D’autres pièces, allant d’éditions originales à des secrets de traduction, sont regroupées dans cette collection débutée en 1970 par un bibliophile.
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Toute une collection regroupant de nombreuses œuvres de Franz Kafka sera mise en vente du 13 au 15 juin au Salon du livre rare et des arts graphiques à Paris. Au sein de celle-ci, un bien rarissime : des mots en hébreu tracés par la main de Franz Kafka.
L’écrivain passa des années à apprendre la langue hébraïque, de 1917 à sa mort en 1924, songeant à un départ en Palestine depuis sa Prague natale. Sur des épreuves de sa nouvelle Rapport pour une académie, en 1919, il fait par exemple des exercices de grammaire. Celles-ci constituent le bien le plus cher de la vente, proposées à l’achat pour 90 000 euros.
La vente se base sur la collection d’un bibliophile, Thierry Bouchet. Elle est le fruit de 40 ans de composition. « J’ai été attiré par les récits de Kafka pendant mes études médicales dans les années 70 et, à la réflexion, après un voyage dans la Prague communiste de l’époque », explique-t-il en introduction du catalogue. Dans les années 2000, il décide de se concentrer sur Kafka uniquement, ce qui le conduit à constituer une collection de 427 pièces au total.
Celle-ci contient des œuvres marquées d’autographes de l’auteur qui, bien qu’incontournable aujourd’hui, ne vendit pas beaucoup de livres de son vivant. D’où la rareté de sa signature. Parmi les incontournables, hormis le Rapport pour une académie couvert de verbes en hébreu, il y a une édition originale de La Colonie pénitentiaire (1 000 exemplaires à Leipzig en 1919) dédicacée « für Oskar », c’est-à-dire pour son ami écrivain Oskar Baum. Il y a aussi deux lettres de Kafka, à son ami Robert Klopstock en 1921 et à l’acteur Ludwig Hardt en 1924. Des éditions originales du Soutier, de La Métamorphose ou encore d’Un Artiste de la faim, recueil de nouvelles sur lequel l’auteur travaillait au moment de sa mort à l’âge de 40 ans (3 000 exemplaires en 1924), sont aussi mises en vente.
Le collectionneur s’est enfin beaucoup intéressé au travail du traducteur français qui contribua à la fortune mondiale de l’œuvre de Kafka, Alexandre Vialatte (1901-1971). Un ensemble signé de la main de Vialatte, autour de la correspondance avec sa traductrice tchèque Milena Jesenská, est proposé 50 000 euros, en quatre volumes reliés. Il s’agit du manuscrit complet, 279 feuillets noircis à la plume, de la traduction des Lettres à Milena (1956 en français), du tapuscrit, d’un ensemble de documents relatifs à cette correspondance, et de 13 feuillets de Notes sur Kafka.
« Cette collection est extraordinaire. Elle fait à mon avis jeu égal, sur la partie en langue allemande, avec celle de Breon Mitchell. Mais, sur la partie traductions, illustrations, reliures, elle est supérieure », explique à l’AFP le libraire Christophe Champion. Pour les spécialistes de l’auteur de La Métamorphose, le catalogue de vente Kafka – édité à Boston en 1997- de l’universitaire américain Breon Mitchell, traducteur de l’allemand, est une référence.