Sur le modèle de Bordeaux fête le vin – qui a lieu tous les ans en juin, sauf en 2026 – Hong Kong propose la sienne depuis 2009. Un événement d’ampleur – dénommé Hong Kong Wine and Dine – coorganisé par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) et qui se tient, cette année, du jeudi 23 au dimanche 26 octobre. Une délégation d’une cinquantaine de professionnels girondins (vignerons, négociants) a fait le déplacement Avec plus de 150 000 amateurs attendus, les stands de dégustation sont très fréquentés.
Fukuoka, Québec, Hong Kong… À Bordeaux fête le vin, la discrète « diplomatie des villes » à l’œuvre
À l’occasion de la fête du vin, toute une mécanique de réseaux et de partenariats utiles au monde du tourisme ou de l’économie viticole se met en place, comme une « diplomatie » politique parallèle
« Il s’agit d’être présent sur ce marché important pour Bordeaux. Le débouché chinois a beaucoup fléchi ces dernières années. On espère tous un redémarrage et cette grande manifestation promotionnelle peut y contribuer », explique Christophe Château, responsable de la communication au CIVB. En effet, alors que la Chine (Hong Kong et Macao compris) importait 80 millions de bouteilles de bordeaux en 2018 (c’était alors un record), ce n’était plus que 30 millions en 2024. Ce qui représentait 349 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une dégringolade qui est une des causes de la crise sévère que traverse tout le vignoble.
Singapour en concurrent
Avec une organisation au millimètre et de nombreuses animations, Hong Kong a mis le paquet sur cette fête (8,5 millions d’euros de budget) car il s’agit pour elle de sortir de l’ornière. Mise à genoux par le Covid, elle cherche à garder cette place de plaque tournante du commerce du vin en Asie, un rôle ouvertement convoité désormais par sa voisine de Singapour.
Guillaume Bonnaud / SO
« Les visiteurs sont jeunes – 25 à 40 ans – et ont envie de s’initier au vin et d’en consommer. Hong Kong est une ville de gastronomie et le gouvernement de Pékin veut renforcer cette particularité », poursuit Christophe Château. L’École du vin – une émanation du CIVB – propose ainsi de multiples formations express (trente minutes).
« Hong Kong est une ville de gastronomie et le gouvernement de Pékin veut renforcer cette particularité »
Sur les stands installés sur la baie, avec les gratte-ciel en arrière-plan, des rouges, des blancs et des liquoreux sont servis par les Girondins qui ont fait le déplacement. Des importateurs locaux sont également présents sur le site, ainsi que des pavillons avec des producteurs venus d’autres pays. Notamment d’Australie, qui a fait du marché chinois une priorité commerciale.
Dernier point : les vins chinois. Il s’en produit, semble-t-il, beaucoup – les statistiques chinoises sont sujettes à caution – et leurs propriétaires profitent aussi de cette vitrine pour montrer leurs progrès qualitatifs.
On le constate bien à travers cette fête taille XXL : l’immense marché chinois (1,4 milliard d’habitants) attise toutes les convoitises.
170 ans pour les crus 1855
Cette fête du vin hongkongaise est aussi marquée par la célébration des 170 ans du classement 1855. Un classement qui compte 61 châteaux dans le Médoc et à Pessac-Léognan (pour un total de 4 200 hectares) et 27 dans le Sauternais (1 000 hectares). Dix de ces vins ont été servis lors d’un dîner de gala réunissant 150 invités. Nombre de châteaux organisent aussi sur place des dégustations de prestige.