Arts vivants à Bordeaux : le FAB fête sa 10e édition et veut rester ouvert sur le monde

Sep 19, 2025 | Bordeaux

Tout a commencé par une improbable ligne de dominos, traversant la ville et tombant en cascade. Il y a dix ans, le FAB (Festival international des arts de Bordeaux-Métropole) inventait une manière populaire, participative et innovante de s’interroger sur les frontières et les territoires. D’année en année, l’événement a grandi, élargi son périmètre géographique et artistique, jusqu’à devenir incontournable : l’an dernier, le FAB a réuni quelque 100 000 spectateurs. Vendredi prochain, s’ouvrira la dixième édition, qui s’achèvera le 11 octobre. Sa directrice Sylvie Violan, également aux commandes de la scène nationale Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles (33), explique.

Sylvie Violan, directrice du FAB (Festival international des Arts de Bordeaux Métropole) et de la scène nationale Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles.
Sylvie Violan, directrice du FAB (Festival international des Arts de Bordeaux Métropole) et de la scène nationale Carré-Colonnes à Saint-Médard-en-Jalles.
Fabien Cottereau / SO

Le FAB va fêter ses 10 ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution du festival depuis la première édition, en 2016 ?

Je suis heureuse que le FAB ait réussi à s’implanter à Bordeaux comme un temps fort pour les arts vivants. Dès le départ, nous avons tracé les contours d’un festival destiné au public de la métropole, un événement également participatif et festif qui rassemble à la fois des artistes de la région et du monde entier. Ces grandes lignes, imprimées dès la première édition, se sont développées et renforcées. En partie grâce à la soixantaine de partenaires qui coréalisent le FAB avec nous et le consolident.

Il y a trois ans, Thea Jansens laissait déambuler ses sculptures géantes dans les rues de Bordeaux.
Il y a trois ans, Thea Jansens laissait déambuler ses sculptures géantes dans les rues de Bordeaux.
ARCHIVES GUILLAUME BONNAUD / SO

Aux thèmes fétiches du FAB (« Habiter la ville » et « Suivre le fleuve ») s’ajoute désormais l’idée de « s’enforester ». Quels questionnements soulève-t-elle ?

Chacun sait l’importance de la forêt pour le climat, pour la biodiversité, pour rafraîchir les zones urbanisées, etc. Or, la forêt – déjà bien implantée dans la métropole – s’y développe : à Saint-Médard-en-Jalles, à proximité de la scène nationale du Carré, celle du Bourdieu se déploie sur vingt hectares qui sont depuis un an accessibles à la population. Elle est d’autant plus belle qu’elle est restée sauvage. Une réflexion sur le rapport entre l’urbanisme et la nature, la cohabitation entre les villes et les forêts, s’imposait. Sortir de nos murs, se décentrer, relevait de l’évidence : voilà pourquoi nous proposons une série de spectacles et d’événements dans cette forêt.

Le FAB revendique être un « festival engagé »….

Notre engagement prend plusieurs formes. Notamment l’ouverture au monde. Il est important d’accueillir des artistes qui, dans leur pays, ne peuvent pas s’exprimer ou créer. Qu’ils soient iraniens, libanais ou palestiniens, par exemple. Ainsi, cette année, nous recevrons de nouveau la Palestinienne Samar Haddad King, dont le spectacle, « Gathering », sera présenté au FAB et en tournée grâce à l’union inédite des huit Scènes nationales de Nouvelle-Aquitaine.

Depuis longtemps en France ou en Europe, la liberté d’expression nous semble être un acquis. Mais même dans les grandes démocraties, les attaques et tensions se multiplient actuellement. Nous devons constamment rester attentifs et vigilants.

« Il est important d’accueillir des artistes qui, dans leur pays, ne peuvent pas s’exprimer ou créer »
Le Collectif XY bénéficie d’une carte blanche et présentera plusieurs spectacles.
Le Collectif XY bénéficie d’une carte blanche et présentera plusieurs spectacles.
Samuel Buton
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Quel est le sens des trois cartes blanches accordées par le FAB ?

Faire confiance aux artistes ou aux compagnies est une marque de fabrique du FAB. Certaines éditions ont été marquées par la présence d’invités d’honneur comme Theo Jansen en 2022, ou Johann Le Guillerm l’an dernier. Cette fois, nous allons plus loin en donnant une carte blanche au plasticien et photographe Nicolas Floc’h et aux compagnies Kamchtàka et Collectif XY.

