«Un déblocage progressif» : la reprise du marché de l’immobilier est engagée mais reste fragile
Après deux années de chute, l’année 2025 a vu un rebond des ventes, mais pas tout à fait autant que prévu. Et l’instabilité politique n’arrange rien.
Sonnez hautbois, résonnez musette, la presse immobilière et les agences sont ravies, «ça repart» ! Mais il ne faut pas le dire trop vite… Après deux années de chute, le marché de l’immobilier a renoué en 2025 avec la reprise des transactions, une embellie moins forte que prévu qui reste conditionnée à une situation politique jugée imprévisible, selon les analyses mardi 2 septembre, des réseaux d’agences immobilières.
Après un rebond des ventes entre fin 2024 et début 2025, le printemps a marqué le pas en raison d’une augmentation non prévue des taux d’intérêt, a expliqué lors d’une conférence de presse Thomas Lefebvre, vice-président chargé des données chez SeLoger-Meilleurs Agents, qui table sur une hausse de 8,2 % des transactions en 2025, à 925 000, soit moins qu’attendu.
«Les Français n’aiment pas l’incertitude»
Signe positif, les prix, qui déclinaient depuis début 2020, ont arrêté de baisser, notamment à Paris. «Tout cela est très positif et c’est évidemment dû à la baisse des taux», a commenté de son côté Eric Allouche, directeur exécutif du groupe Era Immobilier.
La décision du Premier ministre François Bayrou d’engager la responsabilité de son gouvernement le 8 septembre laisse toutefois sceptiques les professionnels du secteur. «L’instabilité politique actuelle est de nature à freiner ou à faire régresser la reprise, compte tenu du fait que les Français n’aiment pas l’incertitude», a souligné Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).
Même constat pour Charles Marinakis, président de Century 21 France. «On recommençait à voir s’aligner les planètes et là, patatras», regrette-t-il, même s’il note que les banques françaises sont très enclines à accorder des crédits. «Ce qui bloque les marchés, c’est soit les prix, soit les crédits. Les prix ont été bien maîtrisés depuis deux ans. Ce qui pourrait nous faire replonger, ce sont les taux de crédit si les aléas politiques ont pour conséquence de faire monter l’inflation», complète-t-il.
«Disparités notables selon les marchés et les territoires»
Orpi, qui enregistre une croissance à deux chiffres des compromis de vente depuis janvier (+ 14 %), relève toutefois des «disparités notables selon les marchés et les territoires». «Jusqu’à fin août, le marché immobilier semble reprendre. Cette rentrée et les annonces gouvernementales seront décisives», prévient son président, Guillaume Martinaud.
Le marché locatif, corrélé à celui des ventes, est toujours fortement sous tension, même si la hausse des loyers a bien ralenti depuis fin 2024 (+ 1,5 % contre + 4,2 % l’an dernier), selon SeLoger. «Beaucoup de propriétaires bailleurs se sont retirés de l’investissement immobilier», remarque le directeur général d’IAD France, Olivier Descamps, qui signale des «campings remplis d’étudiants» qui n’ont pas réussi à se loger.
Pour 2026, les tensions géopolitiques mondiales pourraient aussi peser sur la reprise. «L’inflation étant maîtrisée, la Banque centrale européenne n’a plus de raison d’assouplir sa politique monétaire», analyse Thomas Lefebvre, qui table toutefois sur un «déblocage progressif du marché» et 960 000 transactions l’an prochain.
Pour aller plus loin :