Montpellier. Comment la coordination du social prépare le 10 septembre et ses suites

Sep 8, 2025 | Montpellier

La rentrée sociale s’annonce explosive. Mardi dernier, l’assemblée générale de préparation du 10 septembre sur Montpellier a réuni 400 personnes. Alors que le gouvernement poursuit sa politique d’austérité, menaçant toujours plus les emplois, les services publics et les conditions de travail, à Montpellier le secteur social et médico-social s’organise pour riposter. Depuis juillet, une coordination regroupant des dizaines de structures s’est mise en place et a déjà su imposer des reculs au département de l’Hérault. Le 3 septembre, plus de soixante travailleurs se sont réunis en assemblée générale pour préparer les dates du 10 et du 18 septembre. Loin de se limiter à leurs seuls établissements, ces salariés cherchent à tisser des liens avec d’autres secteurs – santé, énergie, étudiants, cheminots – convaincus que seule la convergence peut permettre d’arracher des victoires.

Plus de 60 personnes à l’AG de la coordination du social

Mercredi 3 septembre, avait lieu l’assemblée générale de la coordination du social et du médico-social contre l’austérité. L’AG a réuni plus de 60 personnes réparties sur 20 structures et services différents. La coordination qui se réunit depuis le mois de juillet, a pu discuter du 10 septembre et 18 septembre. Face à une rentrée sociale qui s’annonce explosive, la coordination du social tiendra un cortège contre les coupes budgétaires et les licenciements le 10 septembre. Max, éducateur à APS34 et militant CGT et à Révolution Permanente souligne l’importance de la mobilisation : « Dans mon association c’est 40% des postes qui étaient menacés d’être supprimés, à ADAGES c’est des services sociaux qu’on menaçait d’être supprimés. C’est pour ça qu’on a impulsé une coordination avec l’ensemble des structures du secteur ». Grâce à cette mobilisation, la coordination a fait reculer deux fois le département de l’Hérault.

Max explique l’importance des assemblées générales du secteur « Ces AG ça a été pour nous l’occasion de réunir largement dans le secteur, tous les salariés les plus déterminés. Grâce à ce cadre on a pu comprendre l’ensemble des attaques auxquelles on faisait face et décider ensemble d’un plan de bataille ». La coordination a permis à plusieurs travailleurs de se mettre en grève afin de faire des tournées dans le secteur du social, pour renforcer les liens entre les différentes structures. En cette rentrée la coordination a appelé l’ensemble du secteur à lutter pour de meilleures conditions de travail et pour les personnes qu’ils accompagnent. L’auto-organisation permet donc de rassembler plus de 60 salariés parmi les plus déterminés, pour organiser le 10, le 18 et ses suites. Les AG sont donc des outils cruciaux car elles permettent à l’ensemble des travailleurs de discuter de la situation politique et des méthodes d’action pour arracher la victoire.

Dans ce sens, les travailleurs d’AREA étaient en grève le 28 août dernier face aux politiques racistes et xénophobes de la mairie PS de Montpellier. La mairie et la préfecture avaient procédé à l’expulsion d’un bidonville. Antoine, militant à SUD Santé Sociaux et travailleur à AREA a souligné l’importance de se réunir en coordination : « A AREA on s’est mis en grève grâce à la force que nous a donné la coordination, seul le rapport de force peut nous faire gagner ». Clotilde travailleuse également à AREA explique à la sortie de l’assemblée générale : « Le 10 septembre on sera bien présent et on va former un énorme cortège du social et médico-social. Mais on a discuté aussi de l’importance de se réunir en interpro ».

La convergence comme un facteur déterminant dans la situation

Des travailleurs de la santé étaient présents à l’AG. Philippe infirmier au CHU de Montpellier et militant CGT a souligné l’importance de la jonction entre la santé et le social : « En soutien aux travailleurs sociaux, au CHU on avait plus de 300 grévistes. À l’hôpital, on ressent beaucoup de colère, et votre lutte rencontre énormément d’écho chez les collègues ». Un cortège de soignants sera présent le 10 septembre et rejoindra la coordination du social.

Floriane, militante du Poing Levé est intervenue pour souligner la convergence entre les étudiants et la coordination « Les étudiants sont directement concernés par votre lutte. Les attaques d’austérité menées sur le social et l’université sont la face d’une même pièce. Hier à l’assemblée générale pour la préparation du 10, il y avait plus de 100 étudiants sur les 400 participants. Ce que vous êtes en train de construire, c’est un cadre solide pour la suite ». La réduction de la distance sociale entre le mouvement étudiant et ouvrier, dans un contexte où plus de 40% des étudiants travaillent à côté de leurs études et que l’université fait face aux attaques austéritaires et à la militarisation des formations, est également un facteur déterminant. La coordination du social sera présente à l’assemblée générale étudiante qui se tiendra le 9 septembre à la fac.

Pour Max la coordination des travailleurs sociaux peut assumer de jouer un rôle de point d’appui pour faire jonction entre différents secteurs. « On peut faire le lien avec l’ensemble des secteurs, y compris les secteurs plus stratégiques. On peut envoyer des délégations sur les différents piquets comme on l’a fait avec les énergéticiens ». En effet, une délégation était présente le 2 septembre pour apporter leur solidarité aux énergéticiens en grève. La coordination cherche donc à développer le plus de jonction possible entre l’ensemble des secteurs du mouvement ouvrier et de la jeunesse afin de construire un mouvement capable d’imposer ses revendications face à l’austérité du gouvernement.

Penser l’après 10 septembre, construire un véritable rapport de force

Pour continuer à tisser des jonctions entre les différents secteurs, les travailleurs sociaux ont décidé, à l’issue de l’assemblée générale, de venir au piquet de grève des cheminots qui se tiendra le 10 septembre à 7h30 devant le siège de la SNCF à Rondelet, juste avant la manifestation. Max souligne la nécessité de convergence avec les secteurs plus stratégiques « Si on veut leur faire mal, il faut bloquer l’économie. La coordination peut jouer le rôle d’un point d’appui pour s’adresser à des secteurs clés comme les énergéticiens et les cheminots pour créer une vraie convergence contre la logique des journées saute-mouton ». Dans la période, l’enjeu est de construire une mobilisation d’ampleur avec la nécessité de bloquer l’économie non pas un jour mais bien durablement. En effet, c’est ce mode de lutte qui permet de frapper au cœur de l’économie capitaliste tout en mettant en action les travailleurs.

Aujourd’hui, une majorité de la population est en colère et le mouvement du 10 septembre est soutenu par 65% de la population. Si les mouvements autour du 10 et 18 septembre rencontrent un fort écho, une question centrale est de penser l’après de ces deux dates. Une des tâches essentielles est d’articuler l’ensemble des revendications dans tous les secteurs de la population et de la jeunesse. Afin de réussir ce saut dans la confrontation et alors que le gouvernement est plus que fragile, la question est donc d’établir un véritable rapport de force et un mouvement qui puisse se construire dans la durée, en dépassant à la fois les manœuvres des directions syndicales, tout en faisant entrer dans la bataille le mouvement ouvrier organisé et sa capacité de blocage du pays.

A l’image de la réforme des retraites de 2023, un des enjeux essentiels de la lutte du 10 septembre réside dans le fait de dépasser l’opposition entre revendications sociales et revendications politiques, alimentée par la division entre le « syndical » et le « politique ». C’est en construisant par la grève, en développant le plus possible de cadres d’auto-organisation, dans la rue, dans les lieux de travail et d’études et par les méthodes de la lutte de classes qu’il est possible d’arracher nos revendications.