Arabesques, à Montpellier : Natacha Atlas a dévoilé son tout nouveau répertoire pour les 20 ans du festival !

Sep 13, 2025 | Montpellier

Le festival Arabesques, rencontres des arts du monde arabe, qui fête ses 20 ans, à Montpellier, a invité la star belge d’origine anglo-égyptienne Natacha Atlas pour une résidence de quelques jours, et un concert vendredi au théâtre Jean-Claude Carrière. Un enchantement qui en appelle d’autres !

Il fait toujours beau à Arabesques. Ce n’est pas une affaire de météo, mais de climat. Il n’était vendredi qu’à fréquenter sa médina installée dans la pinède du Domaine d’O, à Montpellier, pour le vérifier, et surtout s’en régaler. Comme chaque année, après ses rendez-vous inauguraux de prestige à l’Opéra-Comédie, et quelques bons plans ici ou là, le festival a en effet rallié le splendide parc métropolitain pour le premier de ces deux grands (et, on ne se lassera jamais de le répéter, incontournables) week-ends.

Avant même que de profiter de l’un ou l’autre des spectacles proposés, et dans le cas présent (on y viendra, un peu de patience) le concert événement de Natacha Atlas, on se surprend toujours à prendre le même plaisir d’autant plus chouette qu’il se sait partagé (c’est marqué sur le visage de tous ceux que l’on croise !) à se balader simplement dans ce cadre idyllique et ce décor pas moins.

Dans la médina, le passage de l’orchestre traditionnel fait son petit effet !
Dans la médina, le passage de l’orchestre traditionnel fait son petit effet !
Luc Jennepin

Henné, calligraphie, littérature du Maghreb et d’Orient, artisanat du Marco et de la Palestine, pâtisseries orientales, msemmens, thés… rien ne manque, surtout pas, on insiste, cette ambiance décontractée et souriante, amicale et familiale. Bref, on est bien !

Natacha Atlas ne partage pas hélas notre coolitude : le festival (qu’elle affectionne beaucoup, et elle ne manquera pas de le dire au micro) lui a offert une résidence de quelques jours pour peaufiner son nouveau spectacle qu’elle a très peu joué jusque-là et qui s’appuie sur le répertoire encore inédit de son prochain album, Parallel Universe à sortir en novembre. En clair, tout est encore frais, et la chanteuse, malgré sa grande expérience, a la pression.

Le théâtre Jean-Claude Carrière était complet, ou peu s’en est fallu, pour Natacha Atlas !
Le théâtre Jean-Claude Carrière était complet, ou peu s’en est fallu, pour Natacha Atlas !
Luc Jennepin – LUC JENNEPIN

Son groupe formé, ce soir-là, par Elie Dufour (clavier et électronique), Omar El Barkaoui (batterie) et Samy Bishai (violon et électronique) semble, lui aussi, tendu : pendant les deux premiers morceaux, il peine un peu à se trouver. De son côté, visiblement très concentrée, Natacha Atlas semble se retenir de déployer les monts et merveilles vocales dont on la sait capable, et généreuse. Si « Heaven can wait », comme elle le chante à un moment, on doit pouvoir également. Notre patience sera récompensée, ô combien !

À partir du morceau que Samy Bishai, clairement (peut-être un peu trop, parfois) co-directeur de ce projet, traduit de l’arabe, Quelque chose comme ça, tout le monde semble enfin se décontracter, les chorus au synthé et au violon électrique en témoignant joliment. On comprend mieux l’idée : un retour aux sources de l’électro orientale pour Natacha Atlas, avec des nuances trip-hop 2.0 bienvenues, et classieuses. Something I can (si on a bien entendu le titre) en est un superbe exemple, tout comme The outer, morceau plus ancien qui a inspiré le présent répertoire, et plus encore la nouvelle Je rêve d’un jour (traduction de Samy Bishai, au demeurant plein d’humour) qui régale avec son riff de violon filtré à la wah-wah et son contre-chant autotuné.

Quand Natacha Atlas, enfin plus volubile, et rayonnante, tellement, invite le fidèle du festival Imed Alibi, et sa derbouka, à les rejoindre sur scène, l’atmosphère est totalement détendue. Du coup, le morceau, lui aussi, s’étire avec plaisir, et la star nous rappelle que jadis elle fut la danseuse spectaculaire de Transglobal Underground ! C’est beau ! Ça l’est encore plus quand l’artiste palestinien Isam Elias rejoint tout le monde, et s’empare du clavier MIDI : tout le monde est maintenant à fond. Pure cohésion tellurique et politique, leur long morceau collectif est dédié à la Palestine, tout comme le sera en rappel, la reprise (toujours aussi géniale et pertinente) de Mon amie la rose.

On espère désormais revoir Natacha Atlas quand son répertoire très prometteur aura bien été affûté contre le rebord des scènes de par le monde, et chanter avec elle, soyons fous, la paix retrouvée. D’ici là, on fonce profiter du havre d’icelle que constitue le festival Arabesques : d’autres enchantements nous y attendent jusqu’au 21 septembre !