La Rochelle : avec seulement 20 % d’étudiantes, l’école d’ingénieurs face au vaste chantier de la féminisation

Nov 10, 2025 | Royan

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Pour la première fois, l’école d’ingénieurs de La Rochelle rencontre des difficultés pour recruter. Arrivé en juin à titre transitoire, Jean-Michel Nicolle engage un plan de relance

Pour tenter d’enrayer la mécanique, l’établissement lance une chaire Leadership au féminin au travers de laquelle elle prend une série d’engagements en faveur de la mixité et de l’égalité professionnelle. « C’est une anormalité de laquelle on tente de sortir », défend-on au sein de l’école recensant près de 1 000 élèves sur le campus rochelais qui, par ailleurs, en cette rentrée 2025, multiplie les actions pour remédier à ses difficultés de recrutement.

Les invisibles

Bien que généraliste, l’école « d’ingés » de La Rochelle apparaît comme une spécialiste de la conception mécanique : « Les ateliers de production, la chaudronnerie, ce n’est pas ce qui va attirer aux premiers abords les femmes », observe Pauline Eriau-Richardson, l’enseignante qui copilote le programme. À tort, précise-t-elle. Elle a pour sa part travaillé quinze ans dans l’industrie nautique. « La mixité participe d’une dynamique dans les entreprises. »

« Les ateliers de production, la chaudronnerie, ce n’est pas ce qui va attirer aux premiers abords les femmes »

« C’est encore compliqué de féminiser les équipes alors que c’est clairement un levier de développement », renchérit Angélique Martin, ingénieure employée par Alstom et déléguée de l’association Elles bougent qui accompagne l’Eigsi dans son initiative. Cette chaire constitue, selon elle, une première à l’échelon régional.

Marraines

Le manque – pour ne pas dire l’absence – de représentation, voilà l’un des nœuds du problème, si ce n’est le premier. « On va voir à la télévision des femmes criminologues, pas de femmes ingénieures », partage l’une d’elles.

Face au besoin de modèles, l’Eigsi a demandé à 25 professionnelles de devenir les marraines de plusieurs de ses étudiantes. La rencontre s’est tenue vendredi 7 novembre. Travaillant chez Airbus, Vinci ou encore Solvay, elles leur prodigueront des conseils afin de les aider à s’affirmer dans des organisations plutôt masculines, à négocier leurs salaires ou plus globalement à oser : « Ce que j’ai envie de leur dire, c’est que, lorsqu’elles voient passer des annonces, elles n’attendent pas de se sentir prêtes pour se lancer. Nous, femmes, sommes encombrées du sentiment d’illégitimité quand les hommes, eux, se posent moins de questions. Ils vont prendre les trains qui passent et pas nous. On doit davantage oser », partage Loïs Gueret, ancienne de l’Eigsi et ingénieure pour Alstom.