Franck Thilliez sera à Larreko le jeudi 2 octobre, à 19 h 30, dans le cadre du salon Un Aller-retour dans le noir, qui se déroule principalement à Pau (lire par ailleurs). Interview.
De l’ingénierie informatique à l’écriture, votre parcours d’écrivain est singulier.
J’ai été ingénieur informatique jusque dans les années 2000 et je crois que si je n’avais pas exercé ce métier, je n’aurais jamais écrit de livres. Quand on y réfléchit, le romancier et l’ingénieur sont confrontés aux mêmes difficultés : identifier un problème et le résoudre. Jeune, mon cursus scolaire scientifique se doublait d’un imaginaire entretenu par Stephen King, Gaston Leroux et Agatha Christie. Ces auteurs me fascinaient dans leur capacité à transmettre leurs émotions à leurs lecteurs.
Comment expliquez-vous votre succès littéraire ?
La dimension scientifique, sa précision et la documentation de mes histoires y sont certainement pour quelque chose. Au-delà de cela, il y a deux périodes dans la carrière d’un écrivain. La première l’installe, lui permet d’être connu. La seconde lui offre la reconnaissance. Pendant la première, j’ai d’abord rêvé naïvement que tout le monde me lirait et découvert la dureté du milieu. Cela m’a fait évoluer et réfléchir. Et je me suis dit qu’au lieu de raconter des histoires qui se passent à New York ou ailleurs, pourquoi ne pas narrer des intrigues qui se passent à Dunkerque ou à Maubeuge. Cela a été un déclencheur de ma notoriété auquel on peut ajouter le traitement de sujets d’actualité dans mes intrigues pour être au plus proche de la réalité. Cinq ans avant, le Covid en a été un exemple. D’une manière générale, les gens aiment se recentrer sur leur pays.
« Mon prochain ouvrage est presque terminé, je le confie en octobre à ma maison d’édition pour une publication en mai »
Votre dernier roman, « À retardement », aborde le sujet de la psychiatrie. Ce domaine vous intéresse particulièrement ?
Ce domaine traverse forcément tous mes romans qui traitent souvent d’homicides. C’est aussi un sujet d’actualité avec tous les faits divers qui traversent notre société. Pour bâtir ma trame, je me suis immergé dans une unité pour malades difficiles, pour essayer de comprendre les raisons d’un passage à l’acte. Le lieu est un décor fascinant et intrigant, un contexte incroyable pour un roman.
Je me suis aussi plongé dans les méandres d’une affaire qui avait fait grand bruit à l’époque dans le Sud-Ouest. J’ai reparcouru avec attention le fait divers qui concernait Romain Dupuy. Ce qui est intéressant, c’est qu’un livre permet de prendre le temps de se questionner sur la responsabilité et la culpabilité de celui qui passe à l’acte, d’expliquer un sujet qui prête à débat.
Vous faites dans le roman, le scénario, la bande dessinée. Vous avez d’autres ambitions ?
J’ai la chance de pouvoir raconter des histoires sous toutes les formes, je suis plutôt comblé. Mon côté touche à tout me permet aujourd’hui de faire preuve d’originalité en éditant un roman jeunesse d’un type particulier aux éditions Auzou. C’est un thriller de l’Avent, qui se lira du 1er au 24 décembre, à raison d’un chapitre par jour.
Vous êtes un écrivain prolifique. Visiblement, un livre terminé donne naissance à un autre. Quel sera le thème de votre prochain roman ?
Je sors un livre tous les ans et je vous avoue avoir le cerveau bien vidé quand j’écris le mot fin. Je m’autorise deux à trois mois en restant en veille pour que l’idée nouvelle, le thème remonte. Mon prochain ouvrage est presque terminé, je le confie en octobre à ma maison d’édition pour une publication en mai. Ce sera un thriller, du pur suspense avec en fil rouge la mémoire, le somnambulisme, les souvenirs. Ce sera sans les inspecteurs Sharko et Hennebelle, que je fais apparaître volontairement dans mes ouvrages une fois sur deux. Ça me permet de faire autre chose que des enquêtes pures.
Le salon Un Aller-retour dans le noir est né en 2008. C’est un festival centré sur les littératures noires et policières qui favorise la proximité entre les auteurs et le public. Il se déroule principalement à Pau, à la médiathèque André-Labarrère, du jeudi 2 au dimanche 5 octobre. La manifestation se délocalise dans différentes villes des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées. La 17e édition met à l’honneur les auteurs et autrices venus d’outre-Manche. Elle accueillera 32 auteurs français et étrangers.