L’Étranger, Isabelle Huppert et l’histoire de Paris : la sélection culturelle de la semaine

Oct 28, 2025 | Paris

À 28 ans, Benjamin Voisin s’impose comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération, révélé par La Dernière Vie de Simon, de Léo Karmann (2020), et ayant déjà tourné avec Mélanie Laurent (Le Bal des folles), Xavier Giannoli (Illusions perdues, César du meilleur espoir masculin), André Téchiné (Les Âmes sœurs), Delphine et Muriel Coulin (Jouer avec le feu). Le jeune prodige retrouve François Ozon, après Été 85 (2020), pour incarner Meursault, le héros du roman d’Albert Camus, jugé pour meurtre à Alger en 1938. Une adaptation réussie du classique de la littérature française dans laquelle il est aussi charismatique que mystérieux. Impressionnant. Stéphanie Belpêche

De François Ozon, avec Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin. 2 heures.

La Femme la plus riche du monde

Isabelle Huppert, actrice caméléon qui tutoie l’excellence à chaque rôle, est aussi très drôle ! Elle le prouve dans cette comédie caustique, qui revient sur l’affaire Banier-Bettencourt, où le photographe a extorqué presque un milliard d’euros à l’héritière d’une marque de cosmétiques. On ne boude pas son plaisir devant le jeu exubérant de Laurent Lafitte, qui se lâche comme jamais. S. B.

La suite après cette publicité

De Thierry Klifa, avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs. 2 h 03.


À écouter

Le haut baroque

L’immense contreténor Philippe Jaroussky ne prend jamais autant d’aise que dans les cantates italiennes, et ce nouvel album le prouve. Si son Cessate, omai cessate est carré, on se réjouit de le voir s’envoler dans l’œuvre de Porpora composée pour le castrat Farinelli Perdono, amata Nice, et offrir sa pleine sensibilité dans le Mi palpita il cor de Haendel (la seule digression anglaise à ces compilations de la Botte), non seulement parce que la partition s’y prête, mais surtout parce que le temps a conféré une maîtrise intime de l’ancien sujet saxon. De tubes en cantates moins connues, l’album se déroule et nous réjouit. Georges Grange

Gelosia ! Italian Cantatas, Philippe Jaroussky, Artaserse, Warner Classics/Erato.


À voir

Le monstre de Florence

Stefano Sollima, le créateur de la série culte Romanzo criminale, aussi réalisateur de certains épisodes de Gomorra, revient avec un nouveau thriller à glacer le sang. Une histoire vraie, à l’italienne toujours, qui retrace cette fois le parcours sanglant d’un tueur en série qui semait la terreur dans les rues de Florence entre 1968 et 1985. Sa spécialité ? Les couples qui roucoulent dans leur voiture… Sans fioritures, magnifiquement réalisée, cette traque en quatre épisodes signée Netflix est un modèle du genre. Florian Anselme

De Stefano Sollima, avec Francesca Olia et Marco Bullita. Quatre épisodes de 60 minutes. Disponible sur Netflix.

Roman fleuve

C’est bien connu : l’aventure se trouve toujours en bas de chez soi. Adapté de l’œuvre à succès de Philibert Humm, Roman fleuve raconte l’histoire vraie de trois amis d’enfance qui se mettent en tête de descendre la Seine sur l’ex-canoë de Véronique Sanson. Sous les ordres de Phil, capitaine autoproclamé de l’équipage, l’embarcation de fortune tente tant bien que mal de voguer de Paris à la mer au doux son de la voix de Sylvester Stallone dans Rambo ! On se délecte des facéties de cette jeune troupe de théâtre qui joue les pieds nickelés avec une niaque communicative. Pascal Meynadier

À la Folie Théâtre. Jusqu’au 9 novembre. folietheatre.com


À lire

L’encyclopédie des « gros cubes »

Pour raconter un siècle de motos, 200 modèles ont été retenus. Les motards sont d’une grande civilité puisqu’ils sont les seuls pilotes à se saluer quand ils se croisent. Cette finesse se retrouve dans l’ouvrage qui met à l’honneur des bijoux technologiques, du tricycle monocylindre De Dion-Bouton (1895) au bolide Brough Superior Dagger (2023) capable d’atteindre 210 km/h sur piste, « of course ! » Les illustrations prouvent que les plus belles motos sont des objets d’art qui permettent de se déplacer, d’authentiques sculptures mouvantes, telles les Triumph Bonneville, Harley-Davidson, BSA, Motobécane 1936 avec side-car. Un album collector. Bernard Morlino

100 ans de motos, sous la direction de Francis Dréer, préface David Dumain, Glénat, 352 pages, 39,95 euros.

