Anne Etchegoyen et Patxi Garat réunissent une dizaine d’artistes pour défendre les langues régionales

Sep 24, 2025 | Saint-Pée/Biarritz

Les deux chanteurs basques sont à l’initiative de Kcanta, collectif d’artistes corses, occitans, basques, alsaciens, bretons, créoles. Par un concert, diffusé ce mercredi 24 septembre sur France 3, et un album, ils militent pour diffuser plus de musiques régionales sur les radios nationales.

Ils veulent entendre davantage de musiques corses, occitanes, créoles, bretonnes et basques sur les radios nationales. Autour de Patxi Garat et Anne Etchegoyen, une dizaine d’artistes, parmi lesquels la Corse Francine Massiani, l’Alsacien Matskat, la Martiniquaise Valérie Louri, la chanteuse bretonne Clarisse Lavanant, l’Occitan Yvan Cujious, sont réunis sous l’appellation Kcanta.

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Un collectif qui s’est retrouvé mercredi 16 et jeudi 17 septembre à la ferme Inharria, à Saint-Pée-sur-Nivelle, pour enregistrer un concert multilingues. Il est diffusé ce mercredi 24 septembre sur France 3, en deuxième partie de soirée.

« L’idée nous est venu lors d’un premier concert, aux Francofolies de La Rochelle », décrit Patxi Garat. « Avec Anne Etchegoyen, on a chanté là-bas, avec des artistes alsaciens, bretons, corses. On s’est dit à ce moment-là, que ce serait pas mal de faire un album avec toutes ces langues réunies, mélangées. Il y a eu des projets en corse, en breton, en basque. Mais, je crois, jamais ce type de projet où tout le monde se réunit autour de la défense des langues régionales. »

Un quota de musiques en langues régionales

L’album sortira en janvier ou février 2026. Le concert enregistré à Saint-Pée est, avant, cela, une première étape. « Je ne sais pas comment on a fait pour réunir tous ces artistes », s’étonne Anne Etchegoyen, « mais on l’a fait. On a réuni toutes les cultures, les identités, les histoires.« 

La Martiniquaise Valérie Louri, l'Alsacien Matskat, l'Occitan Yvan Cujious, le Basque Patxi Garat, la Corse Francine Massiani et la Bretonne Clarisse Lavanant.
La Martiniquaise Valérie Louri, l’Alsacien Matskat, l’Occitan Yvan Cujious, le Basque Patxi Garat, la Corse Francine Massiani et la Bretonne Clarisse Lavanant. © Radio France – Thomas Giraudeau

L’artiste basque, comme tous les membres de Kcanta, milite pour entendre davantage de titres en langues régionales sur les radios nationales [ICI Pays Basque, radio locale, diffuse de nombreuses chansons en euskara]. « Une loi existe, sur les quotas radios, qui leur imposent de diffuser un certain pourcentage de chansons francophones, ET de chansons en langue de France [40% du total]. Nous sommes donc dans le même quota que les chansons francophones. Nous sommes ces langues de France, sauf que les radios nationales se contentent de passer des chansons françaises, mais peu ou pas de musiques en langues régionales« , détaille Anne Etchegoyen. Il faudrait selon elle imposer un quota de titres en langues régionales.

Pour obtenir gain de cause, les artistes misent sur une de leurs armes : leur voix. « Kcanta est une réponse musicale, un outil », ajoute Anne Etchegoyen, dont plusieurs compositions réalisées par l’artiste basque et par Patxi Garat.

Besoin de visibilité

C’est elle qui a choisi la ferme Inharria pour enregistrer le concert diffusé sur France 3. Une immense bâtisse, en plein centre-ville de Saint-Pée-sur-Nivelle, juste en face du fronton, typique de l’architecture basque. « Ce lieu grouille de trésors dans toutes les pièces, d’objets partout sur les murs. On souhaitait un lieu qui de suite, à l’image, transporte les téléspectateurs au Pays Basque.« 

La ferme Inharria, à Saint-Pée-sur-Nivelle, est "un lieu qui transporte immédiatement au Pays Basque" pour Anne Etchegoyen.
La ferme Inharria, à Saint-Pée-sur-Nivelle, est « un lieu qui transporte immédiatement au Pays Basque » pour Anne Etchegoyen. © Radio France – Thomas Giraudeau

La ferme Inharria émerveille notamment Valérie Louri et Clarisse Lavanant. La Martiniquaise et la Bretonne soulignent un lieu « qui respire l’artistique, fait voyager. Il a un côté onirique, et une forte identité. Quand on est arrivés ici, on s’est tous sentis bien. On a le sentiment d’être dans une bulle, un peu hors du temps. »

Les deux artistes chantent en duo sur l’album et le concert Kcanta. « Sur ma mélodie initiale », indique Clarisse Lavanant, « mais Clarisse apporte sa patte, sa touche. La chanson prend une autre dimension. Elle a adapté un couplet en créole. »

Pour l’artiste bretonne, Kcanta doit servir à « montrer qu’il se passe plein de choses dans les régions. Cela parait évident à dire, mais ca ne l’est pas pour tout le monde. On a besoin de visibilité. On en manque aujourd’hui alors qu’il y a énormément de créations en langues régionales. Mais on ne les entend pratiquement jamais. »