1 Un territoire toujours aussi contaminé
Avec plus de 1 000 tonnes d’achats de substances pesticides soumises à redevance pour pollution diffuse (RPD), la Charente-Maritime arrive dans le peloton de tête des départements français les plus gros consommateurs et se maintient à la 8e place (sur 101). Au global, ce sont 1 946 tonnes et 2,44 millions de litres de produits pesticides plus ou moins dangereux qui ont été achetés dans le département, soit une légère baisse par rapport à 2022. « Ces produits sont commercialisés essentiellement sous forme liquide. Il s’agit d’usages agricoles dans plus de 95 % des cas. 54 % de la surface totale du département sont impactés directement par des épandages de pesticides de synthèse non autorisés en agriculture biologique » rappellent les deux experts.
2 Jamais sans son glyphosate
Rien ne bouge du côté du glyphosate. Avec 213 tonnes d’achats en 2023, la Charente-Maritime reste le département qui en consomme le plus en France (toutefois en deçà de son pic en 2020 à 347 tonnes). Il reste l’herbicide le plus utilisé, notamment en viticulture, à la différence des secteurs agricoles de grandes cultures (blé, maïs, colza, tournesol, etc.) qui emploient massivement divers autres herbicides. « Il est suspecté par l’Inserm d’être génotoxique aux concentrations détectées dans notre environnement et probable perturbateur endocrinien » rappellent Chantal et Jean Marie Bourry.
Lexique
La redevance pour pollution diffuse (RPD). Perçue par les agences et offices de l’eau lors de l’achat de produits pesticides, la RPD a pour objectif d’inciter à une diminution de la pollution des milieux et une diminution de l’exposition des personnes aux dangers qui sont associés aux substances. Distributeurs et acquéreurs en sont redevables. La RDP est calculée en fonction de la toxicité des substances.
Les substances CMR. Elles ont été classées par la réglementation européenne comme Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques pour la reproduction. Cette classification définit une catégorie de substances chimiques particulièrement dangereuses en tant que sources de risques à effets différés.
3 Toujours beaucoup de prosulfocarbe en Plaine d’Aunis
Depuis plusieurs années, la Plaine d’Aunis, occupée à quais 90 % par de la surface agricole et notamment de grandes cultures céréalières, est pointée du doigt pour ses records de contamination, dans l’eau ou dans l’air. Une baisse globale de 13 % du tonnage total est enregistrée en 2023 et touche l’ensemble des usages (herbicides, fongicides, insecticides). Sur trois ans, elle est de 17 %. Mais comme sur l’île de Ré, les substances les plus dangereuses (classées cancérigène, mutagène ou reprotoxique) sont en hausse. L’achat de glyphosate bondit de 23 %. Quant au prosulfocarbe, substance très volatile qui avait été détectée à un taux record dans l’air sur la commune de Montroy en 2021, il reste le deuxième herbicide le plus acheté en Plaine d’Aunis.
4 L’île de Ré devenue une très bonne élève
« Depuis 4 ans, nous constatons sur l’île de Ré un réel effort qui se traduit par une baisse régulière du total des substances soumises à la redevance pour pollutions diffuses. C’est le seul secteur du département qui a engagé une réduction aussi importante et persistante » écrivent les deux spécialistes. Les chiffres partent d’eux-mêmes : l’île est passée de 4 193 tonnes en 2020 à 2 249 tonnes, soit une diminution de 46 %. Seul petit bémol : les substances classées les plus dangereuses comme le pendiméthaline (un herbicide) ou le fluopicolide (un fongicide) sont en hausse de 65 % par rapport à 2022.
5 Le Folpel, déversé en grande quantité en Haute Saintonge
Avec des surfaces agricoles couvrant 75 % de ses 22 communes et une prédominance de la viticulture, une partie de la Haute Saintonge figure en Charente-Maritime parmi les plus exposée aux contaminations pesticides. Les fongicides y sont en hausse de 14 % et certaines substances considérées comme dangereuses explosent. C’est le cas du folpel, largement utilisé pour combattre les champignons, autorisé depuis 2007 et classé comme cancérogène possible pour l’homme par l’Union européenne, qui a été acheté en grande quantité en 2023. Le territoire est ainsi passé de 9 tonnes d’achats en 2022 à 14,3 tonnes en 2023, soit une hausse de 58 % !
6 « Un message politique inaudible » selon l’asso