Les jumeaux et fondateurs, Camille et Benjamin Fourt Arteaga, ont commencé l’aventure sans plan tracé d’avance, guidés par l’envie d’entreprendre au Pays basque. Tous deux ont suivi des études agricoles, l’un en production animale, l’autre en école d’ingénieurs. « On s’est posé la question de ce qu’on pouvait faire de ça. Une ferme, ce n’était pas possible : on n’avait ni terrain, ni bêtes. »
Les deux frangins cherchent « quelque chose qui sorte du lot ». Ils partent d’un constat : le patxaran n’est pas produit au Pays basque côté français. « On s’est dit qu’on en faisait déjà nous-mêmes à la maison et qu’il y avait un créneau à prendre, professionnellement », se souvient Camille. Après un an de travail, en 2015, leur première recette voit le jour, et une première bouteille est commercialisée.

Nicolas Mollo / SO
« On a grandi ici »
Comme une évidence, les débuts se situent à Saint-Pée-sur-Nivelle. « On a grandi ici, on a été dans les associations, c’est une ville qui nous a beaucoup donné. La facilité aurait été d’aller sur la côte, où le marché est plus gros. Mais c’était très important pour nous de ne pas seulement construire sur le territoire, mais de lui rendre ce qu’il nous a donné. »
« La facilité aurait été d’aller sur la côte, où le marché est plus gros. Mais c’était très important pour nous de ne pas seulement construire sur le territoire, mais de lui rendre ce qu’il nous a donné »
Dans un vieux dépôt de métallurgie, les deux frères lancent donc l’aventure, avec une petite machine où tout se fait presque à la main. Tous deux ont alors un travail à côté, mais profitent d’une grande solidarité des Senpertars, notamment de jeunes venus leur prêter main-forte pour la mise en bouteille. Une aide bénévole sans laquelle rien n’aurait été possible.
Les deux frères font le tour des bars et restaurants pour se présenter et parler de leur projet. Les premiers à les écouter jouent le jeu, et les ventes commencent à suivre. « On a défendu notre idée. Ce qui nous tient à cœur, c’est que la matière première soit issue du Pays basque. Aujourd’hui, 90 % de nos fruits viennent d’ici. » Dans cette démarche, Egiazki a planté 150 prunelliers en Navarre et 650 pommiers à Uhart-Mixe, avec l’objectif d’être un jour totalement autosuffisant en fruits.
Menta
Sans brûler les étapes, Egiazki grandit. En 2016, après le patxaran, la distillerie lance une nouvelle gamme de liqueurs avec la manzana et le patxaka. Ce dernier, « frère du patxaran », avait d’ailleurs été oublié au fil des décennies, avec la bétonisation de la Côte basque et la disparition progressive des pommiers. « Les gens faisaient ça dans leur garage, mais il n’y avait plus de fruits, alors ils ont arrêté », explique Camille.
En 2018, la petite entreprise locale prend une tout autre tournure. L’embauche d’un premier salarié, un commercial, coïncide avec le lancement de la Menta, liqueur de menthe qui représente aujourd’hui 40 % des ventes d’Egiazki. Ces deux facteurs « changent tout ». Les volumes de vente s’envolent, et les jumeaux fondateurs peuvent enfin commencer à vivre de leur activité.
En 2020, pour sortir du seul marché local et franchir un cap, Egiazki revoit la forme de sa bouteille afin de l’inscrire dans l’ère moderne du spiritueux. « On voulait que ça donne envie, que ça ressemble presque à un parfum. Et tout s’est enchaîné : c’est devenu un produit qu’on vendait au niveau national. »

Nicolas Mollo / SO
Hors du Pays basque
Après la crise sanitaire, la distillerie senpertar a ainsi connu une nouvelle grande étape avec son développement hors des frontières du Pays basque. Cette ouverture passe par la signature d’un partenariat avec un distributeur national, chargé d’assurer la commercialisation et la logistique sur le reste de la France, tandis qu’Egiazki continue de maîtriser directement sa distribution sur le territoire local.
En 2022, Egiazki élargit son horizon en développant une activité de distribution de spiritueux artisanaux. L’objectif étant de proposer aux cavistes et aux professionnels une offre plus complète, en intégrant des produits issus d’autres producteurs. En quelques mois, près de 150 références sont venues s’ajouter à la gamme existante.



