Occitanie : les notaires réclament “un sursaut politique » pour freiner la crise immobilière

Oct 24, 2025 | Non classé

Jeudi 16 octobre, lors de leur point annuel, la Chambre des notaires de l’Hérault et les Notaires du Midi ont dévoilé les chiffres du marché immobilier pour la période du 1ᵉʳ juillet 2024 au 30 juin 2025. Après deux années de fort repli, les ventes repartent timidement : 24 120 transactions enregistrées, soit une hausse de 3,8 %. Mais derrière ces chiffres encourageants, le discours est resté grave : entre taux d’intérêt élevés, rareté du foncier et dispositifs publics en suspens, la reprise apparaît comme un sursaut fragile plus qu’un rebond solide.

Les notaires martèlent l’urgence d’un retour de la stabilité politique et d’une vision nationale du logement. Laurent Vialla, président de la Chambre des notaires de l’Hérault, résume le sentiment général : “On a besoin d’une stabilité et d’une vision à long terme. Aujourd’hui, on navigue à vue.” Pour les professionnels, l’avenir du marché et de leur profession dépend désormais des décisions de l’État.

“On repart un peu, mais sur du sable”, illustre Laurent Vialla, face au rapport annuel du marché de l’immobilier héraultais. Car si les chiffres montrent une légère amélioration, ils interviennent dans un contexte globalement incertain. “Ça bouge, oui, mais on part de très bas. Et surtout, il n’y a aucun élément de stabilité : ni national, ni international, ni social, ni politique”, insiste-t-il. Dans les études notariales, la reprise est tangible, mais les volumes restent bien loin des niveaux de 2021.

Cette incertitude pèse lourd sur les comportements. Valéry Flandin, notaire à Montpellier et coprésentateur des chiffres, observe “un marché dominé par l’attentisme”. Les acheteurs hésitent, les vendeurs temporisent. Les plus jeunes renoncent souvent à devenir propriétaires : “Les primo-accédants sont les grands perdants. Entre taux d’intérêt, fin du prêt à taux zéro et pouvoir d’achat en berne, le rêve immobilier devient pour certains un mirage”. 

Le marché de la maison individuelle s’effondre, le terrain à bâtir reste “dans le rouge”. Même les investisseurs, jadis moteurs, se replient : “Ceux qui ont déjà investi attendent de voir où va le pays”, ajoute Laurent Vialla.

Les notaires ne mâchent pas leurs mots. “On ne sait pas trop si c’est bien reparti ou pas”, admet le nouveau président des Notaires du Midi, Franck Selieye, avant de pointer le cœur du problème : “l’absence d’une vraie politique du logement”.

“On attend une vision. Le statut du bailleur privé, on l’annonce depuis des années, on ne le voit toujours pas venir”, déplore-t-il. Les professionnels jugent que le logement est devenu “un angle mort du débat national”, alors même qu’il conditionne la santé économique des territoires. Pour eux, les réformes se multiplient mais manquent de cohérence. Valéry Flandin parle d’une “politique du logement glissante”, “ni bonne, ni mauvaise, mais inexistante”.

Les lois censées fluidifier le marché, comme les dispositifs de rénovation énergétique ou la fiscalité des locations, produisent souvent des effets pervers : “L’enfer est pavé de bonnes intentions”, ironise-t-il. Même le bail réel solidaire (BRS), perçu comme un outil prometteur pour le logement abordable, reste marginal. “Ça commence à apparaître dans les programmes neufs, mais il faudra attendre trois ou quatre ans pour mesurer l’impact réel”, note Laurent Vialla.

Pendant ce temps, la profession encaisse : entre 2022 et 2024, le nombre de salariés dans le notariat est passé de 2 756 à 2 292, soit une baisse de 16 %. “Les crises, il y en a toujours eu et on les a surmontées. Mais il faut des réponses, et vite”, résume Franck Selieye.