La 10eme session de la Conférence des Parties à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO a commencé ce matin à Paris. À cette occasion, le ministre de la Culture du Canada Steven Guilbeault est sur place et doit aujourd’hui et demain renforcer les partenariats culturels et linguistiques avec la France. Nous parlons avec lui des relations culturelles franco-canadiennes.
Le ministre canadien est à Paris pour évoquer avec la France trois enjeux majeurs : la diversité des expressions culturelles, une coopération culturelle sur l’espace numérique, et l’audiovisuel public. Steven Guilbeault souligne son intérêt pour le fonctionnement des médias publics en France. Qu’est-ce qui retient son attention sur ce sujet ? « Dans un monde où la désinformation prend de plus en plus de place, nous avons besoin de sources d’informations fiables. Que ce soit en France, que ce soit au Canada, que ce soit ailleurs dans le monde, depuis de nombreuses décennies, le rôle des diffuseurs publics a toujours été d’une importance capitale. Mais je pense que c’est encore plus le cas aujourd’hui. Donc nous suivons avec intérêt le débat et le projet de loi que la ministre Dati a déposé, puisque nous sommes nous-mêmes au Canada à faire un exercice semblable sur une modernisation de notre diffuseur public, Radio Canada, ou Canadian Broadcasting Corporation comme on les appelle par chez nous, pour nous assurer que le diffuseur public a tous les outils nécessaires dans un monde de plus en plus numérique, dans un monde de plus en plus polarisé. »
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Le financement de l’audiovisuel public canadien et sa réglementation font l’objet de discussions. « La Société d’État Radio-Canada inclut déjà le numérique, la radio et la télévision. Par contre, au niveau du financement – et je sais que c’est l’un des sujets de discussion ici en France – au Canada, c’est le gouvernement canadien qui décide du financement du diffuseur public. Nous voulons changer ça pour que ça devienne le Parlement et non pas seulement le gouvernement qui se prononce sur le financement du diffuseur public. Nous voulons augmenter de façon importante, donc pratiquement doubler le financement du diffuseur public au Canada pour lui donner les moyens nécessaires pour faire face aux défis d’aujourd’hui. »
Le ministre canadien est à Paris aussi parce qu’on célèbre le 20ᵉ anniversaire de la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle. Quelles mesures compte-t-il mettre en œuvre pour préserver et promouvoir le français et les langues autochtones dans la sphère culturelle ? « Il y a cinq ans, alors que j’étais ministre du Patrimoine, j’ai, pour la première fois dans l’histoire du droit canadien, introduit un projet de loi qui a force de loi maintenant au Canada, sur une réforme de la loi sur la radiodiffusion. Cette loi-là n’avait pas été modernisée depuis près de 40 ans au Canada. L’objectif de la loi est double. D’une part, nous voulons nous assurer que les plateformes numériques rémunèrent les artistes québécois, canadiens, autochtones, de façon équitable. Ce projet de loi-là nous a aussi permis d’introduire dans le droit canadien le concept de découvrabilité, afin que les algorithmes de ces plateformes numériques ne suggèrent pas à leur clientèle seulement de la musique, des blockbusters internationaux notamment américains ou britanniques. »
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Aujourd’hui, les algorithmes favorisent l’anglais. La loi permet donc « qu’il y ait des éléments pour favoriser la découvrabilité d’artistes francophones, d’artistes québécois, d’artistes canadiens, d’artistes autochtones. Et je pense que c’est exactement ce dont nous discutons ici à l’UNESCO : comment nous assurer, dans un monde de plus en plus numérique où les plateformes qui dominent sont largement des plateformes anglosaxonnes, qu’il y a une pluralité de cultures, de langues, qui soient reflétées et qui soient proposées aux publics de différents pays à l’échelle de la planète par ces algorithmes-là, et non pas seulement la dominance anglosaxonne que l’on voit présentement.«
