« Avec cette expérimentation, l’idée, c’est à terme que tout le monde fasse des économies », résume Jérôme Gardelle, vice-président chargé des déchets, en préambule de la réunion d’information, mercredi 3 septembre, au siège de Saintes Grandes Rives.
Minimum 100 participants
À partir du 1er octobre, et pour une durée de trois mois, l’Agglo propose aux professionnels (restauration, hôtellerie, commerces de bouche, associations…) de participer à une expérimentation gratuite de collecte des biodéchets, une fois par semaine. « Plus vous serez nombreux, mieux ce sera », complète l’élu, par ailleurs maire de La Jard, qui évoque le nombre minimum de 100 participants. Pour financer ce dispositif (un peu moins de 40 000 euros), l’Agglo a puisé dans son Fonds vert (80 %). Une expérience similaire avait été tentée par Xavier Debay en 2021 (Retour O Sol) mais elle avait malheureusement tourné court, faute de candidats.

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La matière organique est assez simple à mettre de côté
Devant une trentaine de personnes, Stéphan Martinez, fondateur de Moulinot, a présenté son activité de collecte des biodéchets. Avec son bagou, l’entrepreneur, issu d’une troisième génération de restaurateurs à Paris, est revenu sur ses dix années d’expérience. « Je suis parti d’un constat simple : où partent les biodéchets des restaurateurs ? Bien souvent, le pain dur finit en pain perdu et le marc de café part dans les jardins. Mais les autres ? » En une décennie, quatre usines sont sorties de terre, deux en région parisienne, Paris, une près d’Angers et une dernière à Eysines, à côté de Bordeaux. « La matière organique est assez simple à mettre de côté, insiste l’entrepreneur. Ce n’est pas une charge de travail en plus pour vos salariés. »
Bacs en « cul-de-poule »
Pour éviter que ces déchets restent tassés au fond de leur bac, Moulinot en a imaginé avec « des cul-de-poule », un fond arrondi. « À chaque passage, nos bennes nettoient aussi les bacs », complète Stéphan Martinez. Une fois collectée, « cette soupe alimentaire » – coquilles d’œufs et d’huîtres à proscrire – est orientée vers des agriculteurs méthaniseurs dans le Médoc, en Gironde, avec qui la société possède un partenariat. Ce fertilisant naturel leur permet de diminuer l’usage de produits chimiques pour leurs cultures.

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À terme, quand le territoire possédera une filière complète opérationnelle avec un site permettant de traiter ces déchets (déconditionnement et hygiénisation à 70 degrés), il sera envisageable de travailler avec les agriculteurs locaux. « Pour l’heure, le bilan carbone le plus favorable est de les valoriser en Gironde », éclaire Jérôme Gardelle.
Stockage, odeurs…
Après les présentations, sont venues les questions comme celle du stockage de ces déchets organiques. « Tous les restaurants ne sont pas équipés d’un local, on peut penser aux problèmes d’odeurs aussi », pointe Vincent Coiquaud, des Saveurs de l’abbaye, également président du Cercle des restaurateurs saintais. Notamment avec les restes de fruits de mer… « C’est une problématique évidente, répond Jérôme Gardelle. Après, en fonction de chacun des besoins de chacun, on peut faire de la dentelle et adapter le service. »
Les prochaines semaines, Moulinot va sonder et rencontrer les professionnels pour savoir s’ils désirent participer à cette expérimentation. Dans l’ensemble, les participants sont prêts à tester cette solution. Laurent Akriche, qui gère La Vie claire, avenue Gambetta, se félicite de cette initiative. Toutefois, il a soulevé un point non négligeable. « Cette collecte va être un coût supplémentaire pour les commerçants qui n’utilisent pas toutes leurs levées de poubelles noires (18) et qui les paient de toute façon. Après, si notre contribution financière peut permettre d’améliorer le service de ramassage pour la population, ça me convient. »
Le commerçant souhaiterait que les plus concernés par les biodéchets, comme les restaurateurs, « jouent le jeu ». Pour Étienne Péré, en charge de la restauration au centre social Le Pidou, à Saintes, « c’est une démarche tout à fait louable, qui colle à nos valeurs. Il faut aller au bout de cette expérimentation ». Premiers retours d’expérience attendus en fin d’année.
Réglementation
Depuis le 1er janvier 2024, les collectivités doivent prendre à leur charge les collectes de biodéchets des particuliers. Pour les professionnels, cette collecte obligatoire est à leurs frais. Dans le but de payer moins de charges de ramassage d’ordures ménagères – de plus en plus coûteuses – l’Agglo propose de les accompagner avec le dispositif de Moulinot, retenue après consultation. Renseignements au 05 47 30 54 01.