FAIT DU SOIR « Bloquons tout » : retour sur une journée de mobilisation dans le Gard et à Arles

Sep 12, 2025 | Gard

Manifestations, blocages de lycées, de routes nationales, de zones commerciales… Dans le Gard et à Arles, plusieurs actions ont été menées dans le cadre de la mobilisation citoyenne du mouvement « Bloquons tout », ce mercredi. Retour en images. 

À Nîmes, 3 000 manifestants revendiqués

À Nîmes, ce matin, après un rassemblement aux Costières, des manifestants issus du monde médico-social se sont mobilisés devant la MDPH de Nîmes à partir de 10 heures : « Je m’occupe de personnes en situation de handicap et je vois bien que les moyens, insuffisants, ont un impact sur la dignité de la personne. Le management nouvellement proposé, avec la fusion de certains services, est déconnecté des réalités. Il faut remettre l’intérêt des personnes au centre des politiques publiques », déclare Ouafae Verrecchia, éducatrice spécialisée à Nîmes. À côté d’elle, Thierry Coudin, co-secrétaire Sud dans le médico-social : «  Cette mobilisation de la MDPH (Maison départementale pour les personnes handicapées) a pour but de rappeler au Conseil départemental qu’il est aussi maître de nos destins… Aujourd’hui, on n’entend parler que de restriction budgétaire et plus des personnes dont nous nous occupons. » Le mouvement s’est poursuivi sur le périphérique, les militants distribuant des tracts aux automobilistes.

Coralie Mollaret

À 14 heures, la foule a commencé à affluer pour la manifestation au départ du Jean-Jaurès à Nîmes. Un défilé organisé par Force ouvrière, rejoint par d’autres syndicats de la FSU, SUD, mais aussi CGT. Au-delà des syndicats, le cortège s’est distingué par sa diversité : des jeunes et moins jeunes. Miguel, 13 ans, en 4ᵉ au collège Feuchères de Nîmes : « Je suis venu manifester avec ma mère (…) Le gouvernement est en train de demander aux gens de travailler plus, de faire des efforts alors que lui n’en fait pas. » À chaque manifestant sa revendication, comme Victor, 71 ans, qui demande l’arrêt des bombardements à Gaza : « Je suis là pour le respect du droit international. Il faut aussi qu’il applique les décisions de l’ONU avec le respect du mandat d’arrêt international contre Benyamin Netanyahou… Ce qui se joue, c’est l’avenir de l’humanité. » À l’arrivée devant la préfecture, les organisateurs ont annoncé 3 000 manifestants.

À Alès, revendications citoyennes et syndicales se rencontrent

L’héritage minier et communiste de la capitale cévenole a refait surface en ce mercredi 10 septembre. Pourtant, en début de matinée, la journée était plutôt calme, avec une grève syndicale devant l’hôpital, où une trentaine d’agents expliquaient la grève aux passants. L’occasion de voir les élus communistes Paul Planque et Jean-Michel Suau, mais aussi Romain Sabran, secrétaire général de la CGT de l’hôpital et du département : « On fait un café revendicatif, puisque la nouvelle politique qui va être mise en place va être dans la continuité de ces sept dernières années. Les gens nous soutiennent, c’est l’ensemble de la population qui est concernée par la cure d’austérité qu’on veut nous imposer. »

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF

Du côté du lycée Jean-Baptiste-Dumas, une vingtaine d’élèves sont montés sur des poubelles avec des pancartes et slogans, mais sans bloquer l’accès à l’établissement : « Ils ont commencé à 8h30. On a négocié la liberté de circulation, ils sont raisonnables et on peut discuter avec eux, c’était le but« , confie le proviseur de l’établissement, Éric Vaissière.

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF

Deux cortèges ont ensuite traversé la ville depuis la sous-préfecture. Le premier, mené par la contestation citoyenne, a pris la direction de la 2×2 voies à l’extérieur de la ville pour tenter de prendre de force un point stratégique de la ville : le rond-point de la rocade direction Nîmes.

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF
Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF
Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF

Un trajet d’une heure et vingt minutes, le long du quai du Gardon pour les 500 manifestants, attendus par une trentaine de policiers devant le giratoire. La police en place, dirigée par le commissaire Emmanuel Dumas, a d’abord demandé aux manifestants « d’être raisonnables« . Mais certains ne l’ont pas entendu de cette oreille, et accompagnés de caddies récupérés au supermarché en amont, ont commencé à forcer le barrage mis en place par la police avant le rond-point. La police, qui a commencé par reculer, a finalement réussi à repousser les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes et en écartant les caddies.

