invité, l’orchestre offrira un programme mêlant œuvres classiques et créations contemporaines, promettant un moment d’intensité musicale rare pour le public albigeois.