Lancé par le Département du Loiret en 2022 pour valoriser la lecture, le festival Ozélir est considérablement revu à la baisse cette année : budget divisé par 10, très peu d’événements programmés… Un choix au nom des contraintes financières, mais qui interroge.
Officiellement, ce n’est pas un abandon : le festival Ozélir, créé en 2022 par le Département du Loiret pour promouvoir la lecture et lutter contre l’illettrisme va connaître une quatrième édition, du 13 au 27 mai. Mais au vu de la réduction drastique des moyens financiers qui lui sont consacrés, et donc des événements programmés, le festival n’apparaît clairement plus comme une priorité de la politique culturelle du Département.
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Un mois de mai trop chargé, explique le Département
En trois éditions, Ozélir semblait pourtant avoir trouvé son rythme de croisière. Dictées géantes avec Rachid Santaki, séances inaugurales ou de clôture avec des intervenants prestigieux (Jean-Marie Blas de Roblès, Jean-Christophe Ruffin, Grégoire Delacourt), des ateliers à la prison de Saran, et surtout un écho sur l’ensemble du territoire loirétain : 116 événements l’an passé, impliquant 70 bibliothèques ou lieux culturels, répartis sur une cinquantaine de communes. Le tout pour un budget relativement modeste : autour de 40.000 euros, si on inclut les dépenses de communication. Cette quatrième édition devra, elle, se contenter de 4.000 euros, soit un budget divisé par 10. Avec pour conséquence, à peine une dizaine d’événements programmés cette année, dont tout de même une dictée géante, toujours avec Richard Santaki, au collège de Puiseaux (le 13 mai).
Le Département invoque les difficultés financières actuelles et un mois de mai très chargé en inaugurations, mais jure que ce n’est pas un enterrement de première classe. « Il n’a jamais été question d’annuler le festival, assure Laurence Bellais, la vice-présidente en charge de la culture, et d’ailleurs nous avons tenu à conserver le contenu pour les collégiens. Mais nous devons faire effectivement avec les contraintes budgétaires et avec un mois de mai déjà très festif et qui va beaucoup mobiliser les équipes, l’inauguration de la déviation de Jargeau le 10 mai et l’ouverture de la véloroute le long du canal d’Orléans le 24 mai. On espère l’an prochain pouvoir revenir sur un festival plus complet. » Mais la réduction de voilure s’explique aussi par la suppression d’un poste contractuel qui était affecté à l’organisation du festival.
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Un coup de rabot que ne subit pas le festival de Sully
Or dans le même temps, les moyens consacrés au festival de musique de Sully-sur-Loire sont en hausse et vont dépasser le million d’euros (dont 420.000 euros directement à la charge du Département). Il s’agit donc bien d’un choix politique, que déplore Christine Tellier, conseillère départementale écologiste du canton d’Orléans Saint-Marceau. « La lecture publique fait partie des compétences obligatoires des Départements, rappelle-t-elle, contrairement à l’organisation d’événements culturels si clinquants soient-ils. La lecture développe la compréhension du monde, la tolérance, le respect des différences. Il y a un paradoxe à sacrifier Ozélir au moment où le Département se plaint d’avoir de plus en plus d’enfants confiés, addicts aux écrans et manipulés par les réseaux sociaux. Ce festival devrait au contraire faire la fierté du Département.«
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Ozélir avait d’ailleurs reçu en 2023 la médaille d’argent du prix Territoria, un observatoire indépendant qui récompense l’innovation publique en France afin de valoriser les « bonnes pratiques » des territoires. Et lors du sondage IFOP commandé l’an passé par le Département du Loiret sur le bilan et l’action du conseil départemental, le festival Ozélir obtenait un taux de 73% de satisfaction auprès des Loirétains. Des arguments qui n’ont visiblement pas suffi à conforter cette manifestation culturelle, dont le thème cette année est « les mots de la planète bleue » (programme disponible ici).