« J’avais le métal dans les mains et les témoignages dans la tête » : à Saintes, la naissance d’un bijou dédié aux femmes au sein meurtri

Nov 1, 2025 | Royan

Pauline Loubière et son bijou de poitrine en laiton, doré à l’or 24 carats
Pauline Loubière et son bijou de poitrine en laiton, doré à l’or 24 carats
Séverine Joubert / SO

Tel est le nom d’un accessoire en laiton qui recrée la forme et le volume d’un téton. Le tout est doré à l’or fin 24 carats. L’objet, qui possède une bille mobile pour « inviter au toucher » a l’air simple ; il n’en est rien. Pauline Loubière a travaillé sur une quinzaine de prototypes pendant plusieurs mois avant d’aboutir à la pièce idéale et confortable.

Ce bijou, qu’elle commercialise avec d’autres créations plus traditionnelles, a une histoire précise. Pour valider son cursus dans le design de produits, l’étudiante doit mener « un grand projet » sur le thème de « l’héritage ». Sa réflexion la conduit vers le tatouage, ses rites, ses pratiques de génération en génération. De fil en aiguille, elle s’intéresse au tatouage qui masque les cicatrices ou redessine les mamelons après une chirurgie du sein. Elle collecte des témoignages, conçoit un soutien-gorge et un maillot de bain qui correspondent aux attentes du diplôme.

Le bijou possède une bille mobile pour « inviter au toucher »
Le bijou possède une bille mobile pour « inviter au toucher »
Anamae photos

Certaines femmes s’accommodent de ce sein meurtri ; d’autres, se sentent laides, atteintes dans leur féminité. « Les paroles que j’avais recueillies s’étaient collées à ma peau », livre la jeune femme qui, en parallèle, se décide à creuser son rêve de bijoux. Elle effectue deux stages à Strasbourg, apprend grâce aux artisans qui l’accueillent. Perçage, martelage, polissage… Pauline Loubière s’approprie les gestes techniques de la production. « Au toucher, je comprends. »

Camille Goutard, sa patronne, lui suggère de travailler sur un projet personnel. Le premier bijou est trop classique, alors Pauline Loubière va chercher au fond d’elle ce qu’elle se dessine dans la tête et qui « orne la poitrine sans le tatouage ». Nüd est né. Elle le voit comme un « objet sensuel et sexy » que toute femme peut porter.

À Noël 2024, ses parents lui offrent du matériel pour réaliser ses créations et les vendre sur sa boutique en ligne undercoverbijioux.com. Le seul endroit disponible est le sous-sol de la maison. « J’ai fait les allers-retours toutes les semaines entre Lille et Saintes. » Cet été, elle a présenté sa collection sur les marchés d’Oléron, sans oser mettre en avant Nüd. Le fascicule disposé sur la table a suscité de la curiosité. Elle attendait ce moment pour le sortir et enfin, au fil des jours, a « arrêté de le cacher ».

Nüd (145 euros l’unité) est disponible en ligne et dans une boutique à Arras, dans le Pas-de-Calais. La jeune cheffe d’entreprise n’a pas encore vendu d’exemplaires mais elle croit très fort, et avec émotion, en ce produit conçu « pour se sentir belle ».