En quoi un partenariat avec la France peut-il contribuer à cette découvrabilité ? « La France joue un rôle très important au niveau de la francophonie bien sûr, mais aussi au niveau international, dans le cadre de ces négociations. »Le fait qu’en France, il y ait également une réflexion là-dessus et sur le rôle de son diffuseur public, comme c’est le cas au Canada, se prête très bien aux discussions que nous avons ici à l’UNESCO. Le partenariat entre entre la France et le Canada, pour nous, est une chose tout à fait naturelle pour unir nos forces afin de pouvoir en faire plus ensemble qu’on ne pourrait le faire si nous étions seuls.«
Marie Sorbier dit avoir été marquée par la présence des peuples autochtones dans la culture quelques mois plus tôt lors d’un reportage à Montréal. C’est par exemple le cas au musée McCord où se trouvait une grande exposition sur les peuples autochtones. En tant que ministre de la Culture, est-ce que Steven Guilbault souhaite que le développement et le renouvellement de la place des autochtones se poursuive ? « Oui, absolument. D’ailleurs, en tant que ministre de la Culture, je suis également le ministre responsable de la Loi sur les langues autochtones, qui a été adopté en 2019. Elle prévoit un certain nombre de choses, dont une augmentation importante du financement de l’État fédéral canadien pour les langues autochtones. Il y a 70 langues autochtones au Canada. Nous avons également créé un bureau du commissaire aux langues autochtones, au même titre que nous avons depuis de nombreuses décennies au Canada le commissaire aux langues officielles, donc le français et l’anglais. Nous avons maintenant le bureau du commissaire aux langues autochtones qui vise à s’assurer du maintien, de la promotion et de la visibilité des langues autochtones à travers le pays, notamment dans l’univers culturel. Au Canada que ce soit à la télé, que ce soit à la radio, que ce soit sur le numérique, on voit maintenant de plus en plus des émissions autochtones par et pour les autochtones, mais aussi par les autochtones, pour le grand public canadien. Pour augmenter la compréhension, pour augmenter la visibilité de la culture et des langues autochtones. Vous allez me dire que 2019 est relativement récent. Mais je pense que cela témoigne d’une grande volonté du gouvernement fédéral canadien, mais aussi de la population en général, d’en apprendre plus et de mieux connaître les cultures autochtones canadiennes. »
- La fréquentation des théâtres privés se maintient et rajeunit. C’est ce que nous apprend une récente étude menée par Médiamétrie, selon laquelle 11,3 millions de français sont allés au théâtre ces douze derniers mois. Le sondage montre qu’ils sont 7% de moins que l’an dernier certes, mais cela reste 30% de plus qu’en 2019. L’étude donne cependant un chiffre nettement positif pour les théâtres privés : la moyenne d’âge a baissé de 5 ans par rapport à l’an dernier et passe donc à moins de 41 ans. Plus globalement, 61% des Français aimeraient aller plus au théâtre, mais ils sont 69% à continuer de penser que cette sortie coûte trop cher.
- Pour autant, tous les théâtres ne sont pas confiants dans leur avenir. Loin s’en faut. À Bagnolet, le théâtre de l’Échangeur a alerté sur un risque de fermeture d’ici l’an prochain. Le théâtre associatif a appris début mai que son financement par la DRAC baissait de 60 000 euros, après une baisse de 20 000 euros l’an dernier. A cela s’ajoute la coupe des subventions du département de 15 000 euros, et c’est 15% du budget total qui disparaît pour le L’Echangeur cette année. Dans ces conditions, Le théâtre ne pourra pas travailler au-delà de juin 2026. La dernière décision de coupe leur paraît “incompréhensible”, alors même que leur fréquentation augmente depuis 2017 pour atteindre 9000 spectateurs en 2024.
- Le Hellfest va faire du bruit à partir d’aujourd’hui. Le festival de musiques dites “extrêmes” où règnent le rock et le métal va accueillir 60 000 participants par jours jusqu’au 22 juin à Clisson, près de Nantes. 180 groupes vont se succéder. Muse, Linkin Park, Korn, Scorpions, ou encore les Sex Pistols font partie des têtes d’affiche. Mais le festival s’ouvre cette année à d’autres types de musique puisqu’un groupe de hip-hop par exemple va s’y produire. Autre nouveauté : la “purple house”, présentée comme une boite noire immersive avec une scène à 360 degrés. Cette édition fait par ailleurs l’objet de polémiques, puisque sera présent sur scène le batteur norvégien Bard Eithun, condamné en 1994 à 14 ans de prison pour avoir tué de 37 coups de couteau un homme gay. Et Ronnie Radke, , le leader du groupe américain Falling in Reverse, qui a été condamné pour coups et blessures aggravés, et pour des violences commises sur son ex-compagne.