Le cofondateur du studio Ghibli, avec Hayao Miyazaki, est à l’honneur de la Maison de la culture du Japon à Paris cet automne.
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Une expo à ne pas rater pour les fans d’animation japonaise : à Paris, la Maison de la culture du Japon propose jusqu’au 24 janvier une grande rétrospective consacrée à Isao Takahata qui, avec Hayao Miyazaki, a fondé le légendaire studio Ghibli. Le cinéaste s’est éteint en 2018 à 82 ans mais il laisse derrière lui une œuvre pléthorique.
Leur rencontre remonte aux années 50. Les deux hommes travaillent alors pour Toey, pionnier des studios d’animation du Japon. « Takahata fait partie de la première fournée d’assistants metteurs en scène qui sont recrutés. En fait, Miyazaki va faire ses armes auprès de Takahata qui, lui, s’est formé en autodidacte, mais vraiment dans l’idée de devenir cinéaste », explique Ilan Nguyen, conseiller scientifique de l’exposition parisienne.
Takahata signe un premier long-métrage en 1968, Horus, prince du soleil, puis il change d’employeur, développe des séries pour la télévision, comme Heidi. Le rythme est alors plus que frénétique, quasi inhumain. « Pour la série télévisée, il fallait produire 25 minutes par semaine, poursuit Ilan Nguyen. Takahata rentrait chez lui une fois par semaine pour voir l’épisode de la semaine avec ses enfants le dimanche soir, avant de repartir au studio pour y rester dormir, puisque c’était le seul moyen de tenir. C’est absolument inimaginable, en fait. »
L’exposition montre extraits et étapes de travail des films suivants jusqu’à la naissance du studio Ghibli, en 1985. Et un premier film choc, Le Tombeau des lucioles, en 1988, dans lequel il revient sur les bombardements américains et la famine pendant la guerre. « C’est un film effectivement, où la dureté n’est pas du tout édulcorée. Takahata a estimé que le cinéma pouvait nous aider à envisager en fait les expériences les plus dures de la vie », souligne le conseiller scientifique de l’exposition.
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Dans un autre genre, Pompoko, sorti en 1994, est un manifeste écologiste drôle et volontiers militant. « C’est une allégorie sur les moyens possibles de coexistence entre l’homme et son milieu naturel, analyse Ilan Nguyen. C’est aussi une allégorie de leurs propres combats syndicaux. »
« Pour un cinéaste comme Takahata, ce n’est pas du tout inhabituel de se dire qu’un film est aussi un objet politique. »
à franceinfo
Isao Takahata changeait sans cesse de ton. Son ultime œuvre, en 2013, Le Conte de la princesse Kaguya, magnifiait par des dessins sublimes une légende médiévale japonaise : « C’est quelqu’un qui a écrit énormément sur l’histoire de l’art. Il a édité des CD, il a traduit des films et donc il y a énormément de portes d’entrée dans son œuvre qui sont le reflet de sa curiosité. » Exemple : dans une vitrine, un recueil de poèmes de Jacques Prévert, dont Takahata fut le premier à proposer une traduction en japonais.
