Les Portes-en-Ré : le mouillage anarchique des bateaux, c’est bientôt terminé

Oct 23, 2025 | Royan

Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, l’été est fini. La température de l’eau a chuté, les volets ont été tirés dans la vaste panoplie des résidences secondaires des Portes-en-Ré (62 % des logements) et les bateaux ont déserté les mouillages bricolés qui parsèment son littoral. Bricolés, dans le sens où ils n’ont rien de légal ni de standardisé.

Cinq cents emplacements environ sont occupés aux Portes-en-Ré au plus fort de la saison estivale. Un total conséquent quand on le compare aux quelque 600 mouillages en eau libre ailleurs sur le pourtour de l’île et aux plus de 1 100 places dans les ports (les données datent de 2012).

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Vieux de 100 ans, ce gros dépôt de munitions, entre Fouras et l’île d’Aix, a refait parler de lui en 2024. Potentiellement polluant, il inquiète du monde. L’armée esquisse une possible solution. Serait-ce efficace ?

« Pendant longtemps, vous arriviez sur place et vous installiez votre corps-mort, avec un pneu rempli de béton au fond de l’eau. Il y avait même des radiateurs en fonte ! », soupire Alain Pochon, le maire de la commune, qui a entrepris de faire du ménage. Des épaves ont été extraites des sables, ainsi que des pneus et des ferrailles abandonnés au fil du temps. Mais l’essentiel du travail reste à accomplir. Les chaînes raclent les fonds. Les herbiers à zostères et les colonies d’hermelles – des petits vers – trinquent. L’attirail surgit gentiment à marée basse.

Ces ancrages devraient bientôt disparaître du paysage marin des Portes-en-Ré.
Ces ancrages devraient bientôt disparaître du paysage marin des Portes-en-Ré.
Mairie des Portes-en-Ré

Un dossier vieux de cinq ans

Le problème est vieux comme la démocratisation (relative) du nautisme. Dès le début du siècle, la municipalité a monté un dossier pour mettre de l’ordre dans le stationnement des embarcations mais la démarche n’est pas allée au bout. Elle a remis le couvert il y a cinq ans. Un marathon dont elle n’a toujours pas coupé la ligne d’arrivée.

« Il nous faut une autorisation d’occupation temporaire (AOT) du domaine public, nous l’espérons avant la fin de l’année. C’est vraiment très long. J’ai parfois l’impression que ça n’aurait pas été plus compliqué si nous avions envisagé de construire un port ! On doit en être à plus de 25 réunions avec les services compétents. Et les études nous sont revenues à plus de 80 000 euros, avec une aide de l’État, heureusement », ajoute le maire. Celui-ci en connaît un rayon en matière de nautisme. Il préside depuis trente ans l’association qui organise le Grand Pavois à La Rochelle.

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Les mouillages actuels étant illégaux, il ne s’agit pas d’une « régularisation » sur un coin de table mais de la création d’aménagements qui doivent passer sous les fourches caudines de la réglementation. Il faut des emplacements conformes en mer mais aussi des espaces de rangement des annexes à terre, des toilettes, du tri sélectif, des systèmes de traitement des eaux grises et des eaux noires… Repousser l’échéance n’était pas une solution. L’État a montré les dents il y a quelques années en menaçant les propriétaires de bateaux d’amendes aussi salées que le clapot du pertuis breton.

Le projet est de créer au maximum 450 mouillages « propres » sur cinq sites distincts.
Le projet est de créer au maximum 450 mouillages « propres » sur cinq sites distincts.
XAVIER LEOTY / SO

Avec des coquilles d’huître

« Pour évaluer les besoins, on a fait survoler les zones en été, à différentes heures de la journée. Et on a envoyé un questionnaire qui a suscité près de 300 réponses », indique Alain Pochon. En est sorti un plan pour créer au maximum 450 mouillages « propres » sur cinq sites distincts : du nord au sud, Gros Jonc, la Loge, l’anse du Fourneau, la Patache et le chenal du Riveau. La superficie représente une quarantaine d’hectares. « Pour le moment, on en est à 380 réservations, plus 42 professionnels », détaille-t-il.

Tout le monde serait servi, des propriétaires de petites embarcations aux marins de passage, en passant par les professionnels du cru. Pour la plupart, les bateaux des résidents ne dépassent pas 6 mètres et 40 % sont des pneumatiques. Le système d’attache a été élaboré en partenariat avec l’Université de Pau et des pays de l’Adour. Il comprend une bouée, un poids en béton fabriqué avec les coquilles d’huîtres de l’île et un cordage imputrescible. Les câbles et les bouées seraient retirés chaque fin de saison.

La municipalité attend maintenant le feu vert de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites. L’Autorité environnementale, une émanation du ministère de la Transition écologique, a rendu un avis plutôt favorable au projet à la fin du mois d’août.

Tout mouillage en dehors des zones aménagées sera à l’avenir interdit par arrêté de la préfecture maritime.
Tout mouillage en dehors des zones aménagées sera à l’avenir interdit par arrêté de la préfecture maritime.
XAVIER LEOTY / SO

Si la fameuse AOT devait être accordée d’ici la fin de l’année, la commune pourrait démarrer le chantier cet hiver. Il sera phasé sur trois ans. Il est évalué autour de 800 000 euros. Il convient d’ôter tout le matériel existant, à marée basse et par coefficient de marée supérieur à 90 pour que l’océan se retire suffisamment loin. Puis de poser les nouveaux dispositifs, chacun étant dévolu à un propriétaire de bateau par convention avec la commune. Tout mouillage en dehors des zones aménagées sera à l’avenir interdit par arrêté de la préfecture maritime.