« Il y a une sidération sur le spectacle politique » donné, juge Benjamin Beaudet, président du MEDEF Drôme-Ardèche

Oct 8, 2025 | Drôme

La crise politique va-t-elle entrainer une crise économique ? Les chefs d’entreprises le redoutent, car l’instabilité politique pourrait empêcher la France d’avoir un budget pour la deuxième année de suite avec comme conséquence encore moins d’investissements et donc de créations d’emplois.

Dès lundi matin et l’annonce de la démission de Sébastien Lecornu, les chefs d’entreprise ont dit leur inquiétude et leur sidération. 2025 déjà n’a pas été une bonne année du point de vue économique. Une France sans budget cela crée des incertitudes, les entreprises investissent  moins, et créent moins d’emplois. La perspective d’une seconde année de suite sans budget qui se profile risque donc de fragiliser davantage encore le tissus économique en Drôme-Ardèche. Pour Benjamin Beaudet le président du MEDEF dans nos départements, c’est bien la compétitivité des entreprises locales qui va en pâtir.

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ICI Drôme-Ardèche – Que vous inspire la situation politique actuelle ?

Benjamin Beaudet – Il y a déjà une sidération sur le spectacle politique que l’on nous donne et bien entendu une inquiétude sur l’absence de budget qui est un enjeux économique certain pour nos entreprises, nos concitoyens et notre pays.

ICI Drôme-Ardèche – Concrètement, comment l’absence de Premier ministre et de gouvernement touche vos activités ?

Benjamin Beaudet – En l’absence de visibilité, on voit bien que les entreprises investissent beaucoup moins. Seulement 4 entreprises sur 10 ont concrétisé leur budget d’investissement 2025. Si on reproduit le même scénario budgétaire en 2026, on risque d’obtenir le même résultat, c’est-à-dire une baisse significative des investissements. Or, dans nos territoires ces investissements se font entre entreprises locales, on ne va pas chercher des multinationales. Donc pour l’écosystème local, cela veut dire des flux financiers, économiques et de l’emploi en moins.

ICI Drôme-Ardèche – On voit dans ce contexte que certains patrons ont recours à du chômage partiel, c’est le cas chez nous ?

Benjamin Beaudet – Effectivement, on voit des notions de prudence, encore une fois l’absence d’investissement et des entreprises du territoire qui sont dans l’obligation de prendre des mesures préventives. On a une bonne santé économique, le nucléaire par exemple tracte l’économie, mais dans les faits on a besoin de visibilité. Et le contexte actuel nous prive de ces éléments de décisions pour tout chef d’entreprise responsable.

ICI Drôme-Ardèche – Et cela peut donc provoqué une baisse des créations d’emplois ?

Benjamin Beaudet – Parmi les investissements, il y a le capital humain, qui ne va pas se faire. On va repousser les échéances, et attendre de la visibilité pour concrétiser de nouvelles embauches. C’est dommage parce qu’on avait un dynamique certaine sur le territoire Drôme-Ardèche et là on est pénalisé.

ICI Drôme-Ardèche – Il devait y avoir un grand meeting du MEDEF à Paris la semaine prochaine, pour demander moins de taxes sur les entreprises. Les français doivent participer à l’effort mais pas les entreprises ?

Benjamin Beaudet – Au contraire, elles sont prêtes à fournir un effort et on prône un effort équitable. On a accepté un certain nombre d’éléments de charges supplémentaires pour le budget 2025, on est prêt à discuter pour 2026. Mais on dit que le monde économique ne doit pas être le seul payeur. À un moment donné, on demande à l’État de veiller à ses dépenses et de les optimiser, comme tout chef d’entreprise. On a reporté cet évènement compte-tenu du contexte pour ne pas rajouter de la cacophonie à la cacophonie actuelle. On est prêt à discuter, à faire des efforts, mais il faut que tout le monde en fasse.

ICI Drôme-Ardèche – Est-ce que vous diriez aussi que la classe politique française est irresponsable ?

Benjamin Beaudet – Au regard du spectacle qu’elle nous offre, elle a un sujet de responsabilité  par rapport à ça. C’est d’autant plus étonnant, que nous en Drôme-Ardèche, on discute avec nos élus locaux, on est dans des logiques de concertations qui arrivent à faire avancer un certain nombre de projets. Preuve que quand on veut on peut, on regrette que cet esprit de concorde n’existe pas à certaines échelles nationales et rende la vie et le quotidien des Français beaucoup plus difficile, y compris celui des entrepreneurs.