Humanités, mode d’emploi

« À vous tous, /héroïques apprentis du grec, /du latin, de la vie adulte. » L’exergue donne le ton d’un manifeste clair et joyeux. Dans Pourquoi étudier le latin et le grec (n’)est (pas) inutile, Andrea Marcolongo, brillante passeuse de La Langue géniale. 9 bonnes raisons d’aimer le grec et de L’Art de résister (sur l’Énéide), plaide, à rebours de l’utilitarisme ambiant, la cause des humanités : grammaire, déclinaisons, vocabulaire deviennent des outils d’émancipation, une gymnastique pour « ouvrir son esprit », mieux formuler des mots et des idées et répondre aux grandes questions de la vie et des hommes : qui sommes-nous ? Comment habiter le monde ? Ce petit précis, vif et pédagogique, invite à « se remettre à l’ouvrage » pour retrouver nos racines et un monde commun. Un livre à glisser dans sa poche et à mettre entre toutes les mains – dès 11 ans, précise l’éditeur. Alix Avril

Andrea Marcolongo, auteur de « Pourquoi étudier le latin et le grec (n’)est (pas) inutile ».

Pourquoi étudier le latin et le grec (n’)est (pas) inutile, Andrea Marcolongo, Le Livre de poche, 96 pages, 7,70 euros.

Raconte-moi l’histoire de France

Ancienne institutrice, Gwenaëlle de Maleissye a mis son expérience au service des enfants pour transmettre sa passion. Jalonné de citations célèbres, son livre déroule le récit de l’histoire de France, de la Préhistoire à la Seconde Guerre mondiale. La guerre de Cent Ans, Louis XIV, l’art de vivre au XVIIIe siècle… En une soixantaine de chapitres, elle évoque des périodes clés, de grandes figures ou des thèmes de société à travers le regard d’un personnage. Les illustrations, les cartes géographiques et quatre CD facilitent l’apprentissage. Loin des manuels désincarnés, l’auteur renoue avec une pédagogie simple et exigeante qui célèbre la beauté de notre histoire. Élisabeth Caillemer

L’Histoire de France racontée pour les écoliers, Gwenaëlle de Maleissye, Critérion-Fondation pour l’école, 160 pages, 39,95 euros. À partir de 8 ans.

Paname en version originale

Paris a 20 arrondissements mais Didier Chirat présente 50 histoires insolites qui n’apparaissent pas d’habitude dans la description des quartiers de la capitale. L’historien débusque l’âme des lieux avec un insatiable appétit de découverte pour faire partager des faits méconnus : dès le 14 juillet 1789, 800 révolutionnaires démolissent la Bastille pour en retirer des blocs de pierre qui se retrouveront dans le pont de la Concorde. Et saviez-vous que le Palais-Royal était un lieu de débauche avant la Révolution ? L’album astucieusement illustré est à mettre sous tous les yeux. B. M.

Stupéfiante Histoire de Paris, Didier Chirat, Larousse, 216 pages, 25 euros.


Le mot rare

Chérophobe : qui a peur du bonheur

Qu’est-ce qui nous empêche, nous-mêmes ou nous autres, de nous effrayer du bonheur ? Sa fragilité ? La culpabilité d’être joyeux dans un monde violent ? La crainte de ne pas avoir d’histoires, puisqu’il est dit que les gens heureux n’en ont pas ? Il y a pourtant un pays – les États-Unis – qui a inscrit la poursuite du bonheur dans sa Constitution. Alors, pourquoi le redouter ? On peut bien accuser sa famille ou sa culture, il revient à chacun de se libérer de cette peur, pour, enfin, courir vers la joie parfaite : on y a droit.