Festival du cinéma méditerranéen à Montpellier : quels sont les temps forts de cette 47e édition ?

Oct 1, 2025 | Montpellier

Raymond Depardon, Sabrina Ouazani, Dino Risi, François Ozon, Ariane Ascaride… La 47e édition du Festival international du cinéma méditerranéen (Cinemed) qui se tient du 17 au 29 octobre, à Montpellier, promet d’en mettre plein la vue !

1 – Un œil exceptionnel : Raymond Depardon

On connaît Raymond Depardon, l’immense photographe, dont Montpellier offrira bientôt une nouvelle occasion d’apprécier le travail (en couleurs) : il inaugure le Pavillon Populaire rénové avec l’exposition “Extrême hôtel” le 2 décembre. On connaît peut-être moins bien le non moins grand cinéaste (indissociable de Claudine Nougaret, sa productrice, ingénieure du son et compagne). « Événement exceptionnel », précise le directeur du Cinemed, Christophe Leparc, on va pouvoir voir ou revoir 21 longs métrages documentaires et de fiction (la plupart, dûment restaurés), ainsi que 9 courts. Le couple sera présent le 19 octobre pour la présentation de l’indispensable Journal de France (2012) une rencontre avec Laurent Delmas et une séance de dédicaces du livre Désert.

2 – Un invité espagnol : Fernando León de Aranoa

Ses films n’avaient pas échappé au Cinemed mais sa personne, jusque-là, si : le festival invite pour la première fois, Fernando León de Aranoa, un réalisateur (doublé d’un auteur) espagnol dont le cinéma humain, engagé du côté des laissés-pour-compte, ne se départit jamais d’un sens certain de l’humour (politesse des politesses, tout ça). Il sera là les 23 et 24 octobre pour présenter trois de ses films les plus emblématiques : Les lundis au soleil (2001), A perfect day (2015) et El buen patrón (2021).

3 – Une rétrospective italienne : Dino Risi

Maestro de la comédie italienne, Dino Risi (1916-1908) n’est pas seulement le réalisateur des Monstres (1963), il est aussi le meilleur observateur des monstres, sans majuscule, les minuscules, tous ces petits chefs, cocus, bourgeois, lâches et autres médiocres… qui nous ressemblent fort. De la cinquantaine de films qu’il signés, le festival en montre 24, dont les indispensables Une vie difficile (1961), Le fanfaron (1962), Au nom du peuple italien (1971), Parfum de femme (1974)… et bien sûr Les monstres. Si l’on veut revoir les merveilleux Sordi, Gassman, Manfredi, Tognazzi et Mastroianni, c’est là !

4 – Un état des lieux : le cinéma syrien

Toujours attentif aux nouvelles vagues des cinématographies du pourtour méditerranéen, le festival a décidé cette fois de faire un état des lieux du cinéma syrien maintenant que Bachar al-Assad a été renversé. Avec la complicité du collectif Al-Ayoun qui des artistes syriens en exil, il a élaboré un programme de 21films, courts pour l’essentiel, mais aussi longs (Le traducteur est conseillé) et documentaires. La journée du 22 octobre sera en outre l’occasion d’une conférence et de deux tables rondes publiques sur ce cinéma en reconstruction.

5 – Un visage solaire : Sabrina Ouazani

Découverte grâce à un casting sauvage à l’âge de 13 ans, dans L’esquive d’Abdellatif Kechiche, en 2003, la comédienne Sabrina Ouazani s’est imposée depuis comme un des visages (et une des énergies) les plus solaires du cinéma français. Invitée les 24et 25 octobre à Montpellier, elle y présentera trois de ses films qui lui tiennent à cœur (L’esquive, le premier, Inch’Allah, pour son approche nuancée du conflit israélo-palestinien, et Des jours meilleurs, pour son approche de l’alcoolisme au féminin). En bonus : On va manquer !, le premier court métrage qu’elle a réalisé.

6 – Une compétition : à qui l’Antigone d’or ?

Il serait bien sûr dommage de passer à côté des documentaires (toujours éclairants) et les courts (toujours frais) en sélection officielle mais les regards vont naturellement se tourner vers les longs métrages en lice pour l’Antigone d’or, récompense suprême du Cinemed. La tâche s’annonce délicate pour le jury présidé cette année par Ariane Ascaride car la compétition semble relevée. Avec des cinéastes déjà défendus par e festival comme Cyril Aris (Un monde fragile et merveilleux), Kaouther Ben Hania (La voix de Hind Rajab, déjà auréolé d’un Lion d’argent à Venise), Maryam Touzani (Rue Málaga), Alauda Ruíz de Azúa (Les dimanches, Conque d’or à San Sebastián) ou la déjà citée Tamara Stepanyan (Le pays d’Arto). Et des surprises attendues comme la comédie française d’Amin Adjina (La petite cuisine de Mehdi) ou l’obsession aérienne de Rezan Yesilbas (The flying meatball maker). On en oublie !

7 – Un focus régional : regards d’Occitanie

Volet récurrent apprécié, “Regard d’Occitanie” offre de découvrir des films documentaires soutenus en région. On verra cette année, Camionneuses de Meryem-Bahia Arfaoui, Dans les oubliettes de la République : Georges Abdallah de Pierre Carles, Les palpitantes d’Elsa Deshors et Mes fantômes arméniens de Tamara Stepanyan. À noter que ce dernier représente l’Arménie dans la course aux Oscars 2026 !

8 – Un rendez-vous : des avant-premières

Hors compétitions, les avant-premières de cette 47e édition sont nombreuses, variées et accompagnées par leurs auteurs. Il y a bien sûr L’étranger de François Ozon (d’après Camus) en ouverture et Romería de Carla Simón, en clôture. Ensuite, pour n’en citer que quelques-unes : Louise de Nicolas Keitel (en sa présence et celle de Diane Rouxel), Qui brille au combat de Joséphine Japy (en sa présence et celle de deux comédiennes), L’âme idéale d’Alice Vial (en sa présence et celle, notamment de Jonathan Cohen), Le gang des amazones de Mélissa Drigeard (en sa présence et celle d’une “vraie” amazone) et La reconquista de Jonás Trueba (en sa présence).

« Le Cinemed n’est pas un festival politique »

Compte tenu de l’actualité encore tragique en Méditerranée, et plus particulièrement du conflit israélo-palestinien, le directeur du Cinemed Christophe Leparc a profité de la présentation de la 47e édition pour une précision, disons, à toutes fins utiles : « Quand on considère la situation dramatique que traversent les territoires en guerre, que peut faire un festival de cinéma ? Cinemed ne prétend pas régler le conflit là où la communauté internationale et la diplomatie échouent pour le moment. Cinemed agit à son niveau, avec ses moyens, en aidant les cinéastes, les artistes, d’où qu’ils viennent, à concrétiser leurs projets avec des dispositifs adaptés, en montrant leurs films, en leur donnant la parole pour échanger.

« Rappelons-le, Cinemed est avant tout un festival de cinéma. Il n’a pas vocation à être politique, même s’il véhicule des œuvres dont le contenu peut l’être. Nous ne sommes pas là pour censurer la parole des cinéastes, nous sommes là pour la protéger. N’oublions pas cependant que notre pacte envers les artistes et notre public est de sélectionner des œuvres qui correspondent à notre exigence artistique. Nous ne remplissons pas des quotas, nous choisissons de vous montrer ce qui nous semble en adéquation avec notre ligne éditoriale, dans le respect des artistes et de notre public. »

Ceci n’est qu’un aperçu de la programmation bien plus pléthorique. Tout le détail sur le site cinemed.tm.fr