Courtesy of the artist and The Pill
Une série, une expo, un roman : l’essentiel à voir et à écouter, conseillé par la rédaction cette semaine.
Foire capitale
Art Basel Paris revient au Grand Palais rénové. Au menu de cette édition dirigée par Clément Delépine (qui vient d’être nommé à la tête de Lafayette Anticipations) : Paris et son héritage d’avant-garde. Cubisme, surréalisme, situationnisme et de nombreux autres mouvements sont nés dans la capitale française. Secteur principal de la foire, Galeries réunit 206 exposants issus de 41 pays et territoires. Certaines mettent en lumière des artistes qui ont marqué la première moitié du XXe siècle (comme Fernand Léger, à la Galerie Le Minotaure, ou Marcel Duchamp, à la Galerie 1900-2000) quand d’autres se tournent vers la seconde moitié avec des peintures de la nouvelle figuration narrative (Valerio Adami, chez Gió Marconi) ou des pionniers du langage pictural du siècle dernier (Lucio Fontana, chez Tornabuoni Art). Il y aura une série de stands monographiques : Binta Diaw avec une installation de sa série Paysage corporel (Galerie Cécile Fakhoury) ou l’artiste-musicien Jasper Marsalis, qui a conçu un projet spécial (Galerie Emalin). Sur la nef du Grand Palais se déploie le secteur Émergence avec 16 présentations solos : compositions sculpturales d’Ethan Assouline, installation immersive de Duyi Han, architectures temporaires de Nefeli Papadimouli… Par ailleurs, Art Basel Paris investit neuf lieux de la capitale, tels que la place Vendôme, avec Alex Da Corte, le parvis de l’Institut de France (Ugo Rondinone) ou le Petit Palais (Julius von Bismarck)… Et entraîne une effervescence d’événements qui se répercute sur le marché français de l’art, quatrième au niveau mondial. L.C.
Art Basel Paris, du 24 au 26 octobre, au Grand Palais, à Paris. artbasel.com
«Private Choice», immersion totale
SP
Nadia Candet propose une sélection toujours éclectique. Installés cette année dans les 600 m² d’un hôtel particulier gothique, ses choix mettent en avant plus de trente artistes et designers internationaux : à travers peintures, sculptures, pièces de mobilier et objets rares (ici, lampe Pelikan de Russo Betak) s’offre un parcours immersif à ne pas rater. V.B.
«Private Choice, Constellation de talents», du 19 au 26 octobre, 117, rue de la Tour, 75016 Paris. Sur inscription via privatechoice.fr
Trouver sa place
SP
Un premier roman doux et trash. Une histoire de dévoration, symbolique
et littérale. Lame est une jeune actrice en pleine ascension, aux prises, soudain, avec un eczéma monstre. Ici, ce sont les corps qui parlent et qui encaissent jusqu’au point de rupture. Lame commence des séances d’hypnose aux cours desquelles elle revisite son enfance, son adolescence et son grand amour sororal pour sa copine Genia, ainsi que les débuts de sa carrière… Parallèlement, on suit le parcours d’un jeune homme dont la scolarité fut un long chemin solitaire : de ces êtres toujours rejetés que les frustrations accumulées rendent fous, de ceux qui, à l’ère des réseaux sociaux, deviennent des harceleurs. Leurs deux trajectoires finiront par entrer en collision. Noire, grosse, belle, intelligente, transfuge de classe : Lame fascine parce qu’elle explose les stéréotypes. Mais dans cette comédie du succès qu’elle a appelée de ses vœux, quel est le prix à payer ? N’est-elle qu’un atout exotique aux yeux des nantis, un alibi de bien-pensance ? La célébrité avale-t-elle toujours ceux qui l’atteignent ? C’est un roman sombre, «naître étoile et finir produit», qui raconte — agression raciste, scène de sexe filmée dérangeante, haine des femmes… — dans quels états de maltraitance avancée errent les corps et les esprits des enfants du siècle. C’est un roman lumineux, qui raconte les jours solaires et la joie indépassable de l’adolescence quand on a trouvé son âme sœur. L’auteure pensionnaire de la Comédie-Française, trouve une liberté d’écriture jouissive, riche en images, flirtant avec le fantastique, affrontant la violence avec élégance, sans être dupe de rien ni se prendre au sérieux, et où la magie opère : la littérature comme émancipation absolue. I. P.
Avale, de Séphora Pondi, Éditions Grasset, 224 p., 20 €.