Les sources de satisfaction étaient nombreuses, ce dimanche 11 mai, à l’heure du lancement de la 42e édition de la grande fête des ikastola : Herri Urrats. Un grand soleil inondait le lac de Saint-Pée-sur-Nivelle, de bon augure pour les recettes escomptées au terme de cette journée. Et les animateurs militants du réseau d’enseignement immersif Seaska avaient l’espoir d’y égrener tout ce qui fait de l’apprentissage en euskara un modèle du genre.
« Malheureusement, nous sommes dans l’obligation de dénoncer autre chose », regrettait, au nom de « la ruche » Herri Urrats, le coprésident Erik Etxart. En cause, notamment : une réponse promise en mars ou avril mais toujours pas arrivée au sujet de la dotation des enseignants nécessaires pour la rentrée 2025.

Bruno Bereau
L’issue est d’autant plus importante qu’avec trois classes de plus en vue l’an prochain, Seaska a besoin de six postes en secondaire. Et que la fédération sollicite, par ailleurs, pour ses 33 écoles de primaire, cinq postes spécialisés en inclusion.
Dans la rue le 23 mai ?
Erik Etxart partage « l’inquiétude de tous » et fustige sans retenue « le grand manque de respect envers nos élèves et leurs familles ». « Alors que nous pensions avancer, nous faisons face à un danger de recul que nous ne pouvons pas tolérer. Les mots ne suffisent pas, il nous faut des actes », énonçait-il, en réclamant une mobilisation massive le 23 mai, dans les rues de Bayonne, pour réclamer « plus de postes et moins de mépris ».
« Les mots ne suffisent pas, il nous faut des actes »
Le « silence insupportable » de l’Éducation nationale, comme l’absence notable et notée de ses représentants à Saint-Pée-sur-Nivelle, préoccupent bien sûr les nombreux élus présents. Parlementaires, membres de l’Office public de la langue basque et référents de la Région, du Département et de l’Agglomération Pays basque, tous unis aux côtés de Seaska, tiennent néanmoins à regarder et montrer le verre à moitié plein.
« Signaux encourageants »
Plusieurs signaux encourageants sont en effet observés dans les discours du ministère comme du nouveau recteur d’académie. L’écoute est présentée comme inédite et une « volonté d’avancer » transpire, selon eux, des récents propos tenus sur la prise en compte de l’importance de l’apprentissage des langues régionales, à Paris comme à Bordeaux. « Il y a des choses positives. Je veux croire que les engagements seront tenus », souligne la sénatrice Frédérique Espagnac. « S’ils le sont, nous applaudirons », relève le Bayonnais Jean-René Etchegaray.
Un soutien venu du Sud
« Le gouvernement basque est à vos côtés et il est prêt à vous aider. Nous voulons être des abeilles à vos côtés ! » Ce précieux soutien a été exprimé, ce 11 mai, par Josune Zabala. La directrice de la recherche et de la coordination linguistique du gouvernement basque a non seulement salué tout le travail réalisé par Seaska mais elle a encouragé ses acteurs à tenir bon dans leurs revendications. « Continuons ensemble, comme si c’était la dernière danse, en étant conscients que ça vaut le coup », commentait-elle en s’inspirant de l’hymne de cette 42e édition, signée par le duo navarrais de Dupla.
La première s’est engagée à « ressaisir au plus vite le ministère pour que les postes soient très vite affectés, dans les 15 jours ». Sur un front plus large, la socialiste compte « remobiliser y compris le premier ministre. Nous avons un premier ministre dans notre département. Autant qu’il nous serve », annote-t-elle.
« Nous avons un premier ministre dans notre département. Autant qu’il nous serve »
Convention caduque…
Très impliqué sur le front de la défense et du rayonnement de la langue basque, le président de la Communauté d’Agglomération Pays basque (CAPB) réclame avec force une participation de l’État dans le financement de l’OPLB, « à la hauteur de l’enjeu », soit au minimum 100 000 euros par ministères concernés (Éducation, Intérieur et Culture, NDLR). La présidente de l’office basque et conseillère départementale Maider Behoteguy avait, par ailleurs, regretté précédemment d’avoir à célébrer ces retrouvailles d’Herri Urrats alors que la convention censée régir l’enseignement immersif en euskara est « caduque depuis 2022 ». « Personne ne peut s’en satisfaire », signait-elle.
Alors que certaines projections sociodémographiques de l’apprentissage en euskara à l’horizon 2050 n’incitent pas à la confiance, le premier élu de la CAPB somme tout le monde de « se remettre rapidement autour d’une même table ». Un appel très solennel à « continuer à travailler ensemble pour obtenir cette signature de convention » au risque, craint-il, d’entrer dans « une phase de régression structurelle ».
Le recteur et le directeur d’académie sont, selon lui, disposés à travailler sur de nouvelles propositions.

Bruno Bereau


Bruno Bereau