Rarement un festival « classique » n’aura coché autant de cases, sans pouvoir être classé dans aucune. De retour pour son édition 2025 à partir de ce vendredi 20 juin, Pulsations sait créer la surprise, porté par le vaisseau amiral de cette biennale du génie nomade : Pygmalion. Il y a deux ans, la bande à Raphaël Pichon traînait ses guêtres dans un lieu nouveau, avec un chef-d’œuvre rebattu auquel ils faisaient faire un pas de côté : le “Orphée et Eurydice” de Glück, dans la très industrielle et doucement décrépie Halle 47 de Floirac.
Dans cet ancien entrepôt ferroviaire, l’ensemble habitué aux voûtes sacrées avait trouvé sa cathédrale. Les voilà donc de retour dans leur temple de fortune, pour un nouveau spectacle : « La Passion grecque » du compositeur tchèque Martinu. Véritable opéra éphémère, la Halle 47 est en pleine effervescence cette semaine avec le montage de ce spectacle hors-norme.
Un laboratoire
Mais Pulsations n’est pas qu’un festival d’opéra ! C’est aussi un laboratoire de la musique de demain, où l’exploration a toute sa place, dans la formule désormais consacrée de Raphaël Pichon : « L’audace n’est pas le contraire de l’académisme. » Côté audace donc, il faudra guetter cette proposition inédite, le 27 juin à l’église Notre-Dame de Bordeaux : « A-Ronne » du compositeur italien Luciano Berio. Oubliez tout ce que vous savez sur la musique d’église ! Sans chaises, sans scène, l’installation de ce « concert » défie l’entendement : chaque spectateur se verra muni d’un casque sans fil, et pourra librement déambuler dans la nef au milieu des voix de l’ensemble HYOID.
À la base sous-marine de Bordeaux, Pygmalion avait déjà proposé ce genre de rencontre, avec un mémorable « Requiem » de Brahms. Ici, Pulsations pousse le curseur un peu plus loin… La base sera le lieu cette année d’un autre événement particulièrement séduisant, le 2 juillet : le mélange détonnant entre la Californie criante de modernité de Terry Riley et les cornemuses et bombardes des 20 sonneurs d’Erwan Keravec.
Programmation inclassable
Voilà pour les propositions qu’il était nécessaire de présenter. Pour des rendez-vous plus traditionnels, direction les lieux de spectacles habituels de la Métropole. C’est en effet à l’Auditorium de Bordeaux que Pulsations démarrera son édition 2025, avec la venue d’un ensemble baroque de grande envergure : la Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón, dans une adaptation de la production des « Indes galantes » de Rameau qui avait fait fureur à l’Opéra Bastille en 2019.
Le Rocher de Palmer à Cenon accueillera quant à lui les huit chanteuses de Bodies, ensemble vocal a cappella aux compositions pop-folk originales, quand le Trianon à Bordeaux sera lui le théâtre d’un récital piano-violoncelle-chant de David Violi, Pauline Buet et Sabine Devieilhe, autre chouchoute du public bordelais. Un tour de chant tout en douceur où Erik Satie croise Édith Piaf et Cora Vaucaire, que la soprano française a simplement appelé : « Smile ! » Bien d’autres rendez-vous sont à découvrir dans cette programmation toujours inclassable, et toujours immanquable !
Pulsations, du 20 juin au 4 juillet, Bordeaux et sa métropole. Infos et réservations sur pulsations-bordeaux.com