Par
Léa Pippinato
Publié le
20 oct. 2025 à 5h04
Ce jeudi 16 octobre 2025, la Chambre des notaires de l’Hérault et les Notaires du Midi ont présenté les chiffres de l’immobilier local pour la période du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025. Une rencontre très attendue par les professionnels, mais aussi par ceux qui envisagent d’acheter, vendre ou faire construire. Après deux années de recul, le marché montre enfin des signes de reprise.
« L’année passée, nous avions connu une baisse significative du volume des transactions (-29 %) et une amorce de baisse des prix. Cette année, enfin, la tendance s’inverse », résume Laurent Vialla, président de la Chambre des notaires de l’Hérault. 24 120 ventes ont été enregistrées sur la période, soit une hausse de 3,8 %. Ce n’est pas un rebond spectaculaire, mais un signe encourageant pour les ménages qui attendaient un moment plus favorable pour bouger.
Une reprise à surveiller
Les chiffres montrent une dynamique nouvelle, mais fragile. L’activité reste inférieure aux niveaux d’avant la Covid, et les prix n’ont pas retrouvé ceux de 2018. Pourtant, le département fait mieux que la moyenne nationale (+3,8 % contre +2,5 %). Les pôles urbains de Montpellier, Sète, Agde et Béziers concentrent près des deux tiers des ventes. « C’est un signe de redémarrage, même s’il faut tenir compte de la hausse de la taxe départementale entrée en vigueur le 1er avril 2025 », explique Françoise Cadène, notaire et membre de la Chambre. Pour elle, cette reprise reste « une éclaircie fragile, portée par des taux d’intérêt stabilisés autour de 3,2 %. Mais les banques restent prudentes et les ménages hésitent encore. »
Les appartements anciens connaissent une baisse moyenne de 0,9 %. Une évolution qui peut intéresser les acheteurs, notamment à Montpellier (-1,6 %), Béziers (-0,6 %) ou Clermont-l’Hérault (-14 %). À l’inverse, Sète et le littoral continuent de grimper (+6,3 %), portés par une clientèle extérieure au département. Le prix médian au mètre carré s’établit à 3 330 euros. « Ceux qui veulent acheter peuvent désormais trouver des opportunités, surtout dans les communes périphériques ou les quartiers en repli. Le marché se rééquilibre lentement. »

Les quartiers montpelliérains montrent également des évolutions contrastées. Port Marianne reste le plus cher, à 4 260 euros le mètre carré. Le centre historique et les Beaux-Arts suivent à 3 840 euros, puis les Arceaux à 3 800 euros et Boutonnet à 3 730 euros. À l’opposé, plusieurs secteurs conservent des prix accessibles. Celleneuve, Lemasson et Saint-Martin permettent encore d’acheter sous la barre des 3 000 euros le mètre carré.
Immobilier neuf : un faux rebond avant la fin du Pinel
Le neuf semble en pleine forme, avec une hausse de 33 % des ventes. En réalité, il s’agit surtout d’un effet de calendrier : beaucoup d’acheteurs se sont précipités avant la fin du dispositif Pinel, fin 2024. Montpellier reste au-dessus de la moyenne départementale, mais les prix baissent légèrement. Le mètre carré médian se rapproche de celui des villes de province. Une aubaine pour les acheteurs qui cherchent un bien économe et récent, sans dépasser les budgets urbains. « Les promoteurs ont compris qu’il fallait s’adapter. Le neuf devient plus accessible, surtout dans les communes périphériques. »
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Pour les maisons, les prix progressent légèrement (+1 %). L’écart reste important selon les zones : 180 000 euros dans les Hauts Cantons, 356 000 euros autour de Montpellier.
La périphérie montpelliéraine recule de 6,3 %, Montpellier de 5 %, tandis que Marseillan et Saint-Thibéry grimpent de plus de 10 %. Les maisons de quatre pièces ou moins dominent largement les ventes. Les grandes propriétés se vendent plus difficilement. Le segment des terrains à bâtir reste en crise. Avec seulement 1 050 ventes (-25 % sur un an), le marché se contracte encore. En trois ans, la chute atteint 65 %. Les parcelles inférieures à 600 m² dominent désormais. Les grands terrains deviennent rares et coûteux. Un constat utile pour les futurs bâtisseurs : mieux vaut viser une parcelle plus petite, mais bien située, que d’attendre une opportunité qui n’arrive plus.
Qui achète, et où ?
Les seniors mènent la danse. Sur le littoral et le bassin de Thau, ils représentent jusqu’à 40 % des acheteurs. Les jeunes de moins de 30 ans restent peu présents, concentrés sur les zones urbaines où les prix sont plus abordables. Les cadres et professions intermédiaires dominent les transactions, loin devant les employés et ménages modestes. « L’accès au crédit reste le frein majeur. Le marché reflète les fractures économiques du pays », observe le président de la Chambre des notaires de l’Hérault. Les acheteurs franciliens privilégient Sète, Agde et Béziers. Les étrangers, eux, s’intéressent surtout au littoral et aux Hauts Cantons. 65 % des acquéreurs achètent dans leur propre commune, preuve d’un ancrage territorial fort.
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