Nous travaillerons avec elles sur l’ensemble de leur répertoire pour que le public puisse entrer dans leurs univers à travers plusieurs spectacles et des propositions différentes. Cela constitue aussi l’occasion, pour les artistes, de tester des choses nouvelles et inédites, comme l’ « Inesperat » de Kamchàtka, qui sera créé en direct pendant le FAB.

Quels sont les événements spécifiques à cet anniversaire ? Vous promettez l’embrasement de la caserne des pompiers, au pied du pont de pierre à Bordeaux…

C’est un bâtiment emblématique de Bordeaux, une architecture que j’aime beaucoup… J’ai toujours eu envie d’y faire quelque chose de spectaculaire et festif. Maintenant que la caserne n’est plus occupée par les pompiers, fêter les 10 ans du FAB dans ce bâtiment en bord de Garonne, symbolique d’une forme de modernité, m’a semblé être une évidence.

« L’Embrasement de la caserne des pompiers » sera un grand spectacle de feu, créé par la Compagnie de la Machine : il commencera par des braseros, puis un allumage à la tombée de la nuit, et progressivement, le feu se déploiera sur l’ensemble du bâtiment jusqu’au bouquet final qui sera un véritable temps d’artifices. Cet embrasement évolutif sera mis en musique en direct par des DJ, qui prolongeront la fête après le spectacle.

« Avignon, une école », de Fanny de Chaillé, sera présenté lors du FAB et ouvrira la nouvelle saison du TNBA (Théâtre national Bordeaux-Aquitaine).
« Avignon, une école », de Fanny de Chaillé, sera présenté lors du FAB et ouvrira la nouvelle saison du TNBA (Théâtre national Bordeaux-Aquitaine).
Marc Domage
Pol Jiménez, chorégraphe et danseur catalan, présentera « Lo Faunal », réinvention du ballet de Vaslav Nijinski, « L’Après-midi d’un faune ».
Pol Jiménez, chorégraphe et danseur catalan, présentera « Lo Faunal », réinvention du ballet de Vaslav Nijinski, « L’Après-midi d’un faune ».
Escena Germinal DIONÍSIES

Une trentaine de spectacles et d’installations, 10 créations originales, des artistes venus de Nouvelle-Aquitaine, de France, mais aussi du Liban, du Brésil, d’Espagne ou des territoires palestiniens… Cette année encore, le FAB va rythmer la rentrée culturelle dans la métropole bordelaise. Le festival va prendre d’assaut différentes salles de spectacles, s’aventurer dans la forêt pour des expériences inédites et investir les rues des villes. Au menu, danse, théâtre, cirque, expos, performances, mais aussi des disciplines croisées pour des formats hybrides.
Pierre Planchenault posera un regard rétrospectif sur les éditions passées, en accrochant ses photos sur les grilles du jardin public de Bordeaux. Le photographe et plasticien Nicolas Floc’h plantera les premiers jalons de son projet « La Couleur de l’eau – Garonne Océan ». Le plasticien Jean-Michel Caillebotte inventera de spectaculaires « Nids » de caravanes, allégorie reliant nos trajectoires humaines aux migrations animales. Céline Léna évoquera l’épopée historique de l’Aéropostale dans un spectacle de poche à Bègles. Fanny de Chaillé racontera celle du Festival d’Avignon. Les compagnies Kamchàpka et XY porteront un regard décalé sur nos vies et nos villes… Quant aux trois week-ends, ils seront trois temps forts de fête, avec notamment de jubilatoires et fédératrices « Faboums » à la Fabrique Pola, au square Dom Bedos et à la Caserne B., ancien bâtiment des pompiers. www.fab.festivalbordeaux.com

« NiDS » de Jean-Michel Caillebotte, une incroyable scénographie dans l’espace public, visible pendant tout le festival et accompagnée de visites guidées (gratuite) par l’artiste, sur réservation.
« NiDS » de Jean-Michel Caillebotte, une incroyable scénographie dans l’espace public, visible pendant tout le festival et accompagnée de visites guidées (gratuite) par l’artiste, sur réservation.
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