L’île d’Oléron adopte la prime à la conversion pour remettre dans le circuit des logements à l’année

Mai 23, 2025 | Royan

Dès le début de matinée jeudi 22 mai, on ne pouvait guère échapper aux déclarations du président de la Communauté de communes de l’île d’Oléron (CDC IO), Michel Parent, tant sur les ondes que sur les chaînes de télévision. Il s’agissait pour lui de répondre aux nombreuses sollicitations autour du dispositif d’encouragement à la conversion des locations de loisirs en locations à l’année, sur un territoire où trouver un logement à louer relève de la mission impossible. Cette même question, sous le titre de « Louons à l’année : instauration d’une prime à la conversion », était également au cœur des délibérations du conseil communautaire où les élus ont été conviés à voter pour ou contre le principe.

Sur le même sujet

L’île d’Oléron prête à payer les propriétaires qui arrêteront la location saisonnière

L’île d’Oléron prête à payer les propriétaires qui arrêteront la location saisonnière

Les élus de la Communauté de communes de l’Île d’Oléron veulent inciter les propriétaires à transformer leurs meublés touristiques en locations à l’année, avec une aide financière à la clé

Des doutes

Deux des élus communautaires se sont abstenus (les maire et conseillère communautaire de Grand-Village-Plage) : « Bien qu’étant d’accord avec les mesures favorisant l’augmentation du nombre de résidences principales, nous avons un doute sur l’efficacité de cette mesure, par rapport à son coût, et qui présente le risque d’être utilisée comme une opportunité de se faire de l’argent sur le dos de la collectivité par certains », commente Chantal Chartier. Une abstention qu’elle justifie par ailleurs sur l’argument que Patrice Robillard et elle-même croient davantage aux effets positifs de la limitation du nombre de meublés de tourisme dans chaque commune, de la multiplication des constructions en bail réel solidaire et de l’orientation des plans locaux d’urbanisme, « afin que les permis de construire ne soient désormais délivrés que pour les habitations principales », ajoute-t-elle.

« Cette démarche à 298 jours des élections répond à des objectifs politiques évidents ! »

En ce qui concerne Philippe Chevrier, maire de La Brée-les-Bains, et son premier adjoint Patrick Monnereau, leur vote contre se justifie par la conviction qu’« il n’y a visiblement pas d’uniformité îlienne sur ce sujet ». Et d’ajouter de leur côté qu’« avant de vouloir à tout prix loger les gens, il faudrait en premier lieu protéger l’île sur laquelle on veut les loger de l’érosion et la submersion, et leur garantir un accès aux soins ». Les motivations les laissent circonspects : « Cette démarche à 298 jours des élections répond à des objectifs politiques évidents ! »

Réunion publique

Le président Parent s’est empressé d’assurer la promotion du dispositif. Le soir même, une bonne centaine de personnes était présente à la réunion publique pour la présentation des nouvelles mesures. Toutes les possibilités, avantages et garanties pour accompagner cette conversion ont été présentés par Michel Parent qui animait la réunion avec les partenaires de l’opération : entre autres représentants de l’Association départementale pour l’information sur le logement ou du Comité local pour le logement autonome des jeunes 17, de la Garantie Visale, de Loc Avantages et de Louer pour l’emploi, autant d’entités qui ont décliné les multiples avantages que présente la location à l’année plutôt que saisonnière pour les propriétaires bailleurs. Fiscalité, aides aux travaux, accompagnements divers (gestion locative par exemple, garanties contre les impayés et les dégradations) et durée des engagements ont constitué le cœur de la présentation.

Michel Parent animait la réunion publique pour présenter les avantages de la conversion locative aux habitants.
Michel Parent animait la réunion publique pour présenter les avantages de la conversion locative aux habitants.
Corinne Pelletier

Dans les rangs du public, des propriétaires comme Gilles ne se déclaraient pas pour autant convaincus, estimant que l’engagement pour une durée de six années était excessif : « Je sais que je vais convertir ma maison de vacances en résidence principale dans quelques années et j’ai peur que cela m’empêche de le faire facilement. » D’autres, comme Maryse et Jean-Claude, se laisseraient bien tenter mais craignent d’entreprendre des démarches qui leur semblent compliquées.

Se tournant vers eux, leur voisine Marie-Lou, qui s’apprête à franchir le pas en louant à l’année l’ancienne maison de ses parents, est pour sa part convaincue : « Je ne veux pas passer mon temps à jouer les concierges et à entretenir à mes frais une maison que je n’arrive pas à louer plus de huit semaines par an (NDLR : douze étant la moyenne en ce domaine, sauf locations de prestige). » Elle se dit ravie de passer le relais tout en conservant son bien pour elle et éventuellement, un jour, l’habiter.