Du 20 au 28 septembre se tiennent les premières rencontres du Matrimoine ultramarin à Paris. L’occasion pour une dizaine de femmes d’Outre-mer de transmettre leurs savoirs ancestraux.
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Publié le 22 septembre 2025 à 14h35, mis à jour le 22 septembre 2025 à 15h30
Elles sont six femmes à avoir fait le déplacement depuis leurs territoires ultramarins respectifs. Venues des Marquises, de La Réunion et des Caraïbes, elles transportent avec elles tout leur savoir à transmettre. À l’Académie du climat à Paris, samedi 20 septembre, elles ont animé des ateliers autour de plusieurs thématiques. Le lieu accueillait les premières rencontres du Matrimoine ultramarin, dans la continuité des Journées européennes du Patrimoine organisées ce week-end.
« J’ai fait un très long voyage depuis les Marquises », souffle Sarah Vaki, ravie d’animer une conférence sur les plantes médicinales de son île. « Pour moi, c’est très important de donner. Transmettre, transmettre. » La transmission, c’est tout l’objet de cette initiative de l’association En Terre indigène que la documentariste Anne Pastor a fondée en 2017. « C’est le projet ‘De la mère à la Terre’ qui est consacré à la transmission des savoirs de ces femmes en Outre-mer détentrices de savoirs issus de la nature, déroule l’organisatrice. On s’est rendu compte que comme partout, la transmission des savoirs a du mal à se faire et pourtant en Outre-mer, elle est là. Il suffit de la réveiller. »
Deux thématiques majeures guident cette journée de rencontres, expose Anne Pastor : « D’autres modèles agricoles : des modèles d’avenir dans les Caraïbes et les plantes médicinales comme une autre vision de la santé. » Le projet « De la mère à la Terre » accompagne ainsi 14 femmes de savoirs dans tous les territoires ultramarins. Ce programme de transmission a déjà permis d’organiser plus de 200 ateliers et près de 500 heures de sensibilisation auprès de jeunes ultramarins.
« J’ai toujours peur sur la culture, sur la nourriture, sur nos plantes médicinales… que nos jeunes, avec le progrès qui arrive dans nos îles, ne fassent plus attention à tout ça. Qu’ils ne sachent plus faire ça, s’inquiète Sarah Vaki, gardienne des savoirs des îles Marquises. Je veux que les jeunes partout, même en France sachent. Pourtant, je sais que ces plantes-là n’existent pas ici, mais je donne. » Beaucoup de plantes médicinales présentées ce samedi par Sarah Vaki ne sont en effet pas accessibles dans l’Hexagone, mais sont endémiques à son territoire.
Les spectateurs et spectatrices sont tout de même venus nombreux. C’est le cas de Martine, originaire de la Martinique : « J’ai trouvé ça très enrichissant que ce soient des femmes qui nous apportent ce savoir. » Un avis partagé par Aurélie, originaire de La Réunion. À la fin de l’atelier de Sarah Vaki sur les plantes marquisiennes, elle fait le lien avec sa pratique de l’ayurvéda sur son île natale. « Il y a des ressemblances, tout ce qui est purification, nettoyage. C’est intéressant d’échanger sur nos différents savoirs, chaque île est différente. Mais on a quelque chose en commun, ce sont les femmes qui transmettent. »
Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre d’une semaine d’échanges autour des cultures ancestrales ultramarines. Ainsi, l’association propose l’ouverture de l’université du Matrimoine ultramarin samedi 27 septembre prochain : « Véritable laboratoire vivant et décolonial, cette première université du Matrimoine ultramarin fait dialoguer pratiques traditionnelles et recherche académique, pour repenser notre rapport au savoir et explorer comment les héritages autochtones peuvent répondre aux défis écologiques d’aujourd’hui », expose le programme.
Une soirée gratuite et ouverte à tous est également proposée dans ce cadre au Théâtre de l’Alliance Française à Paris mercredi 24 septembre. Une soirée organisée autour de débats et d’une représentation mêlant chant, danse et poésie.« C’est une première à Paris, on espère qu’il y aura une deuxième », envisage déjà Anne Pastor.
