Loi Duplomb : ce verger cultive des noisettes bio au Pays Basque

Août 9, 2025 | Saint-Pée/Biarritz

Le Conseil constitutionnel a rejeté jeudi l’article 2 de la loi Duplomb qui prévoit la réintroduction de l’acétamipride. Cet insecticide sert aux producteurs de noisette notamment. Pourtant à Saint-Pée-sur-Nivelle, au Pays Basque, un verger cultive des noisettes bio.

« Vous voyez, ce sont des noisettes vertes, bientôt, elles seront marrons, comme on a l’habitude de les consommer », explique Vincent Trébesses en attrapant la branche sur laquelle sont fixées quelques noisettes. Cet agriculteur possède un verger de trois hectares, qui comprend 12 000 noisetiers, « et ce sont des noisettes bio », précise-t-il. Ici, les biches et les renards se promènent en pleine journée, « c’est un lieu hors norme » décrit son propriétaire.

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Petite particularité. « Je travaille aussi avec des agriculteurs conventionnels ». Les noisettes bio ne suffisent pas pour vivre. Il travaille donc avec des agriculteurs qui utilisent de l’acétamipride, un insecticide sous le feu des projecteurs depuis la Loi Duplomb. Interdit en France depuis 2020, il était en passe d’être réintroduit jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel qui décide de censurer cet article au nom du principe de précaution, présent dans la charte environnemental. « Les noisettes bio sont rares« . L’explication est simple. « Des insectes, dont le banalin, un insecte qui fait des trous et qui peut ravager jusqu’à 90% des récoltes ». Cette perte de rendements, Vincent l’a déjà subie « je suis donc obligée de minimiser les risques en diversifiant ma production ».

Huilerie Errota - la noisette basque à Saint Pée sur Nivelle.
Huilerie Errota – la noisette basque à Saint Pée sur Nivelle. © Radio France – Linda Rousso

À l’intérieur du bâtiment, il tient un atelier pour faire de l’huile de noisette, sa spécialité. Il transforme la noisette en huile, en pâtes à tartiner « mais tout ça je le fais avec des noisettes non bio ».  Depuis peu, il achète aussi de l’amande qu’il transforme et propose des logements insolites au milieu du verger, « le principal de mon chiffre d’affaires repose sur cette transformation de noisettes et non sur mes noisettes bio ». Pourtant, ça lui tient à cœur d’essayer de trouver des solutions « j’essaye d’étudier quel prédateur pourrait chasser ces insectes ». Un verger qui fait donc un peu office de laboratoire expérimental.

Ces positions sur la loi Duplomb sont claires, « elles sont un peu particulières, car j’ai les deux casquettes, mais personnellement, je suis contre cette loi. Il nous faut des solutions écologiques. » L’argument principal avancé par les agriculteurs est que certains pays européens l’autorisent encore. « Je ne pense pas qu’il faut copier l’Union européenne, je pense qu’il faut que la France fasse précisions sur ces pays pour qu’ils interdisent à leur tour ce néonicotinoïde« . Rappelons que de nombreux scientifiques et professionnels de santé ont alerté des dangers de cet insecticide, notamment sur les troubles du neurodéveloppement chez les enfants notamment. Rappelons aussi qu’une pétition pour interdire la Loi Duplomb a déjà fait plus de 2 millions de signatures.