C’est une rencontre entre trois monstres sacrés du monde de l’art, entre trois énergies qui s’enrichissent et se fécondent en se démultipliant, pourrait-on dire en paraphrasant les propos de Niki de Saint Phalle (1930-2002), la seule femme du trio aux côtés de Jean Tinguely (1925-1991) et Pontus Hulten (1924-2006). Une rencontre qui a débouché sur des œuvres et des installations anticonformistes, joyeuses et ludiques. Et sur des expositions mémorables comme Hon-en katedral («Elle-une cathédrale»), qui s’est tenue au printemps-été 1966 au Moderna Museet de Stockholm, que dirigeait alors Pontus Hulten.
La vedette en était une gigantesque Nana, une monumentale femme-déesse de la fertilité, enceinte, allongée, transformée en parc d’attractions. Les visiteurs y pénètrent par le vagin. A l’intérieur, ils découvrent, médusés, un bassin de poissons rouges, une salle de cinéma, un distributeur de boissons, un toboggan, un banc d’amoureux et une galerie de fausses peintures et sculptures. L’exposition permettra aux trublions d’accéder à une reconnaissance internationale. A Niki de Saint Phalle tout particulièrement, dont les Nanas deviennent la marque de fabrique.