Le marché immobilier breton amorce une reprise discrète

Oct 30, 2025 | Non classé

Crédit habitat

Selon la Chambre des notaires de la cour d’appel de Rennes, le marché immobilier amorce une reprise discrète, freinée par un climat d’incertitude, en région Bretagne.

Au deuxième trimestre, le nombre de transactions ralentit et les prix s’ajustent : -1,1 % pour les maisons et -2,2 % pour les appartements anciens sur l’ensemble de la Bretagne historique. « Certains biens redeviennent accessibles, notamment pour les primo-accédants », observent les notaires. Côté financement, les conditions demeurent pour l’instant favorables : il est encore possible d’emprunter. La stabilité domine, avec des taux immobiliers sur vingt ans qui se maintiennent dans une fourchette comprise entre 3,25 % et 3,45 %.

Entretien avec Karim Ganaï, DG du Crédit Mutuel de Bretagne

Selon un récent sondage, 81 % des Français considèrent que devenir propriétaire de leur logement est une priorité. Un rêve devenu inaccessible pour certains, car ces derniers mois, les conditions se sont compliquées, en premier lieu à cause des taux d’emprunt. 

« Depuis le début de l’année, dans un contexte géopolitique et politique complexe, les taux sont remontés. Aujourd’hui, ils se situent en moyenne autour de 3,30 % à 3,50 % pour un emprunt sur 20 ans. Ce taux dépend notamment du refinancement : les banques s’adossent au marché financier et sont tributaires des notations et renotations de la France. Elles se refinancent également grâce à la capacité à mobiliser de l’épargne bancaire, comme les livrets A. »

Karim Ganaï – Directeur général du Crédit Mutuel de Bretagne
Karim Ganaï – Directeur général du Crédit Mutuel de Bretagne

L’instabilité actuelle peut-elle jouer en défaveur des emprunteurs ?

Forcément, lorsqu’il y a de l’inquiétude et peu de visibilité, beaucoup de personnes reportent leurs projets. Ainsi, lorsque certains maillons du marché s’arrêtent, cela gripper l’ensemble du marché.

Malgré cette situation complexe, le groupe Arkea, dont dépend le Crédit Mutuel de Bretagne, constate que la part des crédits habitat a progressé de 25 % depuis le début de l’année. Comment cela s’explique-t-il ? Est-ce que les Bretons ont une capacité d’emprunt plus importante ou est-ce le CMB qui prête plus facilement ?

Les deux sont liés. Même si le marché reste encore calme, on observe un retour progressif de sollicitations. Le Crédit Mutuel de Bretagne souhaite continuer à accompagner ses clients et rester la banque principale en Bretagne, en participant activement au financement de leurs projets (…) Pour nous, les primo-accédants constituent une priorité. Ils représentent 60 % des financements des résidences principales. Nous proposons des financements adaptés et personnalisés, ainsi que des plans ajustés à leur situation. Pour ceux qui dépasseraient leur capacité d’endettement, nous avons lancé Duo Primo, une offre permettant de compléter la part d’acquisition et de racheter progressivement la part financée au fil du temps. »

Karim Ganaï - Directeur général du Crédit Mutuel de Bretagne

Karim Ganaï – Directeur général du Crédit Mutuel de Bretagne

Crédit : Crédit Mutuel de Bretagne

Malgré tout, certains dossiers sont refusés. « Il faut faire preuve de patience, conseille Karim Ganaï, différer son projet ou le revoir à la baisse. Souvent, le projet est trop ambitieux par rapport aux revenus. Il peut être utile d’allonger la durée du prêt pour réduire l’impact des mensualités. L’accession à la propriété nécessite également une vision à long terme et durable.

Nous encourageons aussi des pratiques vertueuses, comme l’amélioration de la performance énergétique des logements. Nous proposons de bonifier le DPE initial et celui réalisé trois ans plus tard pour valoriser l’engagement des clients dans l’amélioration énergétique de leur habitat.

Le secteur bancaire n’aurait-il plus confiance dans l’immobilier ?

Véronique Bédague, PDG de NextCity, déclare que « plus aucun banquier ne conseille d’investir dans l’immobilier » et que le secteur n’est plus rentable. Est-ce vrai ? « Non, je ne partage pas cette vision. Certes, le marché est compliqué actuellement, mais l’immobilier reste un levier important en France. Les Français restent attachés à la pierre, et cela est encore plus vrai en Bretagne. Nous traversons une phase cyclique, similaire à celles observées dans le passé, mais je suis persuadé que le marché immobilier retrouvera de belles couleurs dans les années à venir. »