Tauromachie : la conférence d’un torero dans un établissement scolaire du Gard ne passe pas pour l’Alliance Anticorrida

Oct 16, 2025 | Gard

Le 13 octobre, l’ancien matador de toros Camille Juan a dispensé une conférence pendant un cour d’espagnol au lycée Emmanuel d’Alzon, à Nîmes. L’alliance Anticorrida vient de saisir le directeur départemental des services de l’Éducation nationale, face à cet événement qu’elle juge contraire à la réglementation interne du ministère de tutelle. Le lycée défend la « culture générale », quand l’alliance évoque du « prosélytisme ».

Sur ses réseaux sociaux, le lycée Emmanuel d’Alzon de Nîmes évoque depuis l’évènement une « rencontre précieuse, humaine et inspirante« . Mardi 13 octobre, des élèves de terminale de l’établissement scolaire privé en cœur de ville ont assisté à la conférence de l’ancien torero Camille Juan, avant un temps d’échanges avec les élèves.

« Un moment sincère et sans tabou, pour mieux comprendre ce que sont la culture taurine, nos traditions, cet art et cette passion profonde« , justifie l’établissement scolaire, notamment via sa page Facebook, insistant sur le fait que : « Aimer ou ne pas aimer la corrida n’était pas le propos. Ce qui comptait, c’était le dialogue : des élèves curieux, des questions franches, la découverte d’un parcours, d’une histoire, d’une passion.« 

« Connaître nos traditions et notre culture locale »

Mais pour Claire Starozinski, représentante de l’Alliance Anticorrida du Gard, l’initiative de la direction ne passe vraiment pas. « Initialement cette conférence – qui s’inscrivait dans le cadre des enseignements et surtout du contrôle continu pour le baccalauréat – était obligatoire, ce qui a scandalisé bon nombre de familles. Si j’ai obtenu qu’elle soit finalement rendue facultative, la direction l’a malgré tout maintenue, en violation des prescriptions en vigueur au ministère !« , assure la militante de la protection animale qui, tout en dénonçant ici l’initiative du directeur de l’établissement scolaire, la qualifie de prosélytisme.

Du côté d’Yvan Lachaud, directeur de l’établissement, il n’y a pourtant pas lieu à polémique. « Nos anciens élèves, qu’ils soient handballeurs, torero ou que sais-je, sont parfois effectivement invités à parler de leur passion dans nos établissements scolaires. S’agissant de la conférence de Camille, 50 élèves de terminale ont pu y assister sur le volontariat et durant la pause méridienne. Des élèves qui préparent leur double bac français-espagnol, sachant d’ailleurs qu’en Espagne, la tauromachie relève de la culture générale », explique le directeur de l’Institut d’Alzon qui poursuit :  » Pour notre part, nous avons le droit et même le devoir, de faire connaître nos traditions et notre culture locale à nos élèves ! « .

« Phénomène culturel » va « promotion »

Saisi ce mercredi 15 octobre par la militante, le rectorat d’académie ne s’était pas encore prononcé sur cette affaire à l’heure de l’écriture de ces lignes. Dans une directive du 12 février 2008, le chef de cabinet du ministre de l’Education nationale d’alors avait cependant rappelé à notre recteur que si la présentation de la corrida dans les établissements scolaires était possible en tant que « phénomène culturel », le rôle de l’Education nationale n’était en aucun cas d’en assurer la promotion auprès des élèves.

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Reste désormais à savoir quelle sera l’analyse des représentants locaux du ministère. Claire Starozinski assurant, elle, que la simulation de la mise à mort d’un animal, comme ici à l’épée devant des adolescents réunis en amphithéâtre, ne pouvait être qu’interdite par la réglementation applicable.