Ce lundi 1er septembre, c’est le retour à l’école, souvent accompagné pour certains d’une boule au ventre, d’une petite angoisse. Celle parfois de ne pas retrouver sa classe et ses camarades. Ce stress de la rentrée sera peut-être moindre dans l’île d’Oléron, car depuis le 30 juin 2025, sous l’égide de la Communauté de communes (CdC), sept des huit maires de l’île ont ratifié une convention de territoire pluriannuelle couvrant les années scolaires 2024-2025, 2025-2026 et 2026-2027.
Cet accord, à l’origine créé pour la ruralité, offre du temps et évite les fermetures de classes. Déjà mis en place l’an dernier, le document officiel n’a vraiment été acté qu’à la veille des vacances estivales 2025, le travail de rédaction et les allers-retours entre la CdC et le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) ayant pris plus de temps que prévu.
Cette signature engage l’Éducation nationale à laisser trois ans aux élus oléronnais pour mener « un travail de structuration scolaire dissocié de l’exercice annuel de la carte scolaire ». « Nous nous adaptons aux spécificités de l’insularité en réduisant de deux points le taux moyen d’effectifs par classe par rapport à la moyenne départementale », explique le Dasen de Charente-Maritime Mahdi Tamene.
En clair, dans le reste du département la moyenne de 22,5 élèves par classe tombe autour de 20 élèves par classe dans l’île d’Oléron. De quoi justifier le gel des fermetures de classe et donner du temps à l’île de réaliser sa politique ambitieuse de logements à l’année fiancée par les récents succès juridiques face aux géants du tourisme comme Airbnb. Le Plan local de l’habitat 2024-2028 de la CdC anticipe la construction de 150 nouveaux logements abordables, plus de 165 offres locatives et donc l’arrivée d’une centaine de familles d’ici à cinq ans. Rappelons qu’en 2023 sur les 32 295 logements de l’île d’Oléron, le taux de résidences secondaires et touristiques était de 61, 9 % contre 22 % au niveau départemental.
Pas d’enfant et demi
À la rentrée 2025, on estime le nombre d’élèves inscrits dans les 14 écoles oléronnaises à 1 100 élèves contre 1 144 en 2024. Depuis 2019, on constate une baisse de plus de 10 % par an du nombre d’élèves.
L’éducation et le logement sont des priorités liées stratégiques pour notre territoire
Parmi les trois établissements scolaires de l’île menacés de perdre une classe à la rentrée 2025, sans la convention insularité, on note le Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de La Brée-les-Bains et Saint-Denis-d’Oléron. Néanmoins, le premier adjoint de La Brée-les-Bains, Patrick Monnereau, en charge du Syndicat intercommunal à vocation scolaire (Sivos), fustige la méthode : « En commission de travail, nous étions unanimes sur un principe simple : une commune égale une école. Lors de la signature, aucun chargé des affaires scolaires n’a été invité, seuls les maires et les membres des services enfance-jeunesse l’ont été. Nous avons travaillé sur le sujet, nous sommes au courant des effectifs, des mouvements et on signe sans nous, en catimini. »
L’élu brénais craint aussi le pire, dès la prochaine rentrée 2026, pour l’avenir de son RPI. Il évoque une « clause de revoyure fixée au printemps 2026 sur les modalités d’accueil des temps périscolaires », effectivement notée dans la convention. « Un enfant ce n’est pas comptable, on ne peut pas me parler d’une classe à 17,5. Un enfant et demi ça n’existe pas à mes yeux », défend Patrick Monnereau.
Dolus-d’Oléron n’a pas signé
Une position alarmiste que récuse le maire de Grand-Village-Plage, Patrice Robillard, 3e vice-président de la CdC et en charge de l’enfance-jeunesse. « Nous avons sollicité les services du Dasen, dès 2023, à l’instar de nos voisins rétais, pour bénéficier nous aussi d’une convention insularité. On a mis certes plus d’un an et demi et sept réunions pour finaliser le document mais chaque commune a participé, rien n’a jamais empêché de participer aux travaux préparatoires. Tout a été fait en transparence. »
Seul le maire de Dolus-d’Oléron, Thibault Brechkoff, n’a pas signé la convention car la commune souhaite l’ouverture d’une classe supplémentaire. « On attend la rentrée et le comptage des élèves. Les effectifs (NDLR : environ 85 élèves en maternelle) justifient parfaitement l’ouverture d’une quatrième classe de maternelle. Je regrette cette situation, mais on souhaite un service de l’éducation efficient et efficace pour les enfants de Dolus », ajoute l’élu qui redoute le statu quo. Il rappelle que l’île a besoin de professeurs et de classes et qu’Oléron défend une vision collective sur le long terme, « l’éducation et le logement sont des priorités liées stratégiques pour notre territoire ».