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF

Dans la foulée, un jeu du chat et de la souris s’est mis en place, puisque certains ont tenté de contourner le barrage en essayant d’investir la RN 106, avant d’être repoussés une nouvelle fois par les policiers. Si une quinzaine de revendicataires ont voulu investir la D936 en bloquant la circulation et en discutant avec les automobilistes aux alentours de 13 heures, ce sont finalement les policiers accompagnés de renforts venant de Nîmes qui les ont délogés et remis la circulation à la normale. Le cortège est finalement retourné vers le centre-ville, où il ne restait qu’une centaine de manifestants en milieu d’après-midi.

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
RF

Le second cortège est parti de la sous-préfecture, sous les injonctions de Force Ouvrière et la CGT, dont la secrétaire générale de l’union locale Martine Sagit a listé les demandes : « Un budget qui correspond à nos revendications, la retraite à 60 ans, l’arrêt des actes génocidaires en Palestine et un cessez-le-feu en Ukraine ». Mais elle s’en est aussi prise directement aux « politiques et riches » : « Nous ne sommes pas responsables de cette fausse dette, nous n’avons pas d’immunité ouvrière comme eux, parlementaires. Halte à ce mépris ! On demande juste à être respecté pour vivre dignement.« 

Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
CD
Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
CD
Manifestation du 10 septembre 2025 à Alès
CD

La cohorte a emprunté le boulevard Louis-Blanc, puis a rejoint l’avenue Serres, avant de longer le Gardon et finalement revenir au Cratère. Après une brève pause, lors de laquelle ils ont bloqué le rond-point Barbusse, une partie du premier cortège a repris sa marche en centre-ville, escortée par les policiers, que le groupe n’a pourtant pas hésité à insulter, tout comme « M. Macron, le responsable du chaos« . La tension est ainsi montée, jusqu’à une confrontation directe rue du Brésis, se concluant par une interpellation et un gazage. Les insultes ont alors rapidement fusé, laissant petit à petit place à l’envie de vengeance et de « libérer le camarade » interpellé, en allant directement au commissariat, en faisant tomber au passage des poubelles pour bloquer des rues. À leur arrivée, les policiers ont fermé les grilles, coupant court aux revendications. Les derniers irréductibles n’ont tout de même pas lâché l’affaire et sont restés devant l’hôtel de police pour réitérer leurs demandes, tant liées au « camarade » qu’à la Palestine.

À Arles, environ 200 personnes mobilisées

Environ 200 personnes (retraités, actifs, syndiqués de la Poste, étudiants…) ont participé à la mobilisation citoyenne ce mercredi. Manifestation qui a pris des airs de jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre. « On en a ras-le-bol, l’inflation est partout », lâche Renaud, 60 ans. « On nous fait les poches, la jeunesse est à l’abandon, les gens survivent », ajoute Hubert, 79 ans, retraité de la fonction publique. « On ne tient pas compte des élections, Lecornu a été nommé hier, on prend les mêmes et on recommence », souffle Pauline, trentenaire.

Ce mercredi, vers 7h30, au rond-point des Arches à Arles.
S.Ma
Une partie du groupe du rond-point des Arches en direction de la RN113. 
S.Ma
Une soixantaine de manifestants (groupe du rond-point des Arches) a bloqué la RN 113 ce mercredi matin. 
S.Ma
Sur la RN113, ce mercredi matin. 
S.Ma
De nombreux véhicules ont été bloqués ce mercredi matin entre 8 et 9h du matin sur le RN113 à Arles. 
Louise Gal

À Arles, les manifestants étaient répartis sur deux points de rendez-vous dès 7 heures : la place de la République et le rond-point des Arches. Mais très vite, les deux groupes composés d’une soixantaine de personnes chacun, ont rejoint la RN113. L’un et l’autre, à des endroits différents, ont semé la zizanie sur cette 2×2 voies très fréquentée. Une action qui a suscité des réactions mitigées chez les automobilistes et conducteurs de poids lourds.

À Arles, les manifestants ont bloqué la 2X2 voies au niveau de l’entrée de la RN113 à hauteur du quartier de la Roquette.
 
Louise Gal
Certains automobilistes ont soutenu le mouvement.
 
Louise Gal
Certains automobilistes ont remis en cause le mouvement, se plaignant d’avoir été pris en otage alors qu’ils étaient sur la route du travail. 
S.Ma
Une interpellation musclée a eu lieu suite à une altercation entre un policier municipal et un manifestant sur la RN 113.
S.Ma
Suite à l’interpellation, les manifestants se sont retrouvés devant le commissariat pour réclamer la libération du trentenaire.
S.Ma

Sans leader déclaré et plan d’actions défini au préalable, il a fallu improviser et composer avec la présence des forces de l’ordre (police rurale, municipale et nationale) qui avaient pour mission de libérer les axes routiers. Ce fut le cas après une heure de blocage pour le groupe situé sur la RN113 au niveau de la Roquette. Alors que l’autre bloc se dirigeait vers la sortie, une altercation entre un policier municipal et un manifestant s’est produite. L’homme, âgé de 30 ans, a été interpellé sans ménagement « pour violence envers un policier municipal », d’après la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Il a été conduit vers le commissariat où l’ensemble des personnes mobilisées s’est retrouvé pour réclamer sa libération, dénonçant « un coup monté ».

Les manifestants avaient préparé plusieurs pancartes à l’occasion du « pot de départ de Bayrou », lundi 8 septembre. 
S.Ma
Lors de l’action sur le rond-point de la Croisière à Arles.
S.Ma
Les manifestants immobilisés et encadrés par les forces de l’ordre. 
S.Ma

À partir de là, il était près de 10h, le mouvement a pris un nouveau tournant, autour du rond-point de la Croisière d’abord. Interdits d’occuper la voie publique, les manifestants ont temporairement paralysé ce carrefour en empruntant avec discipline les passages piétons, inversant le sens de circulation pour échapper au blocage des forces de l’ordre. Sommation, à trois reprises, le cortège s’est dispersé, retour sur le boulevard des Lices toujours encadré par les policiers tentant pour certains d’apaiser l’ambiance par le dialogue. Puis direction le cœur de ville, de la montée Vauban aux arènes puis la place de la République. « On est là, on est là, même si Macron ne veut pas… », « Siamo Tutti Antifascisti », etc. Ils étaient déterminés, ils l’ont fait entendre tout au long de leur parcours poussant le pas jusqu’au boulevard Georges-Clemenceau. Une halte, un sitting, trois sommations et de nouveau les forces de l’ordre ont repoussé avec autorité les manifestants les contraignant à rebrousser chemin et à rejoindre le trottoir.

Le défilé des manifestants en centre-ville et devant des touristes parfois surpris.
S.Ma
Sur la place de la République à Arles.
S.Ma
Sur le boulevard Georges-Clemenceau…
S.Ma
… avant le sitting.
S.Ma

Malgré quelques tensions, le mouvement n’a pas faibli, « je n’ai jamais vu un tel niveau de violence à Arles, ça fait très peur. D’habitude les policiers ne sont pas comme ça ici », indique un participant. Deux nouvelles interpellations ont eu lieu sur le boulevard des Lices, d’abord dans l’incompréhension la plus totale. Deux adolescents ont été mis à l’écart par les forces de l’ordre, soupçonnés d’avoir dérobé des munitions dans une voiture de police lors du sitting. Ils auraient été identifiés via les caméras de vidéosurveillance de la ville. L’un d’eux a finalement été mis hors de cause et rapidement relâché.

Le sitting à l’entrée de la RN113.
S.Ma
Les forces de l’ordre repoussent les manifestants sans ménagement, boulevard Georges-Clemenceau.
S.Ma
Quelques tensions entre policiers et manifestants ont éclaté lors de cette journée de mobilisation.
S.Ma

À nouveau rassemblé devant le commissariat, le groupe s’est petit à petit réduit, certains ont improvisé un pique-nique dans le jardin d’été avant de se donner rendez-vous à 20 heures pour l’assemblée générale. À 15h30, une vingtaine de manifestants a de nouveau tenté de bloquer l’entrée de la RN113, côté Roquette, avec des palettes et autres objets trouvés aux alentours (landau, bout de bois etc). Une action très vite stoppée par l’arrivée des policiers. Reste désormais à savoir si le mouvement se poursuivra dans les jours à venir et de quelle manière. Des sujets débattus à l’occasion de l’assemblée générale de ce mercredi soir.

À Uzès

La journée de mobilisation a démarré tôt dans la cité ducale : peu après 8 heures, quelques dizaines de manifestants ont mis en place un blocage de l’entrée de la zone commerciale de Pont-des-Charrettes. Une manifestation citoyenne, soutenue par la CGT et des organisations comme Attac, la France insoumise ou encore la Confédération paysanne. La CGT de l’usine Haribo toute proche, où la grève a été bien suivie, rejoindra aussi le blocus : « C’est un mouvement populaire, mais les revendications sont celles pour lesquelles on se bat depuis des décennies », avance David Chastel, élu CGT à l’usine Haribo.

Ce matin, lors du blocage de la zone de Pont-des-Charrettes par les manifestants
Thierry Allard

Un blocage accueilli diversement : si certains comme ce motard qui passe le pouce en l’air en lançant « bravo à vous » soutiennent le mouvement, d’autres se font simplement compréhensifs, quand quelques-uns font montre d’hostilité. Ainsi, ce patron d’un magasin de la zone qui, après avoir tenté de forcer le blocus, sortira avec l’envie d’en découdre lorsque l’un des manifestants a mis la main sur le capot de sa BMW. Bousculé, le manifestant dira son intention de porter plainte. La gendarmerie tentera de négocier avec les manifestants la mise en place d’un barrage filtrant plutôt que d’un blocage, en vain.

uzès manif blocage
Des échanges entre gendarmes et manifestants
Photo Thierry Allard

À 10h, les manifestants lèvent le camp pour rejoindre une autre manifestation, cette fois devant la mairie d’Uzès, à l’appel de la CGT. Avec « un seul mot d’ordre : Macron démission ! », lance le secrétaire de l’union locale CGT d’Uzès Philippe Alby, qui appelle à « se mobiliser jusqu’à la démission » du président de la République. Quant à la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, elle est balayée par le syndicaliste : « C’est une provocation. » Des représentants de la Confédération paysanne, de la Ligue des droits de l’Homme ou encore de la France insoumise prendront aussi le micro pour dénoncer la politique du gouvernement et d’Emmanuel Macron.

Ce matin, lors de la mnifestation « Bloquons tout » à Uzès
Thierry Allard
Les manifestants ont fait un passage remarqué par la place aux Herbes en plein marché
Thierry Allard

Puis le cortège de plus de 300 personnes (500 selon la CGT) s’est mis en marche dans les rues d’Uzès, les boulevards pour commencer, avant de bloquer le rond-point du bas de l’Esplanade durant vingt bonnes minutes. Le temps de décider des suites, à savoir un passage remarqué par la place aux Herbes un jour de marché, où on a pu observer des touristes prendre en photo la manifestation, puis un retour en mairie avec bien moins de manifestants qu’au départ et une dispersion de la manifestation. Reste désormais une question ouverte : et après ? « On espère que ce n’est que le début d’une mobilisation forte et durable », lance Philippe Alby, avec en ligne de mire la journée de mobilisation intersyndicale du 18 septembre.

À Bagnols/Cèze

Environ 350 manifestants se sont rassemblés, sur les coups de 9h, devant la mairie de Bagnols/Cèze. L’appel avait été lancé par le Collectif « Travail social du Gard ». Stéphane Vervacke, porte-parole du mouvement, a tenu à adresser un message engagé : « Tous les secteurs sont en souffrance, il y a des postes à pourvoir. Nous voulons que l’argent aille dans la solidarité. » Cette journée de mobilisation, ce militant souhaite qu’elle laisse une trace indélébile : « Le 10 septembre, une date de résistance, d’espoir et de combat », a-t-il clamé au microphone, devant les personnes mobilisées. Des familles se sont jointes au mouvement. Parmi elles, une femme, accompagnée de sa fille, qui portait fièrement un gilet jaune, signe que la contestation traverse toutes les générations.

« J’ai le sentiment qu’il y a un vrai mouvement social qui peut s’amorcer »

Les sympathisants de la CGT du Gard Rhodanien étaient venus aussi en nombre, garnir les rangs des manifestants. Pascal le Bouclh résume leurs revendications : « On s’inscrit dans le mouvement. On comprend la souffrance populaire. Nous défendons les travailleurs et nous sommes une organisation qui demande une transformation sociale. « , a martelé le secrétaire général de l’Union locale de la CGT du Gard Rhodanien. Peu avant 10h, le cortège s’est élancé et a pris la direction du rond-point de l’Europe. Les plus réfractaires se sont déplacés ensuite devant l’entrée du supermarché Intermarché, pour distribuer des tracts. Un militant a expliqué ce geste : « Nous appelons à moins consommer et à ne pas utiliser la carte bleue. J’ai le sentiment qu’il y a un vrai mouvement social qui peut s’amorcer. »

« Nous sommes surtaxés »

Un mouvement soutenu largement par les commerçants. « C’est important de montrer son mécontentement. Tout le monde devrait pouvoir vivre normalement. Tout en lançant un appel : nous sommes surtaxés et sommes impactés par les charges », lance la responsable d’une friperie. Le mouvement de contestation a entraîné des changements dans les habitudes des Bagnolais. Proscrite en signe de protestation, la carte bancaire a quand même été utilisée : « Il y a eu moins de fréquentation, beaucoup moins de passage. J’ai eu trois clients et ils ont payé en carte », confie une commerçante chez Subtil. Une boulangère soutient le mouvement et a même collé une affiche sur sa vitrine : « C’était plus calme ce matin. Je soutiens, j’ai mis l’affichette, mais je ne peux pas me permettre de fermer, car cela fait une journée de vente en moins. Déjà que l’on ne s’en sort pas… ». De nouvelles actions militantes se poursuivront lors de la journée intersyndicale le 18 septembre à Bagnols-sur-Cèze.

Au Vigan

À 8 heures, les premiers mobilisés autour du rond-point des gilets jaunes du Vigan saluent les voitures qui klaxonnent
François Desmeures

Une bonne fée avait équipé le parking, au bord du rond-point dit des gilets jaunes, d’une yourte, ce mercredi matin, peu avant 8 heures. Une façon d’installer le mouvement dans la durée, alors qu’un tableau proposait déjà des actions de bricolage en commun pour pérenniser la construction. Sous le regard de deux gendarmes en début de matinée (une équipe renforcée ensuite), c’est pacifiquement que s’est déroulée toute la journée de mobilisation viganaise, le rond-point finissant par accueillir près de 300 personnes au plus fort de la mobilisation de la journée, vers l’heure du repas, avec l’apport des manifestants de l’ESAT la Tessone de Molières-Cavaillac. 

La fabrique de badges a fontionné à plein régime toute la matinée
François Desmeures
François Desmeures

« On essaie de ne pas mettre trop de jalons sur le contenu de la mobilisation, confie Miette (prénom d’emprunt, NDLR), de façon à ce qu’un maximum de gens y participent. Mais on veut avoir un espace de revendication qui sorte de l’agenda politique. » Car sur la mobilisation, la nomination d’un nouveau Premier ministre est un non-événement. « Je me suis réveillé et je me suis dit que j’en avais marre de subir, de voir que toutes les décisions vont dans le sens de protéger et de privilégier une minorité. On a l’impression d’être impuissants, confie Églantine, agricultrice. C’est un mouvement qui redonne un peu d’espoir (…) dans un monde qui va vers la mort. »

Une yourte a été installée peu avant 8 heures à proximité du rond-point
François Desmeures
Originalité du slogan au Vigan, les manifestants invitaient plutôt à « débloquer » la société plutôt que de bloquer les voies
François Desmeures
François Desmeures

Vers 9h30, une partie des manifestants viganais a pris la route de Montpellier pour soutenir les mobilisations. Tandis que les ateliers de badge tournaient à plein et que la yourte commençait à être tapissée des sujets soulevés lors de deux assemblées générales précédentes, pour voir ce qui devait être prioritairement débattu à la nouvelle AG de 18h. « En étant ici, je pense à ma grand-mère et au Front populaire , s’énerve Jean-Michel (prénom d’emprunt). Elle nous racontait les acquis de l’époque. Moi, je me demande ce qu’on va donner aux suivants… » 

François Desmeures
En fin de matinée, les personnes mobilisées sur le rond-point ont été rejoints par les travailleurs handicapés et salariés de l’ESAT la Tessone 
François Desmeures
François Desmeures
La guerre à Gaza, très présente dans la mobilisation viganaise
François Desmeures
À l’heure du repas, une flotille symbolique pour Gaza a pris place sur le rond-point
François Desmeures