Le Mendois âgé de 25 ans photographie la Lozère et son évolution urbaine, ainsi que sa jeunesse assoiffée de liberté et de grands espaces. Un enfant du pays au regard unique sur la ruralité et ses massifs, habités depuis des décennies.
Son regard bleu azur se promène sur les hauteurs du Mont Mimat qui surplombe la ville de Mende. « Un endroit où je suis allé des centaines de fois« , sourit-il. Un chemin de croix parcouru l’appareil photo à la main, en hiver, comme en été.
Le jeune photographe, diplômé de l’école parisienne des Gobelins a démarré son projet photographique comme mémoire de fin d’études, qu’il poursuit encore en Lozère, sa région natale, et qu’il partage sur son site internet Mont Mimat.
Âgé de 25 ans, il est sélectionné parmi les 7 finalistes du prix Jeune espoir lozérien 2025. Un prix novateur qui récompense un jeune âgé de moins de 30 ans qui œuvre en faveur de la Lozère.
Entre sociologie et photographie
Originaire de Mende, Lucas Morin capture en image la jeunesse dans son quotidien, en prenant le contrepied des stéréotypes véhiculés sur la ruralité. La jeunesse saisie en image déborde de vie, réunie autour d’un barbecue, en baignade dans les Gorges du Tarn, ou sur les hauteurs d’un massif forestier, en plein hiver.
« La sociabilité ici est quelque chose de très important. Les jeunes se retrouvent avec une bande qui évolue tout au long de la journée. Les jeunes se sont complètement approprié ces grands espaces », affirme-t-il.
D’un caractère pudique, réservé aux premiers abords, il est, dans une bande d’amis, « celui qui observe, qui ne se mettra pas forcément en avant. » C’est à travers son objectif qu’il s’exprime, intarissable d’anecdotes sur le lieu et la manière dont il a capturé l’instant.

Midi libre – Lucas Morin
Il cite sans hésiter Benoît Coquard comme référence, et son ouvrage Ceux qui restent. Un livre de sociologie mené auprès des jeunes restés vivre dans les grands espaces ruraux, malgré l’attractivité des grandes villes. « Cette étude, on pourrait complètement la réadapter à la Lozère », ajoute-t-il.
Des techniques qui s’entrecroisent
Lucas Morin habite depuis ses 18 ans à Paris pour ses études et son travail, bien qu’il retourne près d’une semaine par mois photographier la Lozère, son terrain de jeu. Les infrastructures se sont développées dans le département le moins peuplé de France, et n’ont pas échappé à son regard.

Midi libre – Lucas Morin
Il s’intéresse à la jeunesse lozérienne, mais aussi aux grands espaces ruraux, où se superposent carrefours et viaducs, qui surplombent des massifs granitiques ou forestiers.
Il a d’ailleurs investi en 2018 dans un drone pour survoler la Lozère, où apparaît le quartier de Fontanilles de nuit, la décharge de voiture, ou encore la station d’épuration gelée, sous l’effet des températures. « On dirait une tasse de café, de ce point de vue », commente-t-il, amusé. Les images vertigineuses démontrent l’empreinte de l’homme sur de grands espaces naturels.
Le passé et le présent en ligne de mire
Lucas Morin est « un fils de scientifique, avec un profil littéraire« , qui a démarré la photographie au lycée, en prenant des clichés de ses amis et camarades à la pause. Désormais, son matériel vaut plusieurs milliers d’euros, et son style s’est affirmé avec l’âge.
« Quand les jeunes me demandent combien coûte mon matériel, je réponds que c’est le prix d’une voiture d’occasion ». Une comparaison qui prête à sourire, tant les voitures sont un passeport pour la liberté en Lozère.
Images d’archives chinées en vide-greniers
Le photographe collectionne aussi les images d’archives qu’il chine sur des vide-greniers, déniché dans des fonds d’archives, ou lorsque des personnes décèdent.
ll numérise ensuite ces tirages en noir et blanc, qu’il agrémente de collages, de couleurs, via des logiciels de retouches. Un mouvement artistique qui se nomme la post-photographie.
Certaines de ses archives dénichées un peu par hasard l’amènent à découvrir le fonds photographique d’un médecin du XIXe siècle, Jules Barbot, qui a documenté le Gévaudan. Une époque sur le point tomber dans l’oubli.

Midi libre – Agnès Polloni
Lucas Morin jongle entre la photo documentaire, et le mouvement post-photographique, entre la Lozère, et Paris son lieu de travail. Un regard assez unique sur le passé, et le présent qu’il refuse de désolidariser dans son travail, et qu’il juxtapose de manière complémentaire.
La prochaine étape sera le verdict du futur jeune espoir Lozérien, le mardi 12 août prochain, pour lequel il est sélectionné. « C’est déjà une petite victoire pour moi, cela me permet de faire connaître mon travail. C’est important d’être reconnu au sein de ma région